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même travaille, tient ses sacs & ses papiers. On dit, une grande étude, une bonne étude, &c.

Etude, terme de Peinture. On a vû jusqu’à présent que presque tous les termes employés dans l’art de Peinture, ont deux significations ; & cela n’est pas étonnant. La langue d’une nation est formée avant que les Arts y soient arrivés à un certain degré de perfection. Ceux qui les premiers pratiquent ces Arts, commencent par se servir des mots dont la signification est générale ; mais à mesure que l’art se perfectionne, il crée sa langue, & adapte à des significations particulieres une partie des mots généraux ; enfin il en invente. C’est alors que plus les Arts sont méchaniques, plus ils ont besoin de termes nouveaux, & plus ils en créent ; parce que leur usage consiste dans une plus grande quantité d’idées qui leur sont particulieres. L’art poétique a peu de mots qui lui soient consacrés ; des idées générales peuvent exprimer ce qui constitue les ouvrages qu’il produit. La seule partie de cet art qu’on peut appeller méchanique, comprend la mesure des vers, & les formes différentes qu’on leur donne ; & celle-là seule aussi a des mots qui ne peuvent être en usage que pour elle, comme rime, sonnet, rondeau, &c. La Peinture en a davantage, parce que la partie méchanique en est plus étendue : cependant elle tient encore tellement aux idées universelles, que le nombre des mots qui lui sont propres est assez borné. Peut-être pourroit-on mettre la Musique au troisieme rang, &c. mais pour ne pas m’écarter de mon sujet, le mot étude, dans l’art dont il est question, signifie premierement l’exercice raisonné de toutes les partie, de l’art ; ensuite il signifie le résultat de cet exercice des differentes parties de la Peinture ; c’est-à-dire qu’on appelle études, les essais que le Peintre sait en exerçant son art.

Dans la premiere signification, ce mot comprend tout ce qui constitue l’art de la Peinture. Il faut que l’Artiste qui s’y destine, ou qui le professe, ne néglige l’étude d’aucune de ses parties ; & l’on pourroit, autorisé par la signification peu bornée de ce seul mot, former un traité complet de Peinture ; mais le projet de cet ouvrage, & l’ordre plus commode qu’on y garde, s’y opposent. Ainsi je renvoye le lecteur, pour le détail des connoissances qui doivent être un objet d’étude pour les Peintres. aux articles de Peinture répandus dans ce Dictionnaire : cependant pour que celui-ci ne renvoye pas totalement vuides ceux qui le consulteront, je dirai ce que l’on ne sauroit trop recommander à ceux qui se destinent aux Beaux-Arts, & sur-tout à la Peinture.

La plus parfaite étude est celle de la nature ; mais il faut qu’elle soit éclairée par de sages avis, ou par les lumieres d’une raison conséquente & réfléchie. La nature offre dans le physique & dans le moral les beautés & les défauts, les vertus & les vices. Il s’agit de fonder sur ce mêlange des principes qui décident le choix qu’on doit faire ; & l’on doit s’attacher à les rendre si solides, qu’ils ne laissent dans l’esprit de l’artiste éclairé, & dans le cœur de l’homme vertueux, aucune indécision sur la route qu’ils doivent tenir. Pour ce qui est de la seconde signification du mot étude, il est encore général à certains égards ; & si l’on appelle ainsi tous les essais que font les Peintres pour s’exercer, ils les distinguent cependant par d’autres noms : par exemple, s’ils s’exercent sur la figure entiere, ils nomment cet essai académie ; ainsi le mot étude est employé assez ordinairement pour les parties différentes dessinées ou peintes. On dit : une étude de tête, de mains, de piés, de draperie, de paysage ; & l’on nomme esquisse le projet d’un tableau, soit qu’il soit tracé, dessiné, ou peint : on appelle ébauche ce même projet dont l’exécution n’est que commencée, & généralement tout ouvra-

ge de Peinture qui n’est pas achevé. Cet article est de M. Watelet.

ETUDIANS en Droit, (Jurisprud.) sont ceux qui prennent les leçons d’un professeur, sur le Droit civil & le canonique, ou sur l’un de ces deux droits seulement.

Voyez Ecoles de droit, & aux mots Bachelier, Docteur en Droit, Droit, Faculté de Droit, Licentié, Professeur en Droit. (A)

ETUI, s. m. espece de boîte qui sert à mettre, à porter, & à conserver quelque chose. Il y a de grands étuis pour les chapeaux, les uns de bois & les autres de carton. Les étuis à cure-dens, à aiguilles & à épingles, sont de petits cylindres creuses en dedans, avec un couvercle, dans lesquels on enferme ces petits ustensiles de propreté ou de couture.

Il s’en fait d’or, d’argent, ou piqués de clous de ces deux métaux ; & d’autres encore de bois, d’yvoire, ou de carton couvert de cuir.

Les différentes especes d’étuis sont en si grand nombre, qu’il seroit impossible de les décrire toutes.

ETUVE, s. f. en Architecture, c’est la piece de l’appartement du bain échauffée par des poëles. Les anciens appelloient hypocaustes, les fourneaux soûterrains qui servoient à échauffer leurs bains. Voyez Bains.

Palladio parle de la coûtume que les anciens avoient d’échauffer leurs appartemens par des tuyaux non-apperçûs, qui partant d’un même foyer, passoient à-travers des murs, & portoient la chaleur dans les différentes pieces d’un bâtiment : on ne sçait trop si c’étoit un usage ordinaire chez eux, ou seulement une curiosité ; mais quelques auteurs prétendent que cette maniere de pratiquer les étuves étoit bien au-dessus de celle d’Allemagne, pour le profit & pour l’usage. (P)

Etuve d’Office, Voyez Office. (P)

Etuve, (Chapelier.) lieu fermé que l’on échauffe afin d’y faire sécher quelque chose.

Les Chapeliers font secher leurs chapeaux dans des étuves, à deux reprises différentes ; sçavoir, la premiere fois, après qu’ils ont été dressés & mis en forme en sortant de la foulerie ; & la seconde, après qu’ils les ont tirés de la teinture. Voyez Chapeau.

Etuve, en Confiserie, est un ustensile en forme de petit cabinet, où il y a, par étage, diverses tablettes de même fil d’archal, pour soûtenir ce qu’on y veut faire sécher. Voyez la Planche du Confiseur.

Etuve, en terme de Raffinerie en sucre, est une piece de fonte de trois piés de long sur deux de large, vuide sur une surface & par un bout : on la renverse, ce bout sans bords tourné du côté de la cheminée. Elle est scellée sur des grillons ou supports de fer, au-dessus des grillons où l’on fait le feu. Il y a plusieurs de ces étuves dans une raffinerie, destinées à communiquer de la chaleur dans les greniers où elle est nécessaire. Celle qui sert à échauffer l’étuve où l’on fait sécher les pains, est couverte de plusieurs lits de tole, pour rallentir la chaleur qui seroit excessive, seulement aux environs du foyer. Voyez Sucre & Raffinerie.

Etuve, s’entend encore, en terme de Raffineur de sucre, de l’endroit où l’on met étuver le sucre en pains ; c’est une espece de chambre à-peu-près quarrée, où il y a des solives d’étage en étage, à deux piés l’une de l’autre. Ces solives sont couvertes de lattes attachées par les deux bouts à la distance environ de quatre pouces : il n’y a que celles du milieu qui ne tiennent point sur les solives, parce qu’il est plus facile d’arranger les pains dans les coins de l’étuve. A mesure que l’on emplit les étages, on place, en venant des deux côtés, au milieu, où l’on laisse un espace vuide de sept à 8 pouces, qui sert à faire mon-