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* ERYNNIES, s. f. pl. (Mythol.) c’est ainsi que les Grecs appelloient les Furies. Elles avoient un temple dans Athenes. Ce temple des furies étoit voisin de l’Aréopage. Voyez Furies.

* ERYNNIS, s. ou adj. (Mythol.) Céres Erynnis ou Céres furieuse, fut ainsi appellée par les Siciliens, parce que ce fut dans une caverne de la Sicile qu’elle se retira & que Pan la découvrit, lorsque l’injure que Neptune lui fit, tandis qu’elle parcouroit le monde pour retrouver Proserpine sa fille, lui eut aliéné l’esprit. Céres séduite par Neptune alla se laver dans un fleuve, & se réfugia dans le fond d’un antre de la Sicile. Cependant la peste & la stérilité ravageoient la terre : les dieux inquiets du sort des hommes chercherent Céres ; mais ils ne l’auroient point trouvée si Pan ne l’eût apperçue en gardant ses troupeaux. Il en avertit Jupiter qui lui envoya les Parques qui la déterminerent à venir au secours des hommes. Il n’est pas difficile d’appercevoir à-travers les circonstances de cette fable, des vestiges d’allégorie, ni d’expliquer comment le voile de l’allégorie enveloppe à la longue les faits historiques : la tradition en se corrompant commence cet ouvrage, & la poésie l’acheve.

* ERYTHRÉ, adj. pris subst. (Mythol.) Hercule fut surnommé Erithré d’un temple qu’il avoit à Erythrès en Arcadie. Le dieu y étoit representé sous la forme d’un radeau. C’est ainsi, disoient les Erythréens, qu’il étoit venu de Tyr par mer. Le dieu radeau entre dans la mer Ionienne, s’arrête au promontoire de Junon, à moitié chemin d’Erythrès à Chio : les habitans de ces lieux employent pour l’amener à bord tous les moyens que la marine & la dévotion leur suggerent ; mais c’est inutilement : un aveugle d’Erythrée, qui se mêloit de pêche avant que de faire le métier de devin, annonce à ses concitoyens que le seul moyen de mouvoir le radeau, c’est de le tirer avec une corde filée des cheveux des femmes érythréennes ; les femmes d’Erythrée aiment mieux conserver leur chevelure que d’avoir un dieu de plus, & Hercule radeau restoit en mer, lorsque des Thraciennes nées lipres, mais esclaves dans Erythrée, plus pieuses que les Erythréennes, sacrifient la leur, & mettent les Erythréens en possession du dieu. On récompensa le zele de ces Thraciennes, en leur accordant le privilége exclusif d’entrer dans le temple d’Hercule. Pausanias dit qu’on montroit encore de son tems la corde de cheveux. Quant au pêcheur aveugle, il recouvra la vûe pour le reste de ses jours. Voyez Miracle.

* ERYTHRÉE ou ERYTHRÉENNE, adj. (Myth.) La sybille Erythrée est la premiere des quatre d’Elien, & la cinquiéme des dix de Varron. On dit qu’elle prédit aux Grecs qui partoient pour l’expédition de Troye, qu’ils prendroient cette ville, & qu’Homere feroit de leurs exploits la matiere d’un ouvrage plein de fables.

* ERYTHREUS, ou LE ROUGE, s. m. (Myth.) C’est un des chevaux du soleil.

ERYTHROIDE, adj. pris subst. (Anat.) est le nom que donnent les Anatomistes à la premiere des membranes propres qui environnent les testicules. Voyez Testicule.

Cette membrane est mêlée de fibres charnues qui viennent du muscle cremaster, & qui la font paroître rougeâtre. Voyez Elythroide.

C’est pour cette raison qu’elle porte le nom d’érithroïde, qui vient des mots grecs ἐρυθρὸς rouge, & εἶδος forme. (L)

ERZEROM, (Géog.) ville assez grande de la Turquie Asiatique, située sur l’Euphrate, & bâtie dans une plaine au pié d’une chaîne de montagnes, ce qui y rend les hyvers également longs & rudes. Elle est à cinq journées de la met Noire,

& à dix de la frontiere de Perse. On la regarde comme le passage & le reposoir de toutes les marchandises des Indes par la Turquie. M. de Tournefort en parle fort au long dans ses voyages, & ce qu’il en dit mérite d’être lu. Long. 6. 34. 15. lat. 39. 56. 35. suivant le P. de Beze. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
ES

ÈS, préposition qui n’est aujourd’hui on usage que dans quelques phrases consacrées, comme maître-ès-arts. Elle vient, selon quelques-uns du grec ἐς ou εἰς, in, en ; & selon d’autres, c’est un abrégé pour en les, à les, aux.

Robert Etienne dans sa grammaire, page 23, en parlant des articles, dit qu’il vaut mieux dire il est ès champs, que il est aux champs. Traité de la grammaire françoise, page 1569. Mais quelques années après l’usage changea. Nicot en 1606 dit qu’il est plus commun de dire, il loge aux forsbourgs, que ès forsbourgs.

Ès est aussi quelquefois une préposition inséparable qui entre dans la composition des mots ; elle vient de la préposition latine è ou ex, & elle a divers usages. Souvent elle perd l’s, & quelquefois elle le retient, esplanade, escalade, &c. sur quoi on ne peut donner d’autre regle que l’usage. (F)

ESCABEAU, ou ESCABELLE, s. m. (Menuis.) petit siége de bois, quarré, qui n’est ni couvert ni rembourré, qui n’a ni bras ni dossier, & dont on usoit autrefois dans les salles à manger au lieu de chaises. Ce mot est quelquefois sinonyme à marchepié.

ESCABLON, s. m. (Antiq.) espece de pié d’estal, ou de pierre, ou de marbre, ou de bois marbré, qui va en diminuant du haut en bas, qui peut avoir trois piés de hauteur, & sur lequel on place dans les cabinets & dans les galeries des bustes & autres morceaux semblables.

ESCACHE, s. f. (Manége.) Nous nous écarterons ici sans scrupule de la définition que nous trouvons du terme d’escache dans le dictionnaire de Trévoux. Tous les auteurs qui ont employé ce mot, l’ont appliqué indifféremment à toutes sortes d’embouchures, parce que toute embouchure a la puissance d’escacher en quelque façon la barre ; & comme les anciens ne connoissoient qu’une seule maniere d’assembler les branches au mors, les éperonniers modernes qui l’ont totalement abandonnée, ainsi que nous avons abandonné nous-mêmes le terme d’escache, pour désigner une embouchure, l’ont adapté mal à propos à cette ancienne monture. Elle étoit telle, qu’au lieu de la fonçûre & du chaperon, chaque extrémité du canon étoit prolongée en un assez long triangle, pour embrasser la broche du banquet & venir cacher sa pointe dans une mortaise au-dessus de l’appui du canon sur les barres. On comprend que les branches ne pouvoient point être aussi solidement fixées qu’elles le sont par les méthodes que nous avons préférées. Voyez Embouchure. (e)

ESCADRE, s. f. (Marine.) C’est un nombre de vaisseaux réunis ensemble sous le commandement d’un officier général, soit lieutenant général, soit chef d’escadre. Il faut au moins 4 ou 5 vaisseaux ensemble pour qu’on leur donne le nom d’escadre.

Lorsqu’une escadre est considérable, c’est-à-dire composée de quinze ou vingt vaisseaux, on la partage en plusieurs divisions & le plus ordinairement en trois ; chaque division a son commandant particulier aux ordres du commandant général.

Les armées navales sont partagées en France en trois escadres ; savoir, l’escadre blanche, l’escadre