Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/848

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux de l’avent, d’après l’épiphanie, d’après la pentecôte, ceux de la septuagésime, sexagésime, quinquagésime, trinité, &c. ils ont pour chacun de ces jours des collectes ou offices du matin, pour tenir lieu de la messe, qu’ils ont abolie, & dont ils ont proscrit jusqu’au nom. On y recite l’épître, l’évangile, quelques oraisons, le gloria in excelsis, le symbole, des préfaces propres à chaque solennité ; mais ils ont réformé le canon de la messe, & font leur office en langue vulgaire pour être entendus du peuple. La maniere dont ils administrent les sacremens est aussi marquée dans ce livre, & est peu différente de la nôtre : le ministre qui baptise, après avoir prononcé les paroles sacramentelles, je te baptise au nom du pere, &c. fait un signe de croix sur le front de l’enfant. L’évêque donne aussi la confirmation en imposant les mains sur la tête des enfans, & récitant quelques oraisons ausquelles il ajoûte sa bénédiction. Enfin on trouve dans cette liturgie la maniere d’ordonner les prêtres, les diacres, &c. la forme de bénir le mariage, de donner le viatique aux malades, & plusieurs autres cérémonies fort semblables à celles qu’on pratique dans l’église romaine : par exemple, ils reçoivent la communion à genoux ; mais ils ont déclaré qu’ils n’adoroient point l’Eucharistie, dans laquelle ils ne pensent pas que Jesus-Christ soit réellement présent : sur ce point, & sur presque tout ce qui concerne le dogme, ils conviennent avec les Calvinistes. Cette liturgie fut autorisée sous Edouard VI. la cinquieme ou sixieme année de son regne, par un acte du parlement, & confirmée de même sous Elisabeth. Les évêques, prêtres, diacres & autres ministres épiscopaux peuvent se marier, & la plûpart le sont. Leur église est dominante en Angleterre & en Irlande ; mais en Ecosse, où les Presbytériens & les Puritains sont les plus forts, on les regarde comme non conformistes : ceux-ci, à leur tour, ont le même nom en Angleterre ; on les y laisse joüir des mêmes priviléges que les Anglicans, & cela sans restriction : ils ne sont pas même assujettis au serment du test ; & lorsqu’on les met dans des emplois de confiance, on leur fait seulement prêter serment au gouvernement. Quant aux ministres épiscopaux, ils sont sujets à plusieurs lois pénales, sur-tout s’ils refusent de prêter les sermens du test & de suprématie. Voyez Test & Suprématie. (G)

EPISYNTHÉTIQUE, adj. (Medecine.) est le nom d’une secte de medecins ; il est tiré d’un verbe grec qui signifié entasser ou assembler, ἐπισυνθετικὴ αἵρεσις, secta supercompositiva.

Ceux qui formoient cette secte, tels que Léonides & ceux de son parti, prétendoient vraissemblablement joindre les maximes des Méthodiques avec celles des Empyriques & des Dogmatiques, & rassembler ou concilier ces diverses sectes les unes avec les autres.

C’est tout ce qu’on peut dire, n’ayant pas d’autres lumieres sur ce sujet : on ne sait pas même quand Léonides, qui est le medecin le plus connu de la secte épisynthétique, a vêcu, quoiqu’il soit probable que Soranus, le plus habile de tous les Méthodiques, l’a précédé de quelque tems. Voyez l’histoire de la Medecine de le Clerc, dont cet article est extrait. (d)

EPISODE, s. m. (Belles-Lettres.) se prend pour un incident, une histoire ou une action détachée, qu’un poëte ou un historien insere dans son ouvrage & lie à son action principale pour y jetter une plus grande diversité d’évenemens, quoiqu’à la rigueur on appelle épisode tous les incidens particuliers dont est composée une action ou une narration.

Dans la poésie dramatique des anciens on appelloit épisode la seconde partie de la tragédie. L’abbé

d’Aubignac & le P. le Bossu ont traité l’un & l’autre de l’origine & de l’usage des épisodes. La tragédie à sa naissance n’étant qu’un chœur, on imagina depuis, pour varier ce spectacle, de diviser les chants du chœur en plusieurs parties, & d’en occuper les intervalles par un récitatif qu’on confia d’abord à un seul acteur, ensuite à deux, & enfin à plusieurs, & qui étant comme étranger ou surajoûté au chœur, en prit le nom d’épisode.

De-là l’ancienne tragédie se trouva composée de quatre parties, savoir le prologue, l’épisode, l’exode, & le chœur : le prologue étoit tout ce qui précédoit l’entrée du chœur (voyez Prologue) : l’épisode tout ce qui étoit interposé entre les airs que le chœur chantoit : l’exode tout ce qu’on récitoit après que le chœur avoit fini de chanter pour la derniere fois ; & le chœur, tous les chants qu’exécutoit la partie des acteurs, qu’on nommoit proprement le chœur. Voyez Chœur & Exode.

Ce récit des acteurs étant distribué en différens endroits, on peut le considérer comme un seul épisode composé de plusieurs parties, à moins qu’on n’aime mieux donner à chacune de ces parties le nom d’épisode : en effet c’étoit quelquefois un même sujet divisé en différens récits, & quelquefois chaque récit contenoit son sujet particulier indépendant des autres. A ne considérer que la premiere institution de ces pieces surajoûtées, il ne paroît nullement nécessaire qu’on y ait observé l’unité du sujet, au contraire, trois ou quatre récits d’actions différentes, sans liaison entr’elles, paroissent avoir été également propres à soulager les acteurs, à divertir le peuple, & conformes à la grossiereté de l’art, qui n’étant encore qu’au berceau, auroit mal soûtenu la continuité d’une action, pour peu qu’il eût voulu lui donner d’étendue : difficulté qui a fait tolérer jusqu’ici les épisodes dans le poëme épique. Voyez Epopée.

Ce qui n’avoit été qu’un ornement dans la tragédie, en étant devenu la partie principale, on regarda la totalité des épisodes comme ne devant former qu’un seul corps, dont les parties fussent dépendantes les unes des autres. Les meilleurs poëtes conçurent leurs épisodes de la sorte, & les tirerent d’une même action ; pratique si généralement établie du tems d’Aristote, qu’il en a fait une regle, en sorte qu’on nommoit simplement tragédies, les pieces où l’unité de ces épisodes étoit observée, & tragédies épisodiques, celles où elle étoit négligée. Les épisodes étoient donc dans les drames des anciens, ce que nous appellons aujourd’hui actes dans une tragédie ou comédie. Voyez Episodique.

Episode, dans le même sens, est un incident, une partie de l’action principale. Toute la différence qu’Aristote met entre l’épisode tragique & l’épisode épique, c’est que celui-ci est plus susceptible d’étendue que le premier. Voyez Epique.

Ce philosophe employe le mot d’épisode en trois sens différens. Le premier est pris du dénombrement des parties de la tragédie, tel que nous l’avons rapporté ci-dessus ; d’où il s’ensuit que dans la tragédie ancienne l’épisode étoit tout ce qui ne composoit ni le prologue, ni l’exode, ni le chœur ; & comme ces trois dernieres parties n’entrent point dans la tragédie moderne, le terme d’épisode signifieroit en ce sens la tragédie toute entiere. De même l’épisode épique seroit le poëme tout entier, en en retranchant la proposition & l’invocation ; mais si les parties & les incidens dont le poëte compose son ouvrage sont mal liés les uns avec les autres, le poëme sera épisodique & défectueux : c’est-à-dire, pour éclaircir la pensée de l’auteur grec, que le terme épisode est équivalent à poëme ou à unité d’action. Mais ce n’est pas là proprement le sens que les modernes lui donnent.