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libres, & demeureront minces du côté où les vaisseaux sont obstrués. Toutes les fois qu’il arrive une pareille courbure contre nature, il en résulte presque infailliblement une autre, mais dans une direction opposée à la premiere, tant parce que les muscles du côté convexe de l’épine étant tiraillés, tirent avec plus de force les parties auxquelles leurs extrémités sont attachées, que parce que la personne incommodée fait ses efforts pour maintenir le centre de gravité de son corps dans une direction perpendiculaire à sa base.

Dès qu’on aura compris comment se forment ces courbures contre nature de l’épine, il sera plus aisé de faire un prognostic sur l’indisposition du malade, & d’imaginer la méthode propre à y remédier : mais une indication générale que le chirurgien doit suivre, c’est d’affoiblir la puissance courbante, en augmentant la compression sur la partie convexe de la courbure, & la diminuant sur la partie concave. Or la maniere de pratiquer cette méthode varie suivant la différence des cas, & demande qu’on fasse une attention particuliere aux diverses causes du déjettement de l’épine. Voyez Gibbosité. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Epine, s. f. en Anatomie, se dit de certaines éminences qui ont à-peu-près la figure d’une épine.

L’épine occipitale, voyez Occipital.

L’épine des os des isles, voyez Iléon.

L’épine nasale, voyez Maxillaire.

L’épine frontale ou coronale, voyez Coronale.

Epine, (Manége, Maréchall.) Faire tirer l’épine. pratique non moins digne de la sagacité de la plûpart des maréchaux, que celle de faire nager à sec dans la circonstance d’un écart. Quelques-uns d’entr’eux s’y livrent encore aujourd’hui dans le cas d’une luxation arrivée dans une des extrémités de l’animal : ils mettent un entravon à l’extrémité affectée, & ils le fixent au-dessous de la partie luxée ; ils passent ensuite une longe dans l’anneau de ce même entravon, l’y arrêtent par un bout, & attachent l’autre à un arbre quelconque : après quoi il assomment le cheval à coups de foüet, & l’obligent de fuir en avant, de maniere que l’extrémité malade, prise & retenue dans cette fuite précipitée, essuie une extension qui favorise, selon eux, la rentrée de l’os déplacé dans son lieu.

C’en est assez ; & que pourrois-je dire de plus ? Voyez Luxation, Fracture. (c)

EPINETTE, s. f. (Lutherie.) sorte de petit clavecin. Il y en a de forme parallélogramme ; & d’autres, qu’on appelle à l’italienne, ont à-peu-près la figure du clavecin : il y en a qui sonnent l’octave, d’autres la quarte ou la quinte au-dessus du clavecin ; du reste c’est la même facture & la même méchanique. Voyez Clavecin, & la fig. 6. Pl. XVI. de la Lutherie. Les épinettes n’ont qu’une seule corde sur chaque touche, & qu’un seul rang de sautereaux.

Epinette (Fête de l’), Hist. de Flandres, la plus célebre des fêtes des Pays-Bas, dont la mémoire est presque effacée, quoique cette fête fût encore dans toute sa splendeur au milieu du xve siecle. On a une liste des rois de cette fête pendant 200 ans, c’est-à-dire depuis 1283 jusqu’à 1483. Le P. Jean Buzelin l’a donnée dans sa Gallo-Flandria.

Les peuples de Flandres & des Pays-Bas ont toûjours aimé les jeux & les spectacles ; ce goût s’y conserve même encore dans ce qu’ils appellent triomphes, dans leurs processions & dans leurs autres cérémonies publiques : c’est une suite de l’oisiveté & du manque de commerce.

Dans les xiij. & xjv. siecles, chaque ville de ces pays-là avoit des fêtes, des combats, des tournois ; Bruges avoit sa fête du Forestier, Valenciennes celle du prince de Plaisance, Cambray celle du roi des Ri-

bauds, Bouchain celle du prévôt des Etourdis : dans beaucoup de lieux on célébroit celle de Behourt. A ces différentes fêtes accouroient non-seulement les villes voisines, mais plusieurs grands seigneurs des pays éloignés : Lille en particulier attiroit, par la magnificence de la fête de l’épinette & par les divertissemens qui s’y donnoient, un concours extraordinaire de monde.

La fête de l’épinette avoit son roi, que l’on élisoit tous les ans le jour du mardi-gras : on élisoit en même tems deux joûteurs pour l’accompagner. Les jours précedens & le reste de la semaine se passoient en festins & en bals.

Le dimanche des brandons, ou premier dimanche de carême, le roi se rendoit en grande pompe au lieu destiné pour le combat ; les combattans y joûtoient à la lance : le prix du victorieux étoit un épervier d’or. Les quatre jour suivans, le roi, avec ses deux joûteurs & le chevalier victorieux, étoient obligés de se trouver au lieu du combat, pour rompre des lances contre tous ceux qui se présentoient. Jean duc de Bourgogne honora cette fête de sa présence en 1416 ; le duc Philippe le Bon s’y trouva avec le roi Louis XI. en 1464.

L’excessive dépense à laquelle cette qualité de roi engageoit, la ruine de plusieurs familles qu’elle avoit occasionnée, le refus que firent quelques habitans de Lille d’accepter cet honneur prétendu, & l’obligation où la ville s’étoit trouvée de faire elle-même ces dépenses ; enfin l’indécence que quelques personnes trouvoient à voir toutes ces réjoüissances, ces divertissemens & ces bals, dans les deux premieres semaines de carême, obligerent Charles duc de Bourgogne à suspendre cette fête depuis 1470 jusqu’en 1475. Elle se rétablit en partie, mais aux dépens des fonds publics, jusqu’en 1516 : Charles V. en interrompit l’exercice pendant presque tout le cours de son regne, par lettres données en 1528 & en 1538. Enfin Philippe II. la supprima entierement en 1556 : il ne s’en est conservé pour mémoire que le nom de l’épinette, que l’on donne à un des bas-officiers du magistrat ou de la maison de ville de Lille, qui représente en quelque façon le hérault par qui les rois de l’épinette avoient droit de se faire précéder.

Plusieurs historiens ont parlé de cette fête, entr’autres l’auteur d’une petite histoire de Lille, imprimée en 1730. On ignore son instituteur, de même que l’origine de son nom, qui vient peut-être de ce que l’on donnoit au roi de l’épinette une petite épine pour marque de sa dignité, & qu’il alloit tous les ans en pompe honorer la sainte épine, que les Dominicains de Lille prétendent posséder dans leur église. Il mangeoit chez ces peres avec ses chevaliers le dimanche des Rameaux, & y assistoit à tous les offices de la semaine-sainte. Hist. de l’Acad. des belles-Lettres.

C’est de cette maniere qu’on associoit alors la dévotion aux spectacles profanes, aux festins, aux joûtes, aux tournois, aux combats particuliers. Il y avoit aussi dans les mêmes siecles d’autres fêtes plaisantes, telle qu’étoit celle de Bourgogne, nommée la compagnie des fous. Voyez Mere-folle. Enfin on célébroit même encore de la façon la plus scandaleuse dans les églises de la partie septentrionale & méridionale de l’Europe, en Flandres, en France & en Espagne, la fameuse fête des fous, si connue par son indécence & son extravagance. Voyez Fête des fous. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPINEUX, euse, adj. en Anatomie, se dit de différentes parties.

Ainsi on dit, les apophyses épineuses, le trou épineux de l’os sphénoïde, voyez Sphénoïde.

On dit, le trou épineux, ou trou borgne du coronal, voyez Coronal.