Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/836

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans pepin. Mais cette variété n’est pas constante : il n’est guere possible de la perpétuer par la transplantation des rejettons de l’arbrisseau dont le fruit est sans pepin ; parce que ces rejettons acquérant par ce déplacement de nouvelles forces, ils font des plants vigoureux, qui perfectionnent leur fruit & produisent des semences : quoiqu’il puisse encore arriver que ces rejettons transplantés donnent pendant un tems des fruits sans pepin, relativement au degré de culture & à la qualité du terrein. Ceci s’accorde avec l’observation que l’on a faite, que c’est sur les plus vieilles tiges de l’arbrisseau que l’on trouve des fruits sans pepin, & que c’est tout le contraire sur les jeunes rejettons qui sont sur le même pié.

3. L’épine-vinette à fruit blanc ; c’est une variété qui est fort rare, & qui ne differe de l’espece commune que par la couleur du fruit.

4. L’épine-vinette de Canada. Cet arbrisseau, qui se trouve dans la plûpart des pays septentrionaux de l’Amérique, est aussi robuste & s’éleve à la même hauteur que l’espece commune, dont il differe surtout par sa feuille qui est plus grande, & dont l’arbrisseau n’est pas si garni.

5. L’épine-vinette de Candie. Cet arbrisseau est si rare, que n’étant point encore connu en France, il faut s’en tenir à la description qui en a été faite par Bellus medecin de l’île de Candie, & qui a été donnée par J. Bauhin. « Il s’éleve à six ou sept piés ; il est hérissé d’une grande quantité d’épines qui ont trois pointes, comme celles de l’espece commune. Sa feuille est petite, legerement dentelée, & d’une forme approchante de celle du buis. Il donne beaucoup de fleurs jaunes, ressemblantes à celles du palivre, mais plus petites. Le fruit qui en provient contient une ou deux graines ; il est cylindrique comme celui de l’épine-vinette commune, mais il ne vient point en grappe ; il est de couleur noire, & il rend au goût un mêlange d’acide & de douceur. L’écorce du bois de cet arbrisseau loin d’être lisse, comme dans l’espece commune, est raboteuse & d’une couleur grisâtre. Son bois est jaune, ainsi que sa racine, dont on peut faire la plus belle teinture ».

6. L’épine-vinette du Levant. Cet arbrisseau qui a été découvert par Tournefort, dans son voyage au Levant, est aussi rare & aussi peu connu que le précédent. Tout ce que l’on en sait, c’est qu’il fait un plus grand arbrisseau que ceux dont on vient de parler, & qu’il produit un fruit noir très-agréable au goût. (c)

Epine-vinette, berberis, (Pharm. & Mat. méd.) Il n’y a que les fruits de cet arbrisseau qui soient usités en Pharmacie ; on en exprime le suc, dont on fait le sirop & le rob ; on nettoye les pepins, & on les fait sécher, pour s’en servir dans différentes compositions ; comme le suc exprimé entre aussi dans plusieurs préparations, on en conserve sous l’huile. On trouve chez les Confiseurs les grains d’épine-vinette confits avec le sucre, aussi-bien que la gelée des mêmes fruits.

Le suc de berberis étoit un des menstrues que les Chimistes cmployoient pour faire ce qu’ils appelloient teinture de corail, de perle, &c.

Sîmon Pauli préparoit un sel essentiel d’épine-vinette, qu’il appelloit tartre de berberis. Il prenoit deux livres de suc de ces fruits bien dépuré ; il y ajoûtoit deux onces de suc de citron, il faisoit évaporer à un petit feu jusqu’à ce que la liqueur fût réduite à moitié, & il la mettoit dans un endroit frais ; au bout de quelques jours, il la retiroit du vase, dont le fond se trouvoit couvert de quantité de crystaux ; il faisoit évaporer derechef le suc qui lui avoit fourni ces crystaux, & il en retiroit des nouveaux, &c.

Le suc d’épine-vinette occupe dans la classe des

corps muqueux, l’extrème marqué par l’excès d’acide, avec le citron & les groseilles, auxquels il peut être substitué, & qui sont réciproquement ses succédanés propres. Voyez Muqueux & Citron.

La gelée, le rob, le sirop de berberis, sont des analeptiques rafraîchissans, qui ont toutes les propriétés des doux-aigrelets. Voyez Doux, Acide, Citron, Limonade.

Le suc de berberis entre dans le sirop magistral astringent ; ses pepins dans la poudre astringente, dans l’électuaire de psyllium, de diaprun, la confection hyacinthe, le diascordium, &c. (b)

Epine du Dos, (Anat.) colonne osseuse, composée de vingt-quatre pieces mobiles appellées vertebres, appuyées sur l’os sacrum. Le nom d’épine lui a été donné, parce qu’elle est munie à sa partie postérieure de plusieurs apophyses pointues en forme d’épines. Elle ressemble un peu à deux pyramides inégales, dont les bases font communes ou jointes ensemble : cependant l’épine, au lieu d’être droite, a quatre ou cinq courbures considérables ; mais nonobstant ces courbures, il se rencontre toûjours que son centre de gravité qui soûtient un grand poids, tombe sur le milieu de la base commune. Entrons dans un plus grand détail, dont nous tirerons les conséquences.

L’épine est articulée avec la tête, & prend depuis l’apophyse condyloïde de l’os occipital, jusqu’à l’extrémité du coccyx.

Comme le crane est composé de différentes pieces osseuses, qui contiennent, conservent, & défendent le cerveau, de même l’épine forme un canal osseux, qui contient, conserve, & défend des injures extérieures la moëlle spinale, qui est une continuité du cerveau dans toute la longue route qu’elle parcourt.

Cette colonne est le principal appui de la tête, des bras, & de la poitrine. Sa composition est formée de plusieurs pieces osseuses, articulées ensemble par des cartilages & des ligamens, qui lui donnent la facilité d’obéir aux mouvemens du corps. Ces pieces osseuses s’appellent vertebres, du verbe latin vertere, qui signifie tourner ; parce que le corps se tourne diversement par leur moyen. Voyez Vertebre.

Les plus grandes & les plus massives de ces vertebres constituent la base de l’épine du dos ; ce qui fait qu’elle est plus solidement appuyée & mieux soûtenue.

Les vertebres en montant perdent insensiblement quelque chose de leur volume ; de sorte que l’épine considérée dans sa totalité de bas en-haut, finit en maniere de pyramide. C’est à l’égard de cette figure pyramidale, que M. Winslow a remarqué que toute l’épine étant vûe de front & par-devant, la largeur de ce corps n’augmente d’abord que depuis la deuxieme vertebre du cou jusqu’a la septieme ; ensuite elle diminue de plus en plus jusqu’à la quatrieme ou cinquieme vertebre du dos ; de-là elle recommence son augmentation de suite jusqu’à l’os sacrum : cette disposition est ordinairement constante par rapport aux visceres du bas-ventre.

Ainsi lorsqu’on regarde l’épine par sa partie antérieure ou postérieure, elle paroît droite ; quand, au contraire, on la considere par une de ses parties latérales, on reconnoît qu’elle se jette tantôt en-dedans, tantôt en-dehors : mais il est impossible d’imiter cette figure en montant un squelette ; il la faut observer dans un cadavre, après avoir emporté les parties qui empêchent de s’en bien éclaircir.

Toute cette suite de pieces osseuses posées les unes sur les autres, & qui contiennent l’épine, se divise en vraies & en fausses vertebres : les vraies vertebres sont les vingt-quatre os supérieurs de l’épine,