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Suivant Plutarque, la création de cette suprème magistrature est dûe à Théopompe, roi de Sparte. Ce prince, dit cet historien, trouvant lui-même la puissance des rois & du sénat trop considérable, y opposa pour frein l’autorité des éphores, environ 130 ans après Lycurgue. Il ajoûte, que la femme de Théopompe lui reprochant que par cet établissement il laisseroit à ses enfans la royauté beaucoup moindre qu’il ne l’avoit reçûe ; Théopompe lui répondit admirablement : « Au contraire, je la leur laisserai plus grande, d’autant qu’elle sera plus durable ». Ce qui est certain, c’est que cet établissement contribua long-tems à maintenir la royauté & le sénat, dans les justes bornes de la douceur & de la modération.

Ces bornes sont nécessaires au maintien de toute aristocratie ; mais sur-tout dans l’aristocratie de Lacédémone, à la tête de laquelle se trouvoient deux rois qui étoient comme les chefs du sénat, on avoit besoin de moyens efficaces pour que les sénateurs rendissent justice au peuple. Il falloit donc qu’il y eût des tribuns, des magistrats, qui parlassent pour ce peuple, & qui pussent dans certaines circonstances mortifier l’orgueil de la domination ; il falloit sapper les lois qui favorisent les distinctions que la vanité met entre les familles, sous prétexte qu’elles sont plus nobles ou plus anciennes : distinctions qu’on doit mettre au rang des petitesses des particuliers. Mais d’un autre côté, comme la nature du peuple est d’agir par passion, il falloit des gens qui pussent le modérer & le réprimer ; il falloit par conséquent la subordination extrème des citoyens aux magistrats qu’ils avoient une fois nommés. Voilà ce qu’opéra l’institution des éphores, propre à conserver une heureuse harmonie dans tous les ordres de l’état. On voit dans l’histoire de Lacédémone comment, pour le bien de la république, ils surent, dans plusieurs conjonctures, mortifier les foiblesses des rois, celles des grands, & celles du peuple.

Elien nous raconte aussi des traits de leur sagesse : dans la chaleur des factions quelques Clazoméniens ayant un jour répandu de l’ordure sur les siéges des éphores, ces magistrats se contenterent pour les punir de faire publier par toute la ville de Sparte, que de telles sotises seroient permises aux Clazoméniens.

L’unique remede qu’on trouva pour détruire leur pouvoir, fut de tâcher de les brouiller les uns avec les autres, & cela réussit quelquefois. Pausanias, par exemple, pratiqua adroitement ce stratagème, lorsque jaloux des victoires de Lysander, il gagna trois des éphores pour se faire donner la commission de continuer la guerre aux Athéniens. Mais le roi Cléomene III. du nom prit un parti plus infame ; il excita des troubles dans sa patrie, fit égorger les éphores, partagea les terres, donna l’abolition des dettes, & le droit de bourgeoisie aux étrangers, comme Agis l’avoit proposé. Cependant il paroît par des passages de Polybe, de Josephe, & de Philostrate, que les éphores furent rétablis après la mort de Cléomene ; les Spartiates ne connoissant aucun inconvénient comparable aux avantages d’une magistrature faite pour empêcher que ni l’autorité royale & aristocratique ne penchassent vers la dureté & la tyrannie, ni la liberté populaire vers la licence & la révolte. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

* EPHYDRIADES, s. f. pl. (Myth.) nymphes qu’on appelle quelquefois aussi Hydriades. Elles présidoient aux eaux, comme l’indique assez clairement leur nom qu’on a fait du mot grec, eau, ὕδωρ.

EPI, s. m. (Bot.) c’est dans une plante l’endroit où se forme le fruit ou la fleur, quand elle est montée. Il y a beaucoup de plantes à épi.

Epi d’eau, potamogeton, (Hist. nat. bot.) genre

de plante à fleur faite en forme de croix, composée de quatre pétales sans calice. Le pistil produit quatre semences, qui sont ordinairement oblongues & rassemblées en grouppe. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Epi de la Vierge, spica Virginis, (Astronom.) est une étoile de la premiere grandeur, qui est dans la constellation de la Vierge. Voyez Vierge.

On trouvera aux mots Ascension, Déclinaison, Longitude, Latitude, &c. la position de cette étoile. (O)

Epis, (Hydraul.) sont les bouts ou extrémités d’une digue construite en maçonnerie, ou avec des coffres de charpente remplis de pierres. (K)

Epis de Fascinage, (Hydraul.) sont des extrémités d’une digue, construite d’un tissu de fascinage piqueté, tuné, & garni d’une couche de gravier ; on les place sur les bords d’une riviere, pour contraindre le courant d’aller d’un certain côté pour soûtenir les eaux, & pour empêcher les dégradations des rivieres. (K)

Epi ou Mollette, termes synonymes, (Man. & Maréch.) L’épi est, selon quelques personnes, un assemblage de poils frisés, qui placés sur un poil couché & abattu, forme une marque approchante de la figure d’un épi de blé. Je préférerois l’idée de ceux qui ne l’envisagent que comme un retour ou un rebroussement du poil, provenant de la configuration des pores.

On peut diviser les épis en ordinaires & en extraordinaires.

Les épis ordinaires seront ceux qui se trouvent indistinctement & indifféremment sur tous les chevaux ; tandis que nous entendons par épis extraordinaires, ceux qui ne se rencontrent que sur quelques-uns d’eux.

Il n’est pas étonnant que dans des tems de ténenebres & d’obscurité, la superstition ait pû ériger en maximes tout ce qu’elle suggere ordinairement à des esprits foibles & crédules ; mais il est singulier que dans un siecle aussi éclairé que le nôtre, on puisse croire encore que les épis placés aux endroits que le cheval peut voir en pliant le cou, doivent dépriser l’animal, & sont incontestablement d’un très-sinistre présage. On ne peut persévérer dans de semblables erreurs, qu’autant que l’on persévere dans son ignorance, & peut-être cette preuve n’est-elle pas la seule de notre constance à fuir toute lumiere. (e)

Epi, en termes de Boutonnier, c’est un ornement de bouillon d’or ou d’argent, formant deux rangs séparés & plusieurs de travers, parfaitement vis-à-vis l’un de l’autre. Chacun de ces derniers est plus élevé à son extrémité extérieure, qu’à celle qui aboutit à la rainure, & ils semblent monter le long d’elle comme la maille monte le long de la tige d’un épi de blé : ressemblance qui a donné le nom d’épi à cet ornement.

EPIALE, adj. (Med.) on donne cette épithete à une fievre quotidienne continue, dans laquelle on a une chaleur répandue par tout le corps, & en même tems des frissons vagues & irréguliers. Voyez l’article Fievre.

EPIAN, s. m. terme de Voyageurs, nom que les naturels de l’île de Saint-Domingue donnent à cette maladie chez eux endémique, qui parut pour la premiere fois l’an 1494 en Europe, où elle fut appellée par les François le mal de Naples, & par les Italiens le mal françois ; les uns & les autres ignorant son origine mexiquaine. Tout le monde connoît aujourd’hui l’épian sous le terme générique de maladie vénérienne, ou sous celui de vérole. Voyez Vérole. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPIBATERION, s. m. (Belles-Lettr.) mot purement grec, qui signifie une espece de composition poé-