Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/686

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’éneorême, par rapport à ses différences de consistance & de couleur, voyez Urine. (d)

ENEOSTIS, (Hist. nat.) pierres qui ressemblent à des os pétrifiés. Boëce de Boot les regarde comme une espece de la pierre nommée ossifragus lapis. Voy. Boëtius de Boot, de lapidib &c. Il y en a qui sont d’une grandeur extraordinaire, & qu’on croit avoir appartenu à des éléphans dont les os ont été pétrifiés sous terre. (—)

ENERGETIQUES, s. m. pl. terme dont on s’est servi quelquefois dans la Physique. On a appellé corps ou particules énergétiques, les corps ou particules qui paroissent avoir, pour ainsi dire, une force & une énergie innée, & qui produisent des effets différens, selon les différens mouvemens qu’elles ont ; ainsi, dit-on, on peut appeller les particules du feu & de la poudre à canon, des corpuscules énergétiques. Au reste ce mot n’est plus en usage. (O)

ENERGIE, FORCE, synon. (Gramm.) Nous ne considérerons ici ces mots qu’en tant qu’ils s’appliquent au discours ; car dans d’autres cas leur différence saute aux yeux. Il semble qu’énergie dit encore plus que force ; & qu’énergie s’applique principalement aux discours qui peignent, & au caractere du style. On peut dire d’un orateur qu’il joint la force du raisonnement à l’énergie des expressions. On dit aussi une peinture énergique, & des images fortes. (O)

ENERGIQUES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom qu’on a donné dans le xvj. siecle à quelques sacramentaires, disciples de Calvin & de Melanchton, qui soûtenoient que l’Eucharistie n’étoit que l’énergie, c’est-à-dire la vertu de Jesus-Christ, & ne contenoit pas réellement son corps & son sang. Voyez Calvinisme. (G)

ENERGUMENE, subst. m. terme usité parmi les Théologiens & les Scholastiques, pour signifier une personne possédée du démon, ou tourmentée par le malin esprit. Voyez Démon.

Papias prétend que les énergumenes sont ceux qui contrefont les actions du diable, & qui operent des choses surprenantes qu’on croit surnaturelles. Il ne paroît pas fort persuadé de leur existence ; mais l’Église l’admet, puisqu’elle les exorcise. Le concile d’Orange les exclut de la prêtrise, ou les prive des fonctions de cet ordre, quand la possession est postérieure à leur ordination. Chambers. (G)

ENERVATION, s. f. terme dont on se sert en Anatomie pour exprimer les tendons qui se remarquent dans les différentes parties des muscles droits du bas-ventre. Voyez Droit.

Les fibres des muscles droits de l’abdomen ne vont pas d’une extrémité de ce muscle à l’autre, mais elles sont entre-coupées par des endroits nerveux que les anciens ont appellés énervations, quoiqu’ils soient de véritables tendons. Voyez Tendon.

Leur nombre n’est pas toûjours le même, puisque les uns en ont trois, d’autres quatre, &c. (L)

Enervation, enervatio, est plus un terme de Medecine que de l’usage ordinaire ; il signifie à-peu-près la même chose que débilitation, affoiblissement. On employe en françois le verbe énerver plus communément que son substantif, pour exprimer les effets de la débauche du vin, des femmes, qui rend les hommes qui s’y adonnent, foibles, débiles, énervés. Voyez Débilité, Foiblesse.

Le mot énervation est composé de nerf, nervus, & de e privatif. Nerf est là pris dans le sens du vulgaire, qui appelle de ce nom les tendons & les muscles même ; ainsi on dit d’un homme musculeux qu’il est nerveux : on dit par conséquent d’un homme nerveux, qu’il est fort, vigoureux ; & au contraire d’un homme exténué, usé, qu’il est énervé, sur-tout quand l’affoiblissement provient des excès mentionnés.

Enervation, dans cette signification, est donc ce

que les Grecs appellent ἔκλυσις, virium prostratio. C’est un abattement de forces, une langueur dans l’exercice des fonctions. On restraint même quelquefois encore plus le sens du mot énerver, pour exprimer l’action d’affoiblir, qu’opere une trop grande & trop fréquente répétition de l’acte vénérien, ou de l’effusion de la liqueur séminale, excitée par quelque moyen que ce soit ; & on se sert du mot énervé, pour indiquer celui qui est affoibli par ces causes : ainsi on dit d’une femme voluptueuse qui a un commerce assidu de galanterie, & qui excite son amant à des excès fréquens, qu’elle énerve cet homme. On dit aussi de bien des jeunes gens qu’ils s’énervent par la mastupration, lorsqu’ils se livrent avec excès à ce pernicieux exercice. Voyez Semence, Mastrupration. (d)

ENERVER, v. act. (Man. Maréchall.) opération pratiquée dans l’intention de diminuer le volume de l’extrémité inférieure de la tête du cheval, & dans le dessein de remédier à l’imperfection de ses yeux.

Il n’est question que de le priver à cet effet d’une partie que la nature ne lui a pas sans doute accordée en vain, mais que les Maréchaux extirpent malgré l’utilité dont elle peut lui être.

Cette partie n’est autre chose que les muscles releveurs de la levre antérieure. Leur attache fixe est au-dessous de l’orbite, dans l’endroit où se joignent l’os angulaire, l’os maxillaire, & l’os zigomatique. De-là ils descendent le long des naseaux. & dès la partie moyenne ils se changent chacun en un tendon qui à son extrémité s’unit avec celui du côté opposé, en formant une espece d’aponévrose qui se termine dans le milieu de la levre. Ils different de tous les autres muscles destinés à mouvoir ces portions de la bouche. en ce qu’ils composent un corps rond qui n’est point cutané, & qui n’a aucune adhérence à la peau.

Quoi qu’il en soit, on ouvre les tégumens dès l’origine de chaque tendon, on les soûleve ensuite avec la corne de chamois ; après quoi on les insere l’un & l’autre dans un morceau de bois fendu, ou dans un instrument de fer imaginé pour cet usage. On pratique de plus d’autres ouvertures un peu au-dessus de leur réunion : là on incise ; & en tournant les deux bâtons, ou l’instrument dans lequel ils sont pris & arrêtés, on attire en-dehors la portion coupée, & on les coupe de même dans le haut. Quelques maréchaux font d’abord leur incision en-haut, & les retirent par les ouvertures inférieures.

Je tenterois vainement de vanter ici l’étendue du génie & des lumieres de ceux qui ont eu la premiere idée de cette opération ; & je crois que le détail que j’en ai fait prouveroit plûtôt au contraire que l’ignorance seule ose tout, & que les chevaux ne doivent point être compris dans la cathégorie des animaux, qu’un homme d’esprit de ce siecle félicitoit de n’avoir point de medecin. (e)

ENFAITER, v. act. en Architecture ; c’est couvrir de plomb le faîte des combles d’ardoise ; ou arrêter des tuiles faîtieres avec des arrêtes, sur ceux qui ne sont couverts que de tuile. (P)

ENFAITEMENT, s. m. terme de Plombier ; ce sont des morceaux de plomb de différentes figures & garnis de divers ornemens, que les Plombiers placent sur les couvertures d’ardoises, pour en garnir les faîtes. Les enfaîtemens contiennent plusieurs pieces, comme des brifiers, des bourseaux, des membrons, des bavettes, des amusures, & autres.

ENFANCE, s. f. (Medecine.) C’est la premiere partie de la vie humaine, selon la division que l’on en fait en différens âges, eu égard à ce qu’elle peut durer naturellement ; ainsi on appelle enfance l’espace de tems qui s’écoule depuis la naissance jusqu’à ce que l’homme soit parvenu à avoir l’usage de la