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réception, sont les présidens, thrésoriers, avocats & procureurs du roi des bureaux des finances, les grands-maîtres des eaux & forêts, leurs contrôleurs généraux & particuliers, tous les thrésoriers & payeurs des deniers royaux & leurs contrôleurs, & plusieurs autres officiers de finance dont on trouve l’énumération dans le tarif ; il leur est aussi dû un droit pour la présentation des premiers comptes, lors de la réception d’iceux, pour l’enregistrement des commissions, & pour la présentation du compte d’icelle, & pour l’enregistrement du bail de chaque ferme particuliere.

Par les anciens comptes du domaine, on voit que les officiers de l’empire avoient droit de prendre tous les ans 200 liv. sur le domaine ; mais ils ne joüissent plus de ce droit.

On voit aussi par les anciens registres & mémoriaux de la chambre, que les privileges de l’empire ne cédoient en rien à ceux de la basoche.

Les reglemens de l’empire contiennent beaucoup de dispositions pour l’administration des finances de l’empire, & les comptes qui en doivent être rendus. Les contestations qui peuvent s’élever au sujet de ces comptes entre personnes qui ne sont pas sujets de l’empire, doivent être portées en la chambre, suivant un arrêt par elle rendu le 4 Septembre 1719, & un jugement des commissaires du conseil du 5 Septembre 1722.

Il est défendu par les reglemens de l’empire à tous les clercs de procureurs de la chambre, de porter l’épée ; & au cas qu’ils fussent trouvés en épée dans l’enclos de la chambre, ils sont condamnés en 32 s. d’amende pour la premiere fois, & à 3 liv. 4 s. pour la seconde, même à plus grande peine s’il y échet.

On fait tous les ans dans la chambre de l’empire la lecture des derniers reglemens, la veille de S. Charlemagne ou quelqu’un des jours suivans, en présence de tous les clercs & suppôts de l’empire.

Les officiers de l’empire & tous les sujets & suppôts célebrent tous les ans dans la sainte chapelle basse du palais, la fête de l’empire le 28 Janvier jour de la mort de S. Charlemagne. Ce patron leur a sans doute paru plus convenable à l’empire, parce qu’il étoit empereur. On prétend que le jour de cette fête, l’empereur de Galilée avoit droit de faire placer deux canons dans la cour du palais, & de les faire tirer plusieurs fois ; mais on ne trouve point de preuve de ce fait.

Voyez Chancelier de Galilée, & au mot Comptes, l’article chambre des comptes. Voyez aussi le mémoire historique que je donnai sur cet empire en 1739, & qui fut inseré au Mercure de Décembre ; l’observation faite à ce sujet par M. l’abbé le Beuf, inserée au Mercure de Mars 1740, & la réponse que je fis à cette observation. Merc. de Mai 1741. (A)

EMPIRÉE, Voyez Empyrée.

EMPIRER, v. neut. devenir pire, être en plus mauvais état. On dit en terme de Commerce que des marchandises empirent quand elles se gâtent & se corrompent, ce qui provient quelquefois de ce qu’on les garde trop long-tems : il est de l’habileté d’un marchand de s’en défaire avant qu’elles empirent. Dict. du Comm. de Trev. & Chambers. (G)

EMPIRIQUE, s. m. & adj. (Medec.) Ce terme dans le sens propre, a été donné de tout tems aux medecins qui se sont fait des regles de leur profession sur leur pratique, leur expérience, & non point sur la recherche des causes naturelles, l’étude des bons ouvrages, & la théorie de l’art. Voyez Empirique (Secte), & Empirisme.

Mais le mot empirique se prend odieusement dans un sens figuré, pour désigner un charlatan, & se donne à tous ceux qui traitent les maladies par de

prétendus secrets, sans avoir aucune connoissance de la medecine. Voyez Charlatan.

Empirique, secte (Med.) Cette célebre secte qui fit autrefois une grande révolution dans la Medecine, commença environ 287 ans avant la naissance de J. C. Celse nous apprend que Sérapion d’Alexandrie fut le premier qui s’avisa de soûtenir qu’il est nuisible de raisonner en Medecine, & qu’il falloit s’en tenir à l’expérience ; qu’il défendit ce sentiment avec chaleur, & que d’autres l’ayant embrassé, il se trouva chef de cette secte.

Quelques-uns racontent la même chose de Philinus de Cos, disciple d’Hérophile. D’autres ont aussi prétendu qu’Acron d’Agrigente étoit fondateur de cette secte ; & les empiriques jaloux de l’emporter par l’antiquité sur les dogmatiques dont Hippocrate fut le chef, appuyoient cette derniere opinion.

Pour éclaircir le fait, il faut distinguer entre les anciens medecins empiriques, ceux qui exercerent la medecine, depuis qu’Esculape l’avoit réduite en art, jusqu’au tems de son union avec la philosophie. On peut regarder ces premiers medecins comme les premiers empiriques : mais il y a cette différence entr’eux & les disciples de Sérapion ou de Philinus, qu’ils étoient empiriques sans en porter le titre, & qu’ils pouvoient d’autant moins passer pour sectaires, qu’il n’y avoit alors qu’une opinion ; au lieu que les empiriques qui leur succéderent, choisirent eux-mêmes ce titre, & se séparerent des dogmatiques : enfin l’empirisme des premiers étoit purement naturel ; c’étoit au contraire dans les derniers un effet de méditation & d’amour de nouveaux systèmes qu’ils inventerent pour établir leur parti, & bannir le raisonnement de la Medecine, se conduisant en ce point comme quelques modernes qui méprisent toute pratique excepté la leur.

Quoi qu’il en soit, les empiriques proprement nommés ne connoissoient qu’un seul moyen de guérir les maladies qui étoit l’expérience. Le nom d’empirique ne leur venoit point d’un fondateur ou d’un particulier qui se fût illustré dans la secte, mais du mot grec ἐμπειρία, expérience.

L’expérience, disoient-ils, est une connoissance fondée sur le témoignage des sens : ils distinguoient trois sortes d’expériences. La premiere & la plus simple, disoient-ils, est produite par le pur hasard, c’est un accident imprévû, par lequel on guérit d’une maladie, comme dans le cas où quelqu’un auroit été soulagé d’un grand mal de tête par une hémorrhagie, ou de la fievre par une diarrhée qu’on n’auroit point provoquée. La seconde espece d’expériences est de celles qui se font par essai, comme il arrive lorsque quelqu’un ayant été mordu par un animal venimeux, applique sur la blessure la premiere herbe qu’il trouve. La troisieme espece d’expériences comprend celles que les empiriques appelloient imitatoires, ou dans lesquelles on répete dans l’espoir d’un pareil succès, ce que le hasard, l’instinct, ou l’essai, ont indiqué.

C’est la derniere espece d’expérience qui constituoit l’art : ils la nommoient observation, & la narration fidele des accidens, des remedes, & des effets, histoire. Or comme l’histoire des maladies ne peut jamais être complete faute de lumieres, ils avoient encore recours à la comparaison, qu’ils appelloient épilogisme, que M. le Clerc traduit par les mots de substitution d’une chose semblable. L’observation, l’histoire, la substitution d’une chose semblable, étoient les seuls fondemens de l’empirisme. Toute la medecine des empiriques se réduisoit donc à avoir vû, à se ressouvenir, & à comparer ; ou pour me servir des termes de Glaucias, les sens, la mémoire, & l’épilogisme, formoient le trépié de leur medecine. Ajoûtons qu’ils rejettoient toutes les cau-