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pour y venir : & maintenant que vous y êtes, on voudroit que vous en sortissiez ? & vos amis seroient d’avis que vous fissiez de votre bon gré ce que le plus grand effort de vos ennemis ne sauroit vous contraindre de faire ? En l’état où vous êtes, sortir de France seulement pour vingt-quatre heures, c’est s’en bannir pour jamais. Le péril, au reste, n’est pas si grand qu’on vous le dépeint ; ceux qui nous pensent envelopper, sont ou ceux-mêmes que nous avons tenus enfermés si lâchement dans Paris, ou gens qui ne valent pas mieux, & qui auront plus d’affaires entre eux-mêmes que contre nous. Enfin, Sire, nous sommes en France, il nous y faut enterrer : il s’agit d’un royaume, il faut l’emporter ou y perdre la vie ; & quand même il n’y auroit point d’autre sûreté pour votre sacrée personne que la fuite, je sais bien que vous aimeriez mieux mille fois mourir de pié ferme, que de vous sauver par ce moyen. Votre majesté ne souffriroit jamais qu’on dise qu’un cadet de la maison de Lorraine lui auroit fait perdre terre ; encore moins qu’on la vît mandier à la porte d’un prince étranger. Non, non, Sire, il n’y a ni couronne ni honneur pour vous au-delà de la mer : si vous allez au-devant du secours d’Angleterre, il reculera ; si vous vous présentez au port de la Rochelle en homme qui se sauve, vous n’y trouverez que des reproches & du mépris. Je ne puis croire que vous deviez plutôt fier votre personne à l’inconstance des flots & à la merci de l’étranger, qu’à tant de braves gentils hommes & tant de vieux soldats qui sont prêts de lui servir de remparts & de boucliers : & je suis trop serviteur de votre majesté pour lui dissimuler que si elle cherchoit sa sûreté ailleurs que dans leur vertu, ils seroient obligés de chercher la leur dans un autre parti que dans le sien ».

Ce discours fait un effet d’autant plus beau, que Mezeray met ici en effet dans la bouche du maréchal de Biron ce qu’Henri IV. avoit dans le cœur.

Il y auroit encore bien des choses à dire sur l’éloquence, mais les livres n’en disent que trop ; & dans un siecle éclairé, le génie aidé des exemples en sait plus que n’en disent tous les maîtres. Voyez Elocution.

ELOQUENT, adj. (Belles-Lettres.) On appelle ainsi ce qui persuade, touche, émeut, éleve l’ame : on dit un auteur éloquent, un discours éloquent, un geste éloquent. Voyez aux mots Elocution & Eloquence, les qualités que doit avoir un discours éloquent. (O)

ELOSSITES, (Hist. nat.) pierre dont on ne nous dit rien, sinon qu’en la portant on se guérit des douleurs de tête ; c’est à Ludovico Dolce que l’on est redevable de ce détail.

ELPHIN, (Géog. mod.) ville du comté de Roscommon, en Irlande. Long. 19.20. lat. 53.56.

ELSEÇAITES. Voyez Elcesaïtes.

ELSTER, (Géog. mod.) ville du cercle de haute-Saxe, en Allemagne ; elle est située au confluent de l’Elster & de l’Elbe. Long. 31.20. lat. 51.28.

ELTEMAN, (Géog. mod.) ville de Franconie, en Allemagne ; elle est située sur le Mein. Long. 28.21. lat. 49.58.

ELU, adj. electus, choisi, en Théologie, & sur-tout dans l’Ecriture-sainte, se dit des saints & des prédestinés : en ce sens les élûs sont ceux que Dieu a choisis, ou antécedemment ou conséquemment à leurs mérites, pour leur accorder la gloire éternelle. Voy. Prédestination.

Dieu, qui a prédestiné les élûs à la gloire, les a aussi prédestinés à la grace & à la perséverance, qui sont les moyens pour parvenir à la gloire.

Dans un sens plus général, les apôtres ont donné aux premiers chrétiens le nom d’élûs, parce qu’ils avoient reçu la grace de la vocation au Christianisme. Voyez Vocation. Chambers. (G)

Elu, adj. (Jurisprud.) est celui qui est choisi pour remplir quelque place, ou pour recueillir une succession.

Celui qui achete pour autrui, déclare que c’est pour son ami élû ou à élire. Voyez Election en ami.

Elus sur le fait de l’Aide, étoient ceux qui étoient choisis par les états, pour asseoir & faire lever les aides & autres subsides accordés au roi par les états. Voyez ci-devant Election.

Elu clerc. Voyez ci-après Elu du Clergé.

Elu du Clergé ou pour le Clergé, étoit une personne choisie par le clergé de France, dans son ordre, pour asseoir & faire lever sur tous les membres du clergé, la part que chacun d’eux devoit supporter des aides & autres subventions que le clergé payoit au roi dans les besoins extraordinaires de l’état, de même que la noblesse & le peuple. Voyez ce qui en est dit ci-devant au mot Elections, & ce qui sera dit au mot Etats.

Elu, ou Conseiller d’une élection, est un des juges qui font la fonction de conseillers dans les tribunaux appellés élections. On donne aussi quelquefois le nom d’élûs à tous les officiers de ces tribunaux, c’est-à-dire au président, lieutenant, & assesseur, de même qu’aux conseillers. Voyez ci-devant Elections.

Elus Conseillers de la Marée. Voyez Elus de la Marée.

Elus Conseillers de Ville : ils sont nommés élûs dans des priviléges de Macon, accordés par Philippe de Valois en Février 1346 ; ils sont aussi ailleurs nommés prudhommes & élûs.

Elus des Décimes, étoient les mêmes que les élûs du clergé : ils faisoient l’assiette & répartition des décimes & autres subventions payées par le clergé. Voyez Décimes & Elections.

Elu Ecclésiastique, étoit celui qui étoit choisi par le clergé. Voyez ci-devant Elu du clergé.

Elus ou Echevins, ces termes étoient autrefois synonymes en quelques provinces.

Elus des Elections. Voyez Elections.

Elus des Etats, c’est-à-dire ceux qui sont élûs par les états généraux du royaume ou d’une province, pour faire l’assiette & répartition des impositions que le pays doit porter. Voy. Elections & Etats.

Elus sur le fait des Finances des aides, étoient les mêmes que les élûs sur le fait de l’aide.

Elus sur le fait des Gabelles : on donnoit quelquefois ce nom aux premiers préposés qui furent établis pour avoir l’intendance de la gabelle du sel, parce qu’ils étoient mis par élection des trois états, de même que les élûs des aides & des tailles : on les appella depuis grénetiers-contrôleurs de la gabelle, &c. ou officiers des greniers à sel.

Elus Généraux ; on donnoit quelquefois ce nom à ceux qui étoient élûs par les états généraux du royaume ou d’une province, ou aux généraux des aides qui étoient élûs par les trois états ; dans les derniers tems on donnoit ce nom aux élûs de chaque diocèse, pour les distinguer des élûs particuliers qu’ils commettoient dans chaque ville. Voyez Elections.

Elus sur le fait de la Guerre, dans quelques ordonnances ils sont ainsi appellés par abbréviation de ces termes élûs sur le fait de l’aide ordonnée pour la guerre.

Elus sur le fait de l’Imposition foraine, étoient les personnes élûes par les états, qui faisoient l’assiette & levée de l’imposition foraine. Il en est parlé dans un réglement de Charles V, du 13 Juillet