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& me résouds à mener une vie sainte, afin de t’être agréable ». Ses sectateurs se nourrissent de pain d’orge, prient & jeûnent souvent. Ils portent un bonnet de laine entouré d’un turban, & sur le cou un linge blanc marqueté de rouge. Leurs supérieurs s’adonnent à l’étude, pour se rendre capables de prêcher. On voit peu de ces moines à Constantinople, leurs principales maisons sont en Perse dans le Chorazan. Ricaut, de l’Empire Ottom. & Guer. mœurs des Turcs, tom. I. (G)

EDIFICE, s. m. (Architect.) s’entend en général de tout monument considérable, tel qu’une église, un grand palais, un hôtel-de-ville, un arsenal, un arc de triomphe, &c. quoique le mot latin ædes, dont il est dérivé, signifie maison, qui désigne plûtôt l’habitation des hommes, que les bâtimens érigés pour la piété des fideles ou pour la magnificence des souverains. Voyez Maison. (P)

EDILE, s. m. (Hist. anc.) chez les Romains étoit un magistrat qui avoit plusieurs différentes fonctions, mais entr’autres la surintendance des bâtimens publics & particuliers, des bains, des aqueducs, des chemins, des ponts & chaussées, &c.

Ce nom vient d’ædes, temple ou maison ; il fut donné à ces magistrats à cause de l’inspection qu’ils avoient sur les édifices.

Leurs fonctions étoient à-peu-près les mêmes que celles des agoranomes & astynomes en Grece. Voyez Agoranomes & Astynomes.

Les édiles avoient aussi inspection sur les poids & mesures. Ils fixoient le prix aux vivres, & veilloient à ce qu’on ne fît point d’exactions sur le peuple. La recherche & la connoissance des débauches & des desordres qui se passoient dans les maisons publiques, étoient aussi de leur ressort. Ils avoient la charge de revoir les comédies & de donner au peuple les grands jeux à leurs dépens.

C’étoit encore aux édiles qu’appartenoit la garde des ordonnances du peuple. Ils pouvoient même faire des édits sur les matieres qui étoient de leur compétence, & peu-à-peu ils se procurerent une jurisdiction très-considérable, & la connoissance d’une infinité de causes.

Leur charge étoit si ruineuse par les dépenses qu’elle obligeoit de faire, que du tems d’Auguste il y avoit jusqu’à des sénateurs qui refusoient l’édilité pour cette raison.

Les fonctions qui mirent les édiles en si grande considération, appartenoient dans les commencemens aux édiles plébéïens ou petits édiles qui étoient d’abord les seuls édiles qu’il y eût : ils n’étoient que deux & avoient été créés la même année que les tribuns : car ceux-ci se trouvant accablés par la multitude des affaires, demanderent au sénat des officiers sur qui ils pussent se décharger des affaires de moindre importance : en conséquence le sénat créa deux édiles, qu’on nommoit tous les ans à la même assemblée que les tribuns. Voyez Tribun.

Mais ces édiles plébéïens ayant refusé dans une occasion célebre de donner les grands jeux, par la raison qu’ils n’étoient pas en état d’en supporter la dépense ; des patriciens offrirent de les donner pourvû qu’on leur accordât les honneurs de l’édilité.

On accepta leurs offres, & on en créa deux édiles l’an de Rome 388, on les appella édiles majeurs ou curules, parce qu’en donnant audience ils avoient droit de s’asseoir sur une chaise curule ornée d’ivoire ; au lieu que les édiles plébéïens étoient assis sur des bancs.

De plus, les édiles curules avoient part à toutes les fonctions ordinaires des édiles plébéïens, & étoient chargés spécialement de donner au peuple Romain les grands jeux, des comédies & des combats de gladiateurs.

Voici un fait qui mérite bien d’être rapporté : les édiles sur la fin de la république donnoient des couronnes d’or aux acteurs, aux musiciens, aux joüeurs d’instrumens & aux autres artistes qui servoient aux jeux : Caton engagea Favonius à ne distribuer dans son édilité que des couronnes de branches d’olivier, suivant l’usage qui se pratiquoit aux jeux olympiques ; cependant Curion le premier édile donnoit dans un autre théatre des jeux magnifiques & des présens proportionnés ; mais comme Caton présidoit aux jeux de Favonius, les acteurs, les musiciens, les joüeurs d’instrumens, en un mot tout le peuple, quitta les jeux magnifiques de Curion pour voler à ceux de son collegue, tant la seule présence de Caton influoit encore dans l’état.

Dans la suite, pour soulager ces quatre édiles, César en créa deux nouveaux sous le nom d’édiles céréaux, ædiles cereales, parce que leur principal emploi fut de prendre soin des blés que les Romains appelloient don de Cerès, donum Cereris ; parce qu’ils croyoient que cette déesse avoit appris aux hommes l’agriculture. Ces édiles créés les derniers étoient aussi tirés d’entre les patriciens.

Il y avoit encore des édiles dans les villes municipales qui y avoient la même autorité que les édiles de Rome dans la capitale de l’empire.

On apprend aussi par plusieurs inscriptions, qu’il y avoit un édile alimentaire ; ce qui est marqué par ces commencemens de mots, ædil. alim. dont la fonction étoit, à ce qu’on croit, de pourvoir à la nourriture des personnes qui étoient à la charge de l’état, quoique quelques-uns leur en assignent une autre.

On a aussi trouvé sur une ancienne inscription le mot ædilis castrorum, édile de camp ; soit que ce fut un officier chargé de la police du camp, soit qu’il ne dût se mêler que de ce qui concernoit la subsistance des troupes, comme nos munitionnaires généraux & nos intendans d’armée. On ne trouve plus d’édiles dans l’histoire depuis Constantin : cette charge étoit dans la république celle par laquelle commençoit la carriere des honneurs, & comme un degré pour parvenir aux premiers. Chambers. (G)

EDILING, s. m. (Hist. mod.) c’est un ancien nom de la noblesse parmi les Anglo-Saxons. Voyez Noblesse.

La nation saxonne, dit Nithard, Hist. I. IV. est divisée en trois ordres ou classes de peuple ; les édiling, les frilingi, & les lazzi ; ce qui signifie la noblesse, les bourgeois, & les vassaux ou serfs.

Au lieu d’édiling, on trouve quelquefois atheling ou ætheling : on attribue aussi cette qualité au fils du roi & à l’héritier présomptif de la couronne. Voyez Atheling. Chambers. (G)

EDINBOURG, (Géog.) capitale de l’Ecosse, le siége de ses rois avant la mort d’Elisabeth reine d’Angleterre, & celui de son Parlement avant l’union des deux royaumes. La marée monte environ jusqu’à vingt milles de ses murs. Sa situation est à une lieue & demie de la mer dans un terrain agréable & fertile. Elle est commandée par un château très-fort appellé Mayden-castle, c’est-à-dire le château des vierges, parce que les rois des Pictes y gardoient leurs filles. Son université est un batiment spacieux, où les professeurs & les étudians sont bien logés. Les siences & la médecine en particulier y fleurissent avec honneur. Sa bibliotheque possede 105 sceaux des princes de Boheme, de Moravie & autres, avec l’original de la protestation des Bohémiens contre le concile de Constance, qui malgré le sauf-conduit, brûla Jean Hus & Jérôme de Prague en 1417. Le nombre de ses habitans va aujourd’hui (1755), à plus de 33000 ames. Long. 14d 34′ 55″ lat. 55. 55. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.