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se que la salive du cheval qui sort en abondance, & qui par le moyen de la mastication est fortement exprimée des glandes destinées à filtrer cette humeur & à la séparer du sang artériel. Le cheval en goûtant son mords & en le mâchant pour ainsi dire sans cesse, la bat en effet & l’agite continuellement : d’ailleurs n’étant à proprement parler qu’un savon foüetté, & ayant, attendu son huile, une certaine viscosité, l’air y forme facilement de petites bulles dont l’assemblage constitue ce que réellement nous nommons écume.

Il est des bouches sourdes, des bouches dures, des bouches trop sensibles qui ne goûtent point l’appui, & celles-là sont toûjours seches : pour y faire entrevoir de la fraîcheur, les maquignons ont soin avant de monter l’animal & en lui mettant le mords dans la bouche, de lui donner du sel : ce sel est une espece d’apophlegmatisant qui fait sortir la matiere salivaire & la muscosité de tout le tissu glanduleux du gosier, par une mécanique semblable à celle qui fait sortir la muscosité des glandes de la membrane pituitaire, en conséquence de l’usage des errhines ou sternutatoires, c’est-à-dire en picotant & en irritant la membrane de ces parties.

Le défaut de fraîcheur de bouche provient encore aussi souvent de la main du cavalier que du fond de la bouche même. Il n’est que trop de mains ignorantes, dures, cruelles, & qui par leurs mouvemens faux & forcés sont capables de desespérer un cheval. C’est dans des bouches belles, pleines d’action & soûmises à des mains liantes & savantes, que l’on trouve cette quantité de salive en écume ; & ce sont ainsi que je l’a dit, ces bouches que l’on a improprement appellées bouches fraîches, parce qu’elles sont humectées.

A l’égard de l’écume que l’on apperçoit à la superficie du corps du cheval en sueur, il faut remarquer que l’humeur perspirante est beaucoup plus épaisse dans l’animal que dans l’homme, & son moins de subtilité peut être vraissemblablement imputé au diametre plus considérable des vaisseaux, & à la nature même du sang du cheval lequel est infiniment plus visqueux. Cette humeur qui s’exhale sans cesse s’arrête facilement à la surface du cuir, vû les poils qui le recouvrent, & son desséchement forme la crasse que l’on enleve à chaque pansement. Or dès qu’à raison d’un exercice plus violent l’excrétion est augmentée, la sucur qui résulte de l’abondance de l’humeur transpirante détrempera le corps blanchâtre qui n’est autre chose que cette crasse ; & si dans cet instant il y a dans un endroit quelconque frotement ou des parties les unes contre les autres, ou de quelqu’harnois comme des renes du bridon & de la bride sur l’encolûre, de la têtiere, de la croupiere, du poitrail, &c. l’air agité par ce frotement qui ne fait pas une impression directe, immédiate & continuelle sur le cuir, pénétrera dans les intervalles qui sont entre les poils & la peau, & divisant ainsi que le frotement la crasse détrempée, produira cette écume qu’il me semble qu’on ne peut attribuer à d’autre cause. (e)

Ecume, à la Monnoie, est le nom que les ouvriers donnent à la litarge. Voyez Litarge.

Ecumes, en terme de Rafineur, sont proprement les excrémens & toutes les malpropretés mêlées avec le sang de bœuf & l’eau de chaux, qu’on a tirées du sucre en le clarifiant. Voyez Clarifier.

Faire des écumes, c’est en séparer les sirops qu’on a levés avec elles, de cette sorte. On met de l’eau de chaux à moitié une chaudiere ; quand elle est chaude, on verse les écumes, que l’on remue ou mouve fortement, pour les empêcher de s’attacher au fond. Quand elles ont bouilli pendant quelque tems, on les jette dans des paniers placés au-dessus des

chaudieres, sur des planches couchées sur ces élévations qui les séparent. Ces paniers sont couverts d’une poche que l’on lie quand ils sont pleins, & ont un peu égoutté. Voyez Poche. On met un rond de bois sur ces poches : plusieurs poids qui pesent sur le rond & les poches, en font couler le sirop. On les laisse égoutter en cet état environ pendant douze heures ; ensuite ce qui est sorti se raccourcit, pour être clarifié avec du sucre fin. Voy. Clarifier & Raccourcir.

* Ecumes printanieres, (Econ. rust.) c’est ainsi qu’on appelle à la campagne ces filamens blancs qu’on voit voltiger dans les airs, sur-tout dans le beau tems, & qui s’attachent à toutes les plantes qu’elles rencontrent : on les regarde comme un présage de chaleur. Ce qu’il y a de certain, c’est que la pluie les abat & les fait disparoître. On en attribue la formation à des exhalaisons grossieres qui les composent en se réunissant, quoiqu’elles ressemblent beaucoup mieux à cette espece de soie dont les chenilles & d’autres insectes s’enveloppent ; que la chaleur a séchée, & que l’agitation de l’air a détachée des arbres, & emportée.

ECUMER, v. act. (Pharmacie.) c’est enlever de la surface d’un liquide bouillant, des impuretés qui s’en sont séparées par l’ébullition, & qui le surnagent.

La despumation est un des moyens dont on se sert en Pharmacie pour purifier certains corps, & principalement le miel, le sucre, les sirops & les sucs. Voyez ces articles. Quelquefois on ajoûte au secours de l’ébullition, celui de la clarification par le blanc d’œuf. Voyez Clarification.

On passe ordinairement les liquides qu’on a écumés, à la chausse ou à l’étamine, pour enlever le reste de l’écume, & des impuretés moins grossieres qui sont suspendues dans la masse entiere de la liqueur. Voyez Chausse & Etamine.

On peut se contenter de la simple despumation, & se dispenser de clarifier & de passer à la chausse le sucre, le miel ou les sirops destinés à la préparation des compositions qui ne doivent pas être transparentes, telles que les électuaires, les tablettes purgatives, &c. il est mieux cependant d’écumer & de passer dans tous les cas. (b)

Ecumer, (Marine.) on dit que la mer écume, quand elle est agitée, & qu’il s’éleve sur sa surface une espece d’écume blanchâtre. (Z)

Ecumer la Mer, (Marine.) pirater, se dit des forbans qui volent & pillent les navires marchands qu’ils rencontrent à la mer. (Z)

Ecumer, (Faucon.) se dit de l’oiseau, 1° quand il passe sur sa proie sans s’y arrêter ; 2° lorsqu’il a poussé la perdrix dans le buisson, sans s’y arrêter ; 3° lorsqu’il court sur le gibier que les chiens lancent.

ECUMERESSE, s. f. en terme de Rafineur de sucre, est une platine de cuivre jaune, coupée en rond, percée de plusieurs trous dans toute son étendue comme une écumoire, & montée sur un grand manche de bois arrêté dans une douille qui, en diminuant de largeur, ne forme plus qu’une verge qui se termine par une fourchette qui s’étend jusqu’à six pouces sur chaque côté de l’écumeresse, ce qui la rend plus solide. Elle sert à lever les écumes de dessus les matieres que l’on clarifie. Voyez Clarifier.

ECUMEURS DE MER, voyez Pirates.

ECUMOIRE, s. f. (Econom. dom. & Cuis.) c’est une espece de poële de fer ou de cuivre, très-plate, percée de trous, avec un long manche, dont on se sert pour enlever l’écume & les autres matieres excrémentitielles qui s’élevent de dessus les matieres qu’on met en fusion & qu’on clarifie, ou de dessus celles qu’on cuit ou qu’on fait bouillir. Les Fondeurs ont aussi leur écumoire ; ils s’en servent pour écarter la