L’Encyclopédie/1re édition/POCHE

POCHE, s. f. en général sac, ou sachet de toile ou de peau où l’on enferme quelque chose. Voyez les articles suivans. Nos vestes, nos culotes, nos surtouts ont des poches, quelquefois doubles & triples ; les unes pour les mouchoirs, les clés ; les autres pour les choses précieuses, comme étuis, tabatieres, qu’on ne veut pas laisser frotter contre des corps durs qui gâteroient leurs formes.

Poche, terme de Cloutier, c’est une espece de sac dans lequel on vend différentes sortes de broquettes. Chaque poche doit contenir soixante livres pesant de broquettes, à la reserve de celles dont le millier ne pese qu’un quarteron ; la poche de ces sortes de broquettes ne doit peser que trente livres. De-là on a fait le mot pochée, qui se dit de la quantité de broquettes qui peut tenir dans une poche d’une certaine grandeur. Ce n’est qu’à Tanchebray en basse Normandie que les broquettes se vendent à la pochée. Voyez Clous.

Poche, terme d’Ecrivain, marque plus grosse & plus ronde que le trait que fait le corps de la lettre.

Poche, (Luthier.) instrument de Musique à cordes, de la classe des violons. Il a quatre cordes montées comme celles du violon, & se joue avec l’archet. Il ne differe de cet instrument que par la forme de son corps. Le violon est applati, le corps en est large & arrondi par le bout & du côté du manche, au lieu que la poche est longue & arrondie dans sa longueur, comme un cylindre, qui diminue insensiblement en avançant du côté du manche. Voyez la fig. 9. Pl. II. de Lutherie.

On ne se sert point de la poche dans les concerts ; mais elle est fort utile aux maîtres de danse, qui portent cet instrument dans leur poche lorsqu’ils vont donner leçon à leurs écoliers. C’est cet usage qui lui a fait donner le nom de poche.

La poche sonne l’octave du violon, & elle a la même tablature. Voyez Violon.

Poche de navette, (Manufacture.) c’est la partie creuse qui est au milieu de la navette, dans laquelle l’ouvrier place l’espoulle ou petit tuyau de roseau sur lequel on dévide le fil de la trame des étoffes ou des toiles. On l’appelle aussi boîte de navette.

Poche, s. f. (terme de Meûnier.) sac qui contient un sac de grains ou de farine. Il y a à Paris sur les ports & dans les halles & marchés où se vendent les grains, des personnes qui ne vivent que du gain qu’elles font en louant des poches ou sacs aux marchands meûniers ou aux particuliers pour le transport des blés, farines & autres grains qu’ils y achetent.

Poche, en terme de Raffineur, n’est autre chose qu’un morceau de grosse toile, au milieu duquel on a cousu une poche de la grandeur des paniers à écumes. Voyez Paniers à écumes, & Ecumes. Voyez les Pl.

Poche, (terme de Rotisseur.) espece de peau en forme de bourse qui est dans la gorge des volailles ; c’est leur jabot. (D. J.)

Poche, terme de Tailleur, espece de petit sac de toile ou de cuir, qui est attaché à quelques habillemens des hommes & des femmes, & qui sert à mettre & porter diverses choses qu’on veut avoir sur soi. Il y a ordinairement des poches aux justes-aux-corps, aux surtous, aux vestes, & aux culottes : celles des culottes se font de cuir de mouton passé en mégie ; ce sont les maîtres Boursiers qui les taillent & fabriquent, d’où ils ont pris un de leurs noms. (D. J.)

Poche, (Verrerie.) espece de grande cuillere de fer, dont on se sert à terjetter le verre en fusion, c’est-à-dire, à le vuider d’un pot dans un autre, suivant son degré de cuisson. Voyez l’article de la Verrerie. (D. J.)

Poches, ou Pochettes, (Chasse.) ce sont des filets faits en forme de sac ou de bourse qu’on tend pour prendre des lapins, des perdrix, & des faisans ; on les fait toutes en mailles à losanges, larges de deux pouces chacune, sur vingt mailles de levure ; mais les poches à faisan doivent être de fil fin retors, à trois fils & plus longues ; on leur donne quatre à cinq piés entre les deux boucles.

Poches, (Pêcherie.) les poches, en terme de pêcheurs, signifient certaines parties creuses qui se font autour du filet qu’on nomme épervier, en les relevant avec de la lignette : c’est dans ces poches que se prend le poisson. (D. J.)