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chevaliers, mais seulement des drenches, ce prince fit créer ceux-ci chevaliers pour la défense du pays : en conséquence Lanfrancus fit ses drenches chevaliers, &c.

Ce fut le Conquérant qui donna le nom de drenches aux seigneurs des terres. Un certain Edoüard Sharbourn de Norfolk & quelques autres seigneurs, ayant été chassés de leurs terres, en formerent leurs plaintes devant le roi, & représenterent qu’ils n’avoient jamais pris parti contre lui ; ce qui, après une enquête, s’étant trouvé véritable, le roi les rétablit dans leurs possessions, & ordonna qu’ils porteroient desormais le titre de drenches. Chambers.

DRENNE, s. f. turdus viscivorus major, (Hist. nat. Ornithol.) espece de grive qui est la plus grosse de toutes. Cet oiseau pese quatre onces & demie ; il a onze pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & dix-huit pouces d’envergure. Le bec est droit, semblable à celui du merle, ou un peu plus court ; la piece supérieure est brune, & un peu plus longue que l’inférieure ; la langue est dure, creusée en gouttiere, fourchue, cartilagineuse, & transparente ; le dedans de la bouche est jaune ; les ouvertures des narines sont grandes, & presque ovales ; l’iris des yeux est de couleur de noisette ; les cuisses, les pattes sont longues, les ongles sont noirs ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu à sa naissance, sans qu’il y ait aucune membrane ; la tête est de couleur brune, cendrée ou plombée, & le milieu des plumes est noirâtre ; le dos, la queue, & le croupion, sont de la même couleur, avec quelques teintes de jaune. Les plumes de cet oiseau changent pendant l’été, & deviennent plus cendrées ; la face inférieure est marquée de taches noirâtres assez grandes, depuis le bec jusqu’à la queue ; le haut de la poitrine, les côtés, & le bas-ventre, sont jaunâtres ; le dessous de la poitrine & le ventre sont blancs ; chaque aile a dix-huit grandes plumes, dont la seconde est la plus longue : elle a cinq pouces ; la pointe des petites plumes qui recouvrent les grandes est blanche. La queue a quatre pouces & demi de longueur ; elle est composée de douze plumes. On trouve des chenilles dans l’estomac de cet oiseau. Il chante très-bien au printems ; & ordinairement il se perche au-dessus des arbres sur les chênes, les ormes, &c. Il reste toute l’année dans ce pays-ci ; il y niche ; il est solitaire ; on n’en voit qu’une couple à la fois. Cet oiseau est le moins bon à manger de toutes les grives. Il se nourrit en hyver de baies de houx. On a remarqué que les drennes se tiennent chacune sur un arbre séparé, qu’elles ne s’en écartent pas loin, & qu’elles en éloignent les autres oiseaux. Willughby, Ornit. Voyez Oiseau. (I)

DRENTE, (la) Géog. mod. contrée des Provinces-Unies, bornée à l’orient par la Westphalie, au septentrion par la province de Groningue & des Ommlandes, à l’occident par la Frise, & au midi par l’Owerisel, dont elle faisoit autrefois partie. Elle a pour capitale Coworde.

DRESDE, (Géog. mod.) ville d’Allemagne dans le cercle de haute-Saxe, capitale de la Misnie & de l’électorat de Saxe : elle est sur l’Elbe, qui la divise en vieille & en neuve. Long. 31. 26. lat. 51. 12.

DRESSÉE, s. f. (Epinglier.) ces ouvriers appellent une dressée cueillie, celle que l’on a ramassée & battue par un bout avec une planche, ou autre chose de cette nature, pour la rendre aussi égale qu’il est possible, avant de la couper en tronçons. Voyez dans les Pl. de l’Epinglier, la figure qui représente une dressée cueillie dans la boîte à cueillir, c’est-à-dire à mettre de même longueur. Voyez aussi l’article Epingle.

* DRESSER, ce terme a dans les Arts un grand

nombre d’acceptions différentes. Nous allons donner les principales, celles auxquelles on pourra rappeller les autres ; ensorte que ce terme n’ait dans aucun article de ce Dictionnaire, un sens entierement différent de tous ceux qu’on lui remarquera dans les articles suivans.

Dresser un mémoire, (Commerce.) c’est parmi les marchands en détail, extraire de leur livre journal, & écrire article par article les marchandises qui ont été fournies, avec leur qualité, leur poids, leur aunage, leur prix, & la date de leur fourniture, pour en demander le payement à ceux à qui on les a délivrées à crédit. Voyez les dictionn. du Comm. & de Trév.

Dresser un inventaire, voyez Inventaire.

Dresser un compte, voyez Compte.

Dresser un cheval, (Maréch.) c’est lui apprendre tous les exercices qu’on exige de lui.

Se dresser ; un cheval qui se dresse, est celui qui se leve tout droit sur les piés de derriere.

Dresser, v. act. (Jardinage.) se dit d’un terrein, d’un parterre, d’une allée, d’une planche, que l’on unit ou de niveau, ou en pente douce, ou en la coupant par différentes chûtes qui forment des terrasses, suivant sa situation naturelle.

On commence par labourer tout le terrein à la charrue, pour couper les mauvaises herbes ; on y passe ensuite la herse, pour araser les buttes & remplir les cavités. Cette terre ainsi ameublie, est plus facile à transporter. On fait ensuite, suivant l’alignement, des rigoles, des rayons, des repaires en cette maniere : choisissez, à l’une des extrémités du terrein, l’endroit le plus uni ; vous y poserez deux jalons à cinq ou six piés l’un de l’autre, & dont les têtes soient bien applaties, pour y placer une regle de maçon de 8 à 10 piés de long, & vous poserez dessus un niveau de maçon, qui établira vos deux jalons de niveau ; ensuite à l’extrémité opposée du terrein, vous mesurerez le jalon qui a été posé dans l’alignement, & qui sera de quelques pouces plus haut ou plus bas que celui qui soûtient votre niveau, en faisant butter ou décharger ce jalon à la hauteur de l’autre, vous aurez le moyen de faire apporter des terres suivant le cordeau, & de dresser avec le rateau une rigole d’un pié ou deux de large, qui vous servira de repaire pour tout le reste ; vous enfoncerez rez-terre au pié des jalons, des piquets que l’on appelle taquets ; multipliant ensuite ces rigoles en plusieurs endroits du terrein, & posant la regle & le niveau en-travers de l’un à l’autre, elles serviront à le dresser entierement, en faisant apporter des terres de tous côtés, & ôtant ce qui est de trop dans certains endroits.

Les rigoles qu’on suppose à demi dressées, demandent d’être plombées en marchant dessus pour affermir la terre ; ensuite on y passe le rateau fin jusqu’à ce que le cordeau touche & effleure également la superficie de la terre sans être forcé.

Quelquefois ces rigoles se coupent en terre ferme, quand le terrein est en pente, tel que seroit celui d’un talud ; alors au lieu de faire apporter des terres, on les ôte & on les enleve suivant les repaires tracés.

Quand il s’agira de dresser un terrein en pente douce, il ne faudra point poser de regle, ni de niveau ; il suffira de mettre plusieurs jalons à même hauteur sur un alignement pris sur les jalons des extrémités qui sont les points de sujétion qui reglent la ligne de pente ; & en les examinant l’un après l’autre avec votre jalon d’emprunt (Voyez Jalon), vous les ferez butter ou décharger suivant le besoin : vous dresserez ensuite des rigoles de pente dans toute l’étendue de votre terrein, ainsi qu’il vient d’être dit.

Si l’on coupe un terrein en terrasse, la maniere