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à chaque mouvement en en-bas, tel qu’il étoit capable de comprimer tout ce qui étoit renfermé dans sa cavité. Ces mouvemens, dit-il, étoient aussi réguliers qu’aucun qu’on puisse appercevoir dans les intestins ; & il ajoûte qu’il a fait la même observation dans trois autres chiens ; d’où on peut conclure sûrement que cela se trouve dans tous. Voyez Péristaltique.

Les animaux qui ruminent, ont quatre estomacs : cependant on remarque que quelques-uns de ceux qui en ont quatre en Europe, n’en ont que deux en Afrique ; apparemment à cause que les herbes d’Afrique sont plus nourrissantes. Voyez Ruminant.

Les oiseaux qui se nourrissent ordinairement de graines qui sont couvertes d’une peau dure, ont un espece d’estomac qu’on appelle jabot, qui est composé de quatre grands muscles en-dehors, & d’une membrane dure & calleuse au-dedans : ceux qui vivent de chair, comme les aigles, les vautours, &c. n’en ont qu’un. Voyez Carnivore, Granivore, &c. Quant à l’action de l’estomac, voyez Digestion. (L)

Estomac, (maladies de l’). Les fonctions de cet organe sont très-nombreuses & très-variées ; elles sont par conséquent susceptibles de différentes lésions.

Celles de la premiere espece dépendent des vices de ce viscere, en tant qu’il est regardé comme le siége de l’appétit des alimens & de la boisson, qui est aboli dans l’anorexie, & diminué dans la dysorexie ou l’inappétence & le dégoût, ou apositie, dépravé dans la faim canine & les envies, c’est-à-dire le pica & le malacia. Voyez Faim, Anorexie, Dysorexie, Apositie & Envie

Les maladies de l’estomac de la seconde espece, regardent la coction, en tant qu’elle dépend principalement de l’action du ventricule ; ainsi lorsque les alimens, qui y sont contenus, ne sont pas digérés, ou lorsqu’ils ne le sont que lentement & avec peine, ou qu’ils changent de nature, & contractent des qualités qui ne sont point convenables au chyle, préparé d’une maniere naturelle ; ces différens vices constituent des maladies de l’estomac, qui sont l’apepsie, ou le défaut de digestion ; la dyspepsie, ou la digestion difficile, douloureuse ; la bradypepsie, ou la digestion trop rallentie ; & la diapthore, ou la digestion faite avec corruption : il a été traité de chacune de ses affections en son lieu, ou à l’article Digestion. Voyez Apepsie, Dyspepsie, Bradypepsie & Diaphtore. La trop prompte digestion est rarement une maladie ; lorsqu’elle est regardée comme un vice, elle constitue ce qu’on appelle la boulimie, ou faim excessive. Voyez Faim.

Les maladies de l’estomac de la troisieme espece, regardent l’action de ce viscere, tendante à expulser les matieres contenues dans sa cavité : telles sont le hoquet, la nausée, le vomissement, le cholera, le rot ; la lienterie est aussi de cette espece, en tant qu’elle dépend du vice de l’estomac, comme de celui des intestins. Voyez Hoquet, Nausée, Vomissement, Cholera-morbus, Rot & Lienterie.

Les maladies du ventricule de la quatrieme espece, dépendent des vices qui affectent spécialement les parties qui entrent dans la composition de sa substance : ainsi comme il reçoit un grand nombre de nerfs, qui se distribuent dans ses membranes, il est doüé d’un sentiment très-exquis ; ce qui le rend très-susceptible de douleur, sur-tout dans les environs de son orifice supérieur : cette sorte d’affection est ce qu’on appelle la cardialgie ou l’ardeur d’estomac. Voyez Cardialgie.

L’estomac étant composé de vaisseaux de tous les genres, est par conséquent sujet aux engorgemens inflammatoires, aux abcès, aux ulceres, à la gan-

grene, aux obstructions, à l’œdeme, au skirrhe :

c’est de ces dernieres maladies, qui ne sont pas distinguées par des noms particuliers, dont il convient de donner succintement l’histoire sous cet article.

De l’inflammation de l’estomac. Toute sorte d’engorgement de vaisseaux, dans quelque partie du corps que ce soit, augmente son volume, & y forme une tumeur ; ainsi l’engorgement inflammatoire en produit toûjours une dans la partie de l’estomac, où il a son siége ; mais elle n’est sensible au-dehors, que lorsqu’elle est dans la partie antérieure : il est rare qu’il soit entierement enflammé dans toute l’étendue, tant interne qu’externe de ses membranes ; il ne l’est ordinairement qu’extérieurement, ou intérieurement dans une partie plus ou moins grande de sa substance.

Lorsque l’inflammation est formée, le malade ressent dans la région épigastrique une douleur fixe continue, pungitive, avec un sentiment de pesanteur, qui ne peut être calmée par l’application d’aucun remede approprié ; elle est accompagnée d’une fievre très-aiguë, d’une chaleur très-ardente, & d’une soif très-pressante ; & la douleur est augmentée, au moment même de l’entrée des alimens dans l’estomac, soit solides, soit liquides ; elle se fait alors plus particulierement sentir dans le point où est l’inflammation, & les matieres reçues dans sa capacité, ne tardent pas à en être expulsées par un vomissement très-douloureux, ou par une prompte & fatigante déjection, à moins que l’engorgement inflammatoire ne s’étende au cardia & au pylore, & ne ferme ces deux orifices : le hocquet se joint à tous ces symptomes, & rend la douleur encore plus aiguë ; le malade se plaint d’une anxiété continuelle, & paroît être d’une inquiétude extrème, par les fréquentes agitations de son corps ; si l’inflammation affecte tout le ventricule, il ne trouve pas une situation où il ne ressente une douleur très-vive dans toute la région épigastrique, si ce n’est que la surface externe : la douleur se fait plus sentir pendant la digestion ; pendant que les fibres de l’estomac se contractent pour presser les matieres contenues, & ensuite les expulser de sa capacité, le malade prend, dans ce cas, les alimens nécessaires avec moins de peine, que lorsque c’est la surface interne qui est enflammée, parce que celle-ci est exposée au contact de ce qui est dans le viscere, ce qui la rend par conséquent extrémement susceptible d’irritation, & renouvelle la douleur d’une maniere insupportable : lorsque c’est la partie antérieure qui est le siége de l’inflammation, elle se manifeste par la tumeur qui est sensible au toucher, & même quelquefois à la vûe dans l’étendue des parties contenantes du bas-ventre, qui terminent le devant de la région épigastrique : cette partie est aussi d’une si grande sensibilité, que le malade ne peut rien supporter qui la presse, & même qui la touche, comme les couvertures du lit. Le malade souffre davantage, étant couché sur le dos, lorsque l’affection est dans la partie postérieure : il ne se couche qu’avec plus de douleur sur les parties latérales, si elles sont affectées ; d’ailleurs le malade distingue par lui-même si elles sont le siége du mal, & l’indique par son rapport : si l’inflammation tient plus de la nature de l’érésypele que du phlegmon, les symptomes sont tous plus violens, mais la tumeur & le sentiment de pesanteur de la partie affectée, sont moins considérables : lorsque l’inflammation est fort étendue, & que la maladie est conséquemment fort grande, il survient de fréquentes défaillances ; le malade éprouve de constantes insomnies, & tombe souvent dans le délire.

Avec tous ces signes, on a de la peine à distinguer l’inflammation de l’estomac d’avec l’inflammation d’une partie voisine, qui y a beaucoup de rap-