L’Encyclopédie/1re édition/CHOLERA-MORBUS
CHOLERA-MORBUS, s. m. (Medecine.) une des maladies des plus aigues que l’on connoisse, à laquelle notre langue a conservé son nom Grec, formé de χολὴ, bile, & de ῥὴ, flux.
Définition du cholera-morbus. C’est en effet un dégorgement violent, & très-abondant par haut & par bas, de matieres acres, caustiques, ordinairement bilieuses, qui continue à différens intervalles, voisins les uns des autres, & qui se perpétue rarement au-delà de deux jours sans emporter le malade.
Ses especes. Hippocrate distingue deux especes de cholera, l’humide & le sec. Le cholera simple ou sans épithete, est l’humide ; il provient d’humeurs acrimonieuses, bilieuses, & séreuses, à la formation desquelles a donné lieu la corruption & l’acreté des alimens. Le cholera sec naît d’un amas d’humeurs acrimonieuses, accompagnées de vents & de flatuosités dans l’estomac ; il rend l’évacuation pénible, soit par la bouche, soit par l’anus, à cause de l’irritation spasmodique des parties nerveuses du ventricule & des intestins. Nous avons retenu cette bonne distinction d’Hippocrate.
Sa distinction d’avec d’autres maladies. Il y a de la différence entre le cholera & la dyssenterie. On compte le cholera entre les maladies les plus aigues, parce qu’il se termine ordinairement en peu de jours, au lieu que la dyssenterie dure beaucoup plus long-tems ; d’ailleurs elle n’est pas toûjours accompagnée de vomissement. La dyssenterie va d’ordinaire avec un tenesme incommode, & des selles sanguinolentes, ce qui est rare dans le cholera-morbus.
Le cholera ne differe pas moins de la diarrhée bilieuse, quoiqu’elle ait assez les mêmes causes ; toutefois ces deux maladies sont accompagnées de différens symptomes, & ne fournissent point les mêmes prognostics. La diarrhée bilieuse n’est qu’une simple évacuation copieuse d’excrémens bilieux, par l’anus : le cholera est un débord par haut & par bas ; car il y a dans le cholera une espece de rétraction du mouvement péristaltique des intestins, mais plus particulierement encore du duodenum & de l’estomac ; ce qui donne toûjours lieu au vomissement.
Ses différences. Cette espece de maladie est pour l’ordinaire idiopatique, quoiqu’elle se trouve quelquefois symptomatique, comme il arrive, selon Hippocrate, Prænot. coac. 123. dans l’espece de fievre appellée lipyrie, qui ne se termine jamais, si l’on en croit ce prince de la Medecine, sans qu’il survienne un cholera. Le cholera est encore symptomatique, selon Riviere, dans quelques fievres malignes ; selon Sydenham, dans les enfans qui ont de la peine à pousser leurs dents ; selon d’autres observateurs, dans la grossesse, les commotions, la douleur, &c. Il est certain que toutes ces maladies, & quelques autres, sont assez fréquemment accompagnées d’un flux bilieux par intervalles, & qui est purement symptomatique. Il faut bien alors se garder d’employer les vomitifs, les purgatifs, & les échauffans ; mais il faut appaiser ce mouvement spasmodique par des anodyns, des stomachiques, des remedes propres à calmer l’irritation des nerfs, suivant les causes qui la produisent.
Ses symptomes. Quant à l’histoire de cette maladie idiopatique, nous observerons que le cholera prend d’ordinaire subitement. Les malades ont à la vérité des rapports acides, nidoreux, ou putrides ; des douleurs pungitives dans l’estomac & dans les intestins ; des cardialgies, & du mal-aise dans les parties circonvoisines ; mais c’est tout d’un coup, & en même tems. Ils sont affligés de vomissemens & d’une grande évacuation de matiere. Ils rendent d’abord les restes des alimens, puis des humeurs bilieuses tantôt jaunes, tantôt vertes ou noires, mêlées plus ou moins de mucosité, mais toujours corrosives, & accompagnées de rapports, de flatuosités, & quelquefois de sang. L’évacuation de toutes ces matieres se fait à différens intervalles, fort voisins les uns des autres. D’ailleurs on ressent encore dans les intestins des douleurs aigues avec picotemens, enflure du ventre, borborigmes, contorsions & convulsions. On est encore affligé d’anxiété, de nausées, de cardialgie ; & dans le reste du corps, de chaleur, d’inquiétude, de fievre, de frissons, de foiblesses.
Si le mal augmente, la soif devient grande, les extrémités entrent en convulsion ou se refroidissent ; le battement du cœur ne se fait plus selon l’ordre naturel ; le diaphragme est fatigué par des secousses de hoquet ; les urines sont retenues ; le corps se couvre de sueur froide ; on tombe dans des défaillances profondes, & qui tiennent quelquefois de la syncope. Enfin le visage pâlit, les yeux se ternissent, la voix est entrecoupée & le pouls foible, vacillant, venant bientôt à ne plus battre, le malade meurt. La terminaison de ce mal est prompte ; & s’il dure six jours, c’est qu’il dégénere en une autre maladie ; aussi Asclépiade la définit-il une évacuation très-vive & très-prompte des humeurs hors de l’estomac & des intestins, pour la distinguer de l’affection cœliaque, dans laquelle l’évacuation se fait avec moins de vivacité & de promptitude.
Le cholera-morbus est assez commun en été, plus en automne qu’au printems, & plus au printems qu’en hyver. Il se déclare presque toûjours à la fin de l’été, vers le commencement de l’automne, & alors c’est un mal quelquefois épidémique. Il est plus fréquent & plus cruel dans les pays chauds que dans les climats doux & tempérés. Aussi lisons-nous, dans l’histoire naturelle des Indes de Bontius, liv. IV. c. vj. & dans les voyages de Thevenot, part. l. II. ch. x. que les cholera sont endémiques parmi les habitans de l’Inde, de la Mauritanie, & de l’Amérique.
Dans la dissection des sujets morts du cholera, on trouve d’ordinaire les uns ou les autres des dérangemens suivans ; savoir les intestins grêles, surtout le duodenum & l’orifice droit de l’estomac, gangrenés, couverts de bile, & teints en jaune à l’extérieur ; les conduits biliaires excessivement relâchés ; la vesicule du fiel aggrandie, ou extrèmement flasque ; le canal cholidoque prodigieusement distendu, & quelquefois ouvert aux environs du pylore portant par ce moyen la bile dans l’estomac, ainsi que dans les intestins ; les veines de l’estomac gonflées de sang, & l’épiploon tombé ou froncé du côté de l’estomac. Voyez Act. med. Berol. dec. 11. vol. 8. Thomas Barthol. Cent. xj. hist. 81. Cabrolius, observ. anat. 6. Diemerbrock, anat. lib. I. cap. iij. Dolæus, Encycl. med, lib. III. cap. jv. Bonet, sepulchret. Riolan, anthropol. lib. II. cap. x. &c.
Son siége, ses causes & ses effets. Il s’ensuit de ces observations faites sur un grand nombre de cadavres, que quoique le siége du cholera soit dans l’estomac ou dans les intestins, on le doit établir particulierement dans le duodenum & dans les conduits biliaires : c’est par cette raison que toutes les parties du système nerveux, entre lesquelles il y a sympathie, sont ici affectées. Il n’est guere possible de fixer ailleurs le siége du cholera, si l’on considere attentivement sa cause matérielle ; car les matieres rendues, tant par le vomissement que par les selles, sont presque toûjours bilieuses, & ne varient, par rapport à la quantité de bile dont elles sont chargées, que du plus au moins : si elles prennent différentes couleurs, si elles sont tantôt jaunes ou vertes, & tantôt noires, c’est qu’il se joint à la bile des humeurs étrangeres, acides, pituiteuses, salines, & même du sang. Or le mêlange des matieres rendues par le vomissement ou par les selles, avec la quantité excessive de bile dont elles sont chargées, ne se peut faire que dans le duodenum ; c’est le seul des intestins qui donne lieu, par sa situation & ses courbures, à la formation & à l’accroissement des matieres acres ; & par l’influx qui s’y fait de la bile & du suc pancréatique, au mêlange de cette humeur avec ces matieres.
Le picotement de la tunique nerveuse, qui tapisse l’estomac & les intestins, est la cause immédiate du cholera, d’où suit la contraction convulsive de ces visceres, qui augmentée successivement par la qualité corrosive des matieres, cause des douleurs pungitives, lancinantes, avec la cardialgie. Cette contraction agit dans l’estomac & dans le duodenum de bas en-haut, contre l’ordre naturel ; au lieu que dans les autres intestins elle agit de haut en-bas ; c’est pourquoi il y a vomissement & diarrhée en même tems. La constriction spasmodique de toutes ces parties doit naturellement empêcher l’affluence des humeurs qui s’y portent en abondance, de repasser librement dans les veines. Par la conspiration des nerfs, le mal s’étend aux parties adjacentes ; c’est par ce moyen que les conduits biliaires sont affectés, irrités, & contraints de se vuider dans le duodenum : si l’agitation violente qui les accompagne passe jusqu’au cœur, il y aura palpitation ; si elle parvient au diaphragme, il y aura hoquet ; si elle se fait sentir à la vessie, il y aura dysurie ; si elle s’étend à la surface du corps, il y aura froideur des extrémités ; & si les membranes du cerveau & la moelle spinale en sont attaquées, il y aura mouvemens convulsifs & épileptiques.
La matiere peccante qui produit de si terribles effets doit être d’une nature extrèmement acre & caustique ; elle doit tenir quelque chose des poisons ; car les effets des poisons sur le corps, sont semblables aux symptomes du cholera.
Quant aux causes générales & particulieres qui peuvent produire cette maladie, elles sont en grand nombre, & il seroit difficile d’en faire l’énumération exacte. Il y a quelques causes procatarctiques qui peuvent s’y joindre, telles que la constitution chaude de l’atmosphere ; des débauches fréquentes de liqueurs pendant l’été ; des alimens gras, putrides, & bilieux, réunis aux liqueurs fermentées ; la chaleur & le refroidissement du corps qui succéderont aux débauches ; les passions violentes dans ces circonstances, &c.
Son prognostic. Comme cette maladie est des plus aiguës, on doit la juger mortelle ; le nombre & la violence des symptomes regleront le prognostic. Plus la matiere évacuée est corrosive, la soif & la chaleur violentes, plus le danger est grand : si l’on rend de la bile noire mêlée avec du sang noir, la mort est inévitable, dit Hippocrate ; la suppression des secrétions, la durée des symptomes avec la fievre, les défaillances, les convulsions, les hoquets, la froideur des extrémités, les sueurs colliquatives, la foiblesse du pouls, annoncent le même évenement ; l’absence au contraire de ces tristes symptomes donne des lueurs d’espérance. Si les vomissemens cessent, si le sommeil paroît, si la soif n’est point excessive ni la chaleur trop grande, si le malade se sent soulagé par les évacuations, si la diarrhée bilieuse diminue, si la sortie des flatuosités l’accompagne par l’anus, on peut annoncer la terminaison salutaire du cholera, & l’on doit conclure en particulier de la sortie des vents, que le mouvement péristaltique des intestins rentre dans l’état naturel.
Méthode curative. Le délai le plus court peut avoir les plus tristes suites dans le cholera ; il n’y a point de maladie qui demande des secours plus prompts : mais on doit se proposer pour la guérir les trois objets suivans ; 1° de corriger & tempérer la matiere peccante, & de l’expulser en même tems par des remedes convenables ; 2° de calmer & suspendre les mouvemens irréguliers ; 3° de rendre aux parties nerveuses les forces qu’elles ont perdues.
Pour parvenir au premier point, il faut faciliter & hâter l’évacuation, en donnant abondamment de l’eau chaude mêlée avec quelques mucilages. On rendra le ventre libre par des clysteres huileux & émolliens ; les bouillons les plus legers faits avec un poulet bouilli dans six pintes d’eau de fontaine, ensorte que la liqueur ait à peine le goût de la chair, sont excellens. Sydenham recommande de faire un grand usage de ces bouillons pris chaudement. Il en ordonne en même tems une grande quantité en clysteres, successivement, jusqu’à ce que le tout ait été reçû dans le corps, & en ait été rejetté par le vomissement & par les selles. On peut ajoûter, tant dans la partie qu’on donnera en boisson, que dans celle que l’on fera prendre par les clysteres, une once de syrop de laitue, de violettes, ou de pourpier. Au reste la liqueur seule produiroit assez d’effets. Au défaut d’eau de poulet, on peut substituer le posset, des décoctions d’orge ou d’avoine, qui tendent au même but ; par ce secours, l’estomac ayant été chargé à diverses fois d’une grande quantité de liqueurs prises par haut & par bas, & son mouvement déterminé pour ainsi dire en sens contraire, l’acrimonie des humeurs se trouvera délayée, diminuée, & évacuée, ce qui est le premier point de la guérison : le petit-lait est encore extrèmement propre à corriger l’acrimonie des humeurs, & à éteindre la soif des malades.
Mais l’usage des astringens, des alexipharmaques, des opiates, des purgatifs, des laxatifs, des vomitifs, qu’on employe ordinairement, est très-dangereux : car par les uns on réprime les premiers efforts de la sortie des humeurs, & l’on en prévient l’évacuation naturelle ; & par les laxatifs, les cathartiques, vomitifs, on augmente l’agitation & l’on produit un nouveau trouble, sans compter l’inconvénient de prolonger la maladie par ces moyens, & plusieurs autres desavantages.
Lorsque la matiere peccante sera évacuée, ce qui ne demande guere que 3 ou 4 heures, il faut calmer les mouvements par un narcotique, comme par exemple par 15 ou 20 gouttes de laudanum liquide. On peut y joindre les parégoriques externes, comme sont le cérat stomacal de mastic de Galien, les linimens d’huile nervine appliqués sur la région de l’estomac, & autres de ce genre.
Pour rendre aux parties les forces qu’elles ont perdues, on employera les remedes corroboratifs convenables, tels que sont dans cet état de foiblesse tous les alimens émolliens, l’orge bouillie dans de l’eau de poulet, les bouillons faits avec le veau, la volaille, les racines de chicorée, de persil ; le cerfeuil, les écrevisses broyées, & le suc de limon ; les émulsions faites avec les amandes, les semences froides édulcorées par du syrop de pavot : pour consommer la guérison, l’on pourra ajoûter ensuite les teintures chalybées ; il n’est pas nécessaire de recommander un régime sévere dans le commencement de la cure.
Si l’on étoit appellé auprès d’un malade épuisé par un vomissement & une diarrhée qui auroient duré 10 ou 12 heures, il faudroit recourir sur le champ à l’unique refuge en pareil cas ; j’entends un narcotique, du laudanum ; on le donnera non-seulement dans la violence des symptomes, mais on le répetera encore soir & matin, après la cessation du vomissement & de la diarrhée, jusqu’à ce que le malade ait recouvré ses forces & sa santé.
Si au contraire on étoit appellé dans le premier mouvement du cholera d’un homme robuste & pléthorique, rien n’est plus propre ni plus à propos que la saignée, pour prévenir l’inflammation & mitiger les symptomes ; mais il faut s’en abstenir, lorsque les forces commencent à s’épuiser.
Méthode de traitement du docteur Douglas. Entre tous les Medecins, il n’y en a point qui ayent décrit plus exactement le cholera que Cœlius Aurélianus, & Arétée, & point qui ayent indiqué un meilleur traitement de cette maladie ; les modernes n’y ont rien ajoûté ; ils se sont au contraire généralement écartés de la bonne pratique des anciens, presque oubliée dans ce royaume, mais qui à ce qu’on espere y reprendra faveur d’après l’autorité & les succès de Sydenham, succès que le docteur Ayton Douglas a dernierement confirmé par plusieurs expériences ; ce Medecin Ecossois mérite bien d’être écouté pour la clôture de cet article.
« Le cholera, dit-il, Observat. médicin. d’Edimbourg, tome VI. qui consiste dans de violens vomissemens & des évacuations par bas de bile, ou d’autres humeurs acres, est une maladie si meurtriere, qu’elle emporte quelquefois un homme en vingt-quatre heures, quand il ne peut être secouru par un bon Medecin, comme il arrive souvent à la campagne. Elle n’est pas moins dangereuse lorsqu’on la traite par une mauvaise méthode, telle qu’est celle que propose Ettmuller, qui recommande les vomitifs, les purgations, & les sudorifiques, ce qui me paroît être la même chose que si on jettoit de l’huile dans le feu. J’espere que mes compatriotes me sauront gré de la peine que je me donne de publier une maniere de guérir cette maladie par un remede qu’on a toûjours sous la main, qu’on trouve par-tout, même chez les paysans les plus pauvres, & que j’ai souvent mis en usage, & toûjours avec succès.
» Si les personnes qui sont attaquées de cette maladie ne sont pas trop épuisées, quand je suis appellé pour les voir, je leur fais boire largement & a trois ou quatre reprises de l’eau chaude, qu’ils rejettent toûjours par haut. Cette eau délaye l’acrimonie des humeurs, & les évacue en même tems. Immédiatement après, je leur conseille de boire à grands traits d’une décoction de pain d’avoine sans levain ni levure de bierre, bien rôti, & d’une couleur approchante de celle du caffé brûlé ; cette décoction doit avoir la couleur du caffé, quand elle est foible.
» J’ai toûjours remarqué que mes malades se soûmettoient sans peine à ce régime, leur soif étant généralement fort grande, & ils m’ont tous assûré que cette boisson leur étoit fort agréable. Je dois ajoûter ici que je n’en ai jamais vû aucun qui l’ait rejettée. Je me suis toûjours servi de pain d’avoine ; mais quand on n’en peut avoir, je ne doute pas qu’on ne puisse lui substituer le pain de froment, ou la farine de blé bien rôtie.
» Lorsque le malade est extrèmement épuisé par les grandes évacuations qu’il a souffertes par haut & par bas, la premiere chose que je lui donne est un grand verre de la décoction ci-dessus ; & quand les envies de vomir sont un peu appaisées, j’ordonne fréquemment une petite pilule d’opium, du poids de deux tiers de grain pour une personne ordinaire, & dont j’augmente ou diminue la dose, selon l’âge ou les forces du patient.
» Mais si le malade a des convulsions & les extrémités froides ; si son pouls est foible & intermittant, il faut alors donner une forte dose de laudanum liquide, parce qu’il agit plus promptement que l’opium : par exemple, on en prescrira vingt-cinq gouttes pour une personne ordinaire, dans une once de bonne eau de canelle, & par-dessus un coup de tel vin qui plaira davantage au malade, mêlé avec parties égales de la décoction. Après cela, il boira pour se desaltérer de ladite décoction, à laquelle on pourra même ajoûter de tems en tems un peu de vin, selon le besoin qu’on aura d’employer les cordiaux. Pour prévenir la rechûte que le malade ne pourroit pas soûtenir, il sera très-à-propos de réitérer soir & matin les calmans en petite quantité pendant quelques jours de suite, & il faut avoir attention de ne pas surcharger l’estomac, & de ne lui présenter que des alimens faciles à digérer, & qui lui conviennent.
» On observera que ces derniers remedes ne doivent être employés que lorsque le malade est entierement épuisé ; mais dans le cas ordinaire où les malades ne se trouvent pas encore beaucoup affoiblis, dans celui où l’on ne pourroit avoir des calmans, ou encore dans le cas où ils seroient absolument contraires à la constitution du malade, on pourra s’en tenir avec confiance à la décoction ci-dessus ».
Ce qui a engagé le docteur Douglas à communiquer sa maniere de traiter le cholera, est la réussite qu’elle a eûe d’abord sur lui-même, & puis sur un grand nombre de malades. En la recommandant aux Medecins cliniques, nous ne leur offrons point une fastueuse composition, où il entre du lapis, des émeraudes, des perles, du besoard oriental, remedes si ridiculement vantés dans cette maladie par de fameux virtuoses ; mais nous leur présentons une méthode curative fondée en raison & en expériences, appuyée de l’autorité de Celse, de Paul d’Egine, de Cœlius Aurélianus, d’Arétée, de Sydenham ; méthode justifiée par de nouveaux succès, facile dans l’exécution, & finalement recevable par sa simplicité. Les moyens les plus simples sont, en Medecine comme en Physique, en affaires & dans le cours de la vie, les plus convenables, les plus sûrs, & les plus efficaces. Art. de M. le C. de Jaucourt.