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lieu destiné à faire sécher. Les Tanneurs ont leur essui ; les Chamoiseurs, les Papetiers ont le leur.

EST, s. m. en Cosmographie, est l’un des points cardinaux de l’horison, celui où le premier vertical coupe l’horison, & qui est éloigné de 90 degrés du point nord ou sud de l’horison. Voyez Orient, Points cardinaux, Horison, &c.

Pour trouver la ligne & les points d’est & d’ouest, voyez Ligne méridienne.

Le vent d’est est celui qui souffle du point d’est. Voyez Vent. Il s’appelle en latin Eurus, & en italien Levante, vent de levant.

Le sud-est souffle entre le sud & l’est, à 45 degrés de ces points, le nord-est à 45 degrés du nord & de l’est, &c. Voyez Vent, Rhumb. (O)

ESTACADE, s. f. terme de Riviere, file de pieux moisés, assemblés & couronnés, pour empêcher les glaces d’entrer dans un bras de riviere, où l’on a mis les bateaux à l’abri. Il y en a une à la tête de l’ile Louvier.

ESTADOU, s. m. en terme de Tabletier Cornetier, est une espece de scie à deux lames, entre lesquelles il n’y a de distance que celle que l’on veut mettre entre les dents du peigne. Cet instrument est monté sur un fût de bois dont le manche est droit, & la partie qui contient ces lames, un peu courbée. L’estadou sert, comme on peut le voir, à ouvrir les dents d’un peigne.

ESTAIN, (Géog. mod.) ville du duché de Bar, en France. Long. 23. 18. lat. 49. 15.

Estains, s. m. pl. ou Cornieres, (Marine.) sont deux pieces de bois qui par leur courbure, forment une espece de doucine ; elle prend sa naissance sur l’étambot, à l’élévation des façons de l’arriere, & va aboutir aux extrémités de la lisse de hourdi. Voyez Marine, Planche IV. fig. 1. n°. 12.

Les estains sont unis à l’étambot & aux extrémités de la lisse de hourdi par des entailles & de grands clous chassés par-dehors, & comme ils font par leur réunion une varangue fort aculée avec une portion des genoux du couple extrème de l’arriere, leur dimension est pareille à celle des autres varangues. Par exemple dans un vaisseau de 176 piés de long sur 48 piés de large, l’estain a d’épaisseur sur le droit un pié deux pouces six lignes ; largeur sur le tour au pié, un pié trois pouces ; largeur sur le tour au bout d’en-haut, un pié un pouce.

Dans des vaisseaux de 151 piés de long sur 40 de large, l’estain aura d’épaisseur sur le droit 11 pouces cinq lignes de largeur ; sur le tour au pié, 10 pouces huit lignes de largeur ; sur le tour au bout d’en-haut, six piés 10 lignes, & ainsi à proportion de la force du vaisseau.

ESTAIRE, (Géog. mod.) ville des Pays-bas ; elle est située sur la Lis.

ESTALAGES, s. m. pl. (Forges.) partie du fourneau des grosses forges. Voyez l’article Grosses Forges.

ESTAMBOT, voyez Etambot.

ESTAME, s. f. (Comm.) Le fil d’estame qui s’appelle aussi fil d’estaim, est un fil de laine, plus tors qu’à l’ordinaire, qu’on employe à fabriquer des bas, des bonnets, des gans, soit au tricot, soit au métier. Les gans, les bas, les bonnets, &c. faits de ce fil, s’appellent gans d’estame, bas d’estame.

ESTAMES, s. m. (Comm.) petites étoffes de laine qui se fabriquent à Châlons-sur-Marne. Leur largeur doit être sur le métier d’une aulne sept huitiemes, & de trois quarts & demi, au retour du foulon.

ESTAMOY, s. m. Les Vitriers appellent ainsi un ais sur lequel est attachée une plaque de fer, où l’on fait fondre la soudure & la poix-résine.

ESTAMPE, s. f. (Gravure.) On appelle estampe,

une empreinte de traits qui ont été creusés dans une matiere solide. Pour parvenir à m’expliquer plus clairement, je vais remonter à la Gravure, comme à la cause dont l’estampe est l’effet ; & j’employerai dans cette explication les secours généraux qui m’ont été fournis par M. Mariette. Cet illustre amateur travaille à l’histoire de la Gravure, & à celle des fameux artistes qui ont gravé. Cet ouvrage, dont on peut juger d’avance par les connoissances de l’auteur, nous fournira sans doute des matériaux pour enrichir un second article que nous donnerons au mot Gravure, comme un supplément nécessaire à celui-ci.

Pour produire une estampe, on creuse des traits sur une matiere solide ; on remplit ces traits d’une couleur assez liquide pour se transmettre à une substance souple & humide, telle que le papier, la soie, le velin, &c. On applique cette substance sur les traits creusés, & remplis d’une couleur détrempée. On presse, au moyen d’une machine, la substance qui doit recevoir l’empreinte, contre le corps solide qui doit la donner ; on les sépare ensuite, & le papier, la soie ou le vélin, dépositaires des traits qui viennent de s’y imprimer, prennent alors le nom d’estampe.

Cette manœuvre (dont j’ai supprimé les détails, pour les réserver aux places qui leur sont destinées, telles que les articles Impression, Gravure, &c.) suffit pour faire entendre d’une maniere générale ce que signifie le mot estampe ; mais comme il y a plusieurs sortes d’estampes, & que l’art de les produire, par une singularité très-remarquable, est moderne, tandis que la Gravure a une origine si ancienne qu’on ne peut la fixer, je vais entrer dans quelques détails.

On ne peut douter de l’ancienneté de la Gravure, puisque, sans parler d’une infinité de citations & de preuves de toutes especes, les ouvrages des Egyptiens, qui existent encore, sur-tout leurs obélisques ornés de figures hyéroglifiques gravées, sont des preuves incontestables que cet art étoit en usage chez un des peuples les plus anciens qui nous soient connus. Il est même vraissemblable que pour fixer l’origine de cet art, il faudroit remonter à l’époque où les premiers hommes ont cherché les moyens de se faire entendre les uns aux autres sans le secours des sons de la voix. La premiere espece d’écriture a été sans doute un choix de figures & de traits marqués & enfoncés sur une matiere dure, qui pût, en résistant aux injures de l’air, transmettre leur signification ; & si cette conjecture est plausible, de quelle ancienneté ne peut pas se glorifier l’art de graver ? Cependant l’un de ses effets (le plus simple, & en même tems le plus précieux), l’art de multiplier à l’infini par des empreintes, les traits qu’il sait former, ne prend naissance que vers le milieu du xv. siecle. Les Italiens disent que ce fut un orfévre de Florence, nommé Maso ou Thomas Finiguerra, qui fit cette découverte. Les Allemands prétendent au contraire que la petite ville de Bockholt dans l’évêché de Munster, a été le berceau de l’art des estampes : ils nomment celui à qui l’on doit l’honneur de cette découverte ; ce fut, à ce qu’ils assûrent, un simple berger appellé François. Ce qui paroît certain, c’est que de quelque côté qu’elle soit venue, elle fut uniquement l’effet du hasard. Mais si l’industrie des hommes se voit ainsi humiliée par l’origine de la plus grande partie de ses plus singulieres inventions, elle peut s’enorgueillir par la perfection rapide à laquelle elle conduit en peu de tems les moyens nouveaux dont le hasard l’enrichit.

Un orfévre ou un berger s’apperçoit que quelques traits creusés sont reproduits sur une surface qui les a touchés, il ne faut pas trois siecles pour que toutes les connoissances humaines s’enrichissent par le