L’Encyclopédie/1re édition/ORIENT

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ORIENT, s. m. se dit dans l’Astronomie & dans la Géographie, du point de l’horison qui répond au levant, ou à l’est. Voyez Est & Levant. Ce mot vient du latin oriri, se lever, parce que c’est dans le point dont il s’agit, que le soleil paroît se lever. Voyez Lever.

Orient équinoctial, signifie le point de l’horison où le soleil se leve, quand il est dans l’équateur, c’est-à-dire, quand il entre en aries ou en libra. Voyez Printems & Automne.

Orient d’été, est le point où le soleil se leve au commencement de l’été, dans le tems des plus longs jours.

Orient d’hiver, est le point où le soleil se leve au solstice d’hiver, dans les tems des plus courts jours. Chambers. (O)

Orient, (Critique sacrée.) les Hébreux désignoient l’orient par kedem, qui signifie le devant ; ils l’entendoient souvent par rapport à la Judée ; magi ab oriente venerunt, Math. ij. 1. les mages vinrent de l’Arabie ou de la Chaldée, pays qui sont à l’orient de la Judée. Ils l’entendoient aussi à l’égard de la ville de Jérusalem ; qui mons est contra Jerusalem ad orientem. Zach. xiv. 4. la montagne des oliviers est vis-à-vis de Jérusalem vers l’orient. Ils l’entendoient encore par rapport au tabernacle, asperget digito septies ad orientem, Levit. xvj. 14. Ils prenoient même ce mot absolument, sicut fulgur exit ab oriente, Marc, xxiv. 27. Orient signifie quelquefois en général un pays éloigné, qui suscitavit ab oriente justum, Is. xlj. 2. qui a fait sortir le juste de l’orient. Enfin, il se prend pour J. C. le soleil de justice, visitavit nos oriens ex alto, Luc, j. 78. Jesus-Christ nous est venu visiter d’en haut. (D. J.)

Orient, empire d’(Hist.) c’est ainsi qu’on appella l’empire romain, lorsque Constantin par la vanité de faire une ville nouvelle, & de lui donner son nom, transporta le trône à Bizance. Alors on vit Rome presque entiere passer en orient ; les grands y menerent leurs esclaves, c’est à-dire presque tout le peuple, & l’Italie fut privée de ses habitans. Par cette division du sceptre les richesses allerent à Constantinople, & l’empire d’occident se trouva ruiné. Toutes les nations barbares y firent des invasions consécutives ; il alla de degré en degré de la décadence à la chûte, jusqu’à ce qu’il s’affaissa tout-à-coup sous Arcadius & sous Honorius.

Justinien reconquit à la vérité l’Afrique & l’Italie par la valeur de Bélisaire ; mais à peine furent-elles subjuguées, qu’il fallut les perdre. D’ailleurs Justinien désola ses sujets par des impôts excessifs, & finalement par un zele aveugle sur les matieres de religion. Animé de cette fureur, il dépeupla son pays, rendit incultes les provinces, & crut avoir augmenté le nombre des fideles, lorsqu’il n’avoit fait que diminuer celui des hommes. Par la seule destruction des Samaritains, la Palestine devint déserte, & il affoiblit justement l’empire par zele pour la Religion, du côté par où quelques regnes après, les Arabes pénétrerent pour la détruire.

Bien-tôt toutes les voies furent bonnes pour monter sur le trône : un centenier nommé Phocas, y fut élevé par le meurtre. On y alla par les présages, par les soldats, par le clergé, par le sénat, par les paysans, par le peuple de Constantinople, par celui des villes, des provinces, par le brigandage, par l’assassinat ; en un mot, par toutes sortes de crimes.

Les malheurs de l’empire croissant de jour en jour, on fut naturellement porté à attribuer les mauvais succès dans la guerre, & les traités honteux dans la paix, à la conduite de ceux qui gouvernoient. Les révolutions firent les révolutions ; & l’effet devint lui-même la cause. Comme les Grecs avoient vu passer successivement tant de diverses familles sur le trône, ils n’étoient attachés à aucune ; & la fortune ayant pris des empereurs dans toutes les conditions, il n’y avoit pas de naissance assez basse, ni de mérite si mince, qui pût ôter l’espérance.

Phocas dans la confusion étant mal affermi, Héraclius vint d’Afrique, & le fit mourir ; il trouva les provinces envahies, & les légions détruites.

A peine avoit-il donné quelque remede à ces maux, que les Arabes sortirent de leurs pays pour étendre la religion & l’empire que Mahomet avoit fondés d’une même main. Apôtres conquérans, comme avoit été leur chef, animés d’un zele ambitieux pour leur nouvelle doctrine, endurcis aux fatigues de la guerre, sobres par habitude, par superstition, & par politique, ils conduisoient sous l’étendart de leur prophete des troupes d’enthousiastes, avides de carnage & de butin, contre des peuples mal gouvernés, amollis par le luxe, livrés à tous les vices qu’entraîne l’opulence, & depuis long-tems épuisés par les guerres continuelles de leurs souverains. Aussi jamais progrès ne furent plus rapides que ceux des premiers successeurs de Mahomet.

Enfin, on vit s’élever en 1300 une nouvelle tempête imprévue qui accabla la Grece entiere. Semblables à cette nuée que vit le prophete, qui petite dans sa naissance, vint bien-tôt à couvrir le ciel, les Turcs méprisables en apparence dans leur origine, fondirent comme un tourbillon sur les états des empereurs grecs, passerent le Bosphore, se rendirent maîtres de l’Asie, & pousserent encore leurs conquêtes jusques dans les plus belles parties de l’Europe ; mais il suffit de dire ici, que Mahomet II. prit Constantinople en 1453, fit sa mosquée de l’église de sainte Sophie, & mit fin à l’empire d’orient, qui avoit duré 1123 années. Telle est la révolution des états. (D. J.)

Orient, (Commerce.) ce terme s’entend de toutes les parties du monde qui sont situées à notre égard vers les lieux où nous voyons lever le soleil. Il ne se dit néanmoins communément que de celles qui sont les plus éloignées de nous, comme la Chine, le Japon, le Mogol, & le reste de l’Inde, l’Arabie, & la Perse. Les autres dont nous sommes plus voisins, comme les îles de l’Archipel, & les côtes de la Méditerranée, où sont Constantinople, Smirne, Alep, Seyde, &c. même le Caire, ne sont connues dans le Commerce que sous le nom du Levant. (D. J.)

Orient, port de l’(Géog.) ou simplement Orient, port de France en Bretagne, au fond de la baie du Port-Louis, à l’embouchure de la riviere de Scorf, qui vient du pont Scorf. On y a bâti depuis environ 35 ans une ville, où la compagnie des Indes tient ordinairement ses gros magasins. Long. suivant Cassini, 14d. 8′. 40″. lat. 47d. 44′. 50″. (D. J.)