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ou dessaisit, pour en transmettre à un autre la propriété & possession.

Ce terme est opposé à celui de vest, où on expliquera ce qui touche cette matiere. (A)

DEVESTISSEMENT, s. m. (Jurispr.) signifie la même chose que devest. Voyez ci-devant Devest, & Vest. (A)

DEVEZE, (Géog. mod.) petite ville de l’Armanach en France ; elle est du diocese d’Auch.

* DEVIARIA, adj. (Myth.) surnom de Diane ; il lui venoit de ce que les chasseurs sont sujets à s’égarer.

DEVIATION, s. f. (Phys.) se dit en général du détour que prend un corps en s’écartant de sa direction ou de sa position naturelle.

Les anciens astronomes appelloient aussi déviation, le mouvement par lequel ils imaginoient que le déférent ou l’excentrique d’une planete s’approchoit de l’écliptique. En effet, les orbites des planetes étant inclinées au plan de l’écliptique, comme l’on sait, & coupant même ce plan, il est évident que les planetes s’approchent & s’éloignent de l’écliptique dans leurs mouvemens ; que quelquefois elles se trouvent sur l’écliptique même : ainsi le déférent qu’on imaginoit porter la planete dans l’ancienne astronomie, avoit un mouvement de déviation ; la plus grande déviation étoit égale à l’inclinaison même de l’orbite. Voyez Déférent, Inclinaison, &c. (O)

DEVIDER LE FIL, (Corderie.) c’est le rouler sur le touret. Voyez l’article Corderie.

Devider, terme de Manége. On dit qu’un cheval devide, lorsqu’en maniant sur ses voltes ses épaules vont trop vîte, & que la croupe ne suit pas à proportion, en sorte qu’au lieu d’aller de deux pistes il n’en marque qu’une. Cela vient de la résistance qu’il fait en se défendant contre les talons, ou de la faute du cavalier qui hâte trop la main. Voyez Volte, Piste. (V)

* Devider, (Ruban.) c’est l’action de mettre les soies, fils, filoselles, & autres, sur les rochets en bobines, qui étoient auparavant en bottes. La botte contient plusieurs pantines, la pantine plusieurs écheveaux ; c’est d’un de ces écheveaux qu’il est question pour le devidage. On prend un écheveau, & après avoir passé les deux mains dedans pour le secoüer à plusieurs reprises, ce qui sert à le décatir, c’est-à-dire détacher les brins d’ensemble que souvent l’humidité fait attacher ; après ce décatissage l’écheveau est mis sur les tournettes (voyez Tournettes), où étant, s’il se trouve trop gros, & que la soie soit extrèmement fine, il aura beaucoup de peine à souffrir le tour de la tournette : il faut en ce cas le diviser, autant qu’il est possible, en plusieurs petites écagnes ; ce qui se fait en cette maniere. Après avoir dénoüé ou cassé la centaine, on prend une portion ou petite quantité de cet écheveau, & à force de chercher à parvenir à cette division, en essayant à plusieurs reprises ce partage avec les doigts de la main droite, pendant que la gauche fait mouvoir ou tourner lentement la tournette, tantôt d’un côté tantôt de l’autre ; par ce moyen on parvient à se faire jour en écartant ce qui s’y oppose, rejettant sur une partie & reprenant une autre, selon qu’on le juge à propos, & tâchant de ne casser de ces brins que le moins qu’il est possible : car plus il y a de ces brins cassés, plus il est à craindre que la confusion ne s’y mette ; ce qu’il est très-nécessaire d’éviter. Cette opération faite, & les écagnes ainsi séparées, il en reste une sur les tournettes ; les autres après avoir été noüées séparément & avec soin, font mises dans un linge blanc pour attendre leur tour. Cette précaution est nécessaire, tant pour empêcher que l’air agissant sur les couleurs tendres

n’en altere l’éclat, que parce que ce même air rend les soies (toûjours dans la supposition d’une même finesse) bien plus cassantes. Pour les soies rondelettes on peut prendre moins de précaution ; quand on juge que l’écheveau souffrira le tour des tournettes, la division dont on vient de parler n’est pas nécessaire ; c’est toûjours autant de tems gagné, car cette division ne laisse pas d’en prendre considérablement : il est vrai que cette perte est bien réparée par la facilité avec laquelle on vient à bout de devider ces petites parties ; car moins une tournette est chargée, plus facilement tourne-t-elle : si l’écheveau est donc resté entier, on en trouve les bouts au moyen de la centaine où ils sont attachés : après avoir fait choix de l’un d’eux, & l’avoir fixé au moyen de plusieurs tours à l’entour du rochet ou bobine, on le devide, & en voilà la maniere. On a une broche de fer quarrée, menue, longue de quatorze, quinze ou seize pouces, très-menue par les bouts, & qui va en s’élargissant imperceptiblement jusqu’au milieu où elle a environ trois lignes sur chaque face. Il y en a qui se servent de broches rondes, d’autres qui se servent de broches tournées en spirale seulement à l’endroit de la main ; ceux-ci prétendent avoir plus de facilité à tourner cette broche par le secours de cette spirale ; chacun a sa méthode particuliere : cette broche, telle qu’elle soit, est mise dans le trou du rochet, où il doit demeurer fixé environ un tiers de la longueur de la broche, les deux autres tiers servant pour la faire tourner. Si le trou du rochet ou bobine se trouvoit trop grand, on le rempliroit d’autant de papier qu’il en seroit besoin, ou l’on prendroit une broche plus grosse. Il s’agit à présent de démontrer la façon de la faire agir ; c’est avec la main droite : mais il y a différentes positions de cette main. Lorsqu’on devide à la main (ce que l’on est souvent obligé de faire quand les soies sont très-fines ou l’écheveau embrouillé), la position est différente que lorsqu’on se sert du canon : en devidant à la main, les quatre doigts sont pliés de maniere que l’intérieur de la main forme une cavité arrondie dans toute la longueur de la paume ; l’auriculaire & l’annulaire touchent par l’extrémité à cette éminence qui est au bas du pouce, appellée muscle thénar ; le doigt mitoyen forme une portion de cercle le plus étendu, & l’index de cette même main est presque tout étendu : cette position formant à-peu-près un cone renversé, la broche est mise dans ce cone, & l’extrémité porte vers l’angle postérieur & externe de la paume ; & lorsqu’il s’agit de la faire tourner, cette action lui est communiquée par un mouvement demi-circulaire que forme le poignet du dedans en dehors ; la broche par ce moyen roule sur le doigt mitoyen & l’index, à l’extrémité desquels étant arrivée, elle est rechassée par le même mouvement du poignet vers l’articulation de la premiere phalange du doigt index, pour continuer toûjours de même à tourner du dehors en-dedans, lorsqu’on se sert de l’instrument appellé canon à devider. Voyez Canon à devider. Ce canon qui est passé dans la ceinture de la devideuse, sert à la soulager, puisque son bras droit peut être appuyé le long de son côté ; le bout inférieur de la broche est mis dans le trou du canon, & pour lors la main droite est plus ouverte, & les doigts plus étendus que dans le devidage à la main : la main cependant formant toûjours un demi-cercle, le mouvement est communiqué à la broche par celui des quatre doigts qui renvoye la broche contre l’articulation de la premiere phalange du doigt index, d’où elle descend en roulant le long de ces quatre doigts, à l’extrémité desquels étant parvenue, elle est de nouveau rechassée au lieu d’où elle vient, & toûjours de même de quelque maniere que l’on devide : le bout de soie qui s’enroule sur le rochet