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hussards en tiennent quelque reste. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

DESUNI, part. terme de Manége. Un cheval est desuni lorsqu’ayant commencé à galoper en avançant la jambe droite la premiere, il change de jambe & avance la gauche la premiere : il est desuni du derriere lorsqu’il avance la jambe droite de derriere au galop en même tems que la jambe droite de devant ; car à toutes les allures, excepté à l’amble, la jambe gauche de derriere doit marcher avec la jambe droite de devant, & ainsi des deux autres.

Se desunir est la même chose que desuni. Voyez Desuni. (V)

DESUNION, s. f. (Jurisp.) c’est la séparation de deux choses qui étoient unies ensemble.

Desunion de bénéfices, c’est lorsque l’on disjoint deux bénéfices qui avoient été unis ensemble : ce qui arrive lorsque l’union n’est pas réguliere, ou lorsque pour des considérations importantes on juge à-propos de desunir ce qui avoit été uni. Voyez bénéfice, Cure, & Union. (A)

Desunion de fief, c’est lorsqu’on desunit quelque portion d’un fief ou deux fiefs qui étoient réunis ensemble. Voyez ci-devant Démembrement de fief, & Fief, Jeu de fief & Réunion. (A)

Desunion de justice, on réunit quelquefois plusieurs justices ensemble pour en former une seule plus considérable. Il arrive aussi quelquefois que l’on en distrait ou desunit quelqu’une ; il n’y a que le roi qui puisse faire ces unions & desunions. Voyez Justice & Ressort. (A)

DÉTACHÉ, part. adj. terme de Musique, qui, mis au commencement d’un air, annonce qu’il doit être exécuté de maniere que les notes ne fassent pas un son continu, & qu’elles ne soient pas liées ensemble, mais détachées les unes des autres, & comme séparées par de petits silences. Ce mot revient à-peu-près au spiccato ou staccato des Italiens. (S)

Détaché, (Maréchal.) On dit qu’un cheval a le nerf bien détaché. Voyez Nerf.

DÉTACHEMENT, s. m. (Art milit.) est un corps particulier de gens de guerre qu’on envoye, ou pour s’emparer de quelque poste, ou pour former quelque entreprise sur l’ennemi. Ils sont plus ou moins considérables, suivant l’objet que le général se propose. On envoye aussi des détachemens en avant pour avoir des nouvelles de l’ennemi, & pour visiter les lieux par où l’armée doit passer. Ces détachemens doivent être composés de troupes legeres ou de hussards. Ces troupes doivent fouiller les villages qui sont sur la route de l’armée, pour s’assûrer s’il n’y a pas d’embuscades. Tout officier qui va en détachement doit prendre de grandes précautions pour n’être point enlevé ou coupé. Il ne doit avancer qu’avec circonspection, & en assûrant toûjours sa retraite.

Les détachemens se font par compagnies, pour partager entr’elles la perte qui peut arriver. Lorsqu’ils sont de deux ou trois mille hommes, c’est un lieutenant général qui les commande, ou un maréchal de camp, ou un brigadier. S’ils sont de huit cents, c’est un colonel, &c. Un capitaine ne marche jamais en détachement sans cinquante soldats. Un lieutenant commande ordinairement trente hommes, & un sergent dix, douze, ou quinze. Dans la cavalerie les mestres-de-camp ou colonels commandent des détachemens de trois ou quatre cents cavaliers. Les capitaines & les lieutenans commandent le même nombre d’hommes que dans l’infanterie. Les cornettes commandent vingt hommes : les maréchaux des logis quinze, & les brigadiers dix ou douze. (Q)

DÉTACHER, v. act. (Marine.) on dit détacher quelques vaisseaux pour aller à la découverte, ce

qui ne peut se faire que par l’ordre du commandant de l’escadre. (Z)

Détacher, se dit en Peinture lorsqu’il n’y a point de confusion entre les objets représentés dans un tableau, qu’ils paroissent bien de relief, & qu’ils semblent quitter leur fond & venir au spectateur. Le peintre fait bien de détacher ses figures. On dit : cette maison, cet arbre se détachent bien, sont bien détachés du ciel. (R)

Détacher la ruade (Maréchall.) c’est ruer vigoureusement. Voyez Ruer.

* DÉTAIL, s. m. (Gramm.) énumération étendue, ou des circonstances d’une action, ou des formes d’un corps, ou plus généralement des parties d’un tout quelconque.

Détail, (Architecture) Voyez Devis.

Détail, se dit dans l’Art militaire, de tout ce qui concerne l’ordre & la police des tems. Ainsi le détail d’une armée ou d’un corps de troupe comprend tout ce qui appartient aux régimens & à la discipline qu’on doit y observer. Les majors des régimens sont chargés du détail de leurs régimens : les capitaines le sont de celui qui regarde leurs compagnies, &c. Nous avons un ouvrage intitulé, détails militaires, par M. de Chenneviere. On y trouve le détail du service des commissaires des guerres, celui des hôpitaux, &c. (Q)

Détail, (Comm.) partage, division qu’on fait d’une chose en plusieurs parties ou morceaux.

On appelle marchand en détail celui qui vend la marchandise dont il fait négoce à plus petites mesures & à plus petits poids qu’il ne l’a achetée, qui la coupe & la divise pour en faire le débit. De ce nombre sont les Merciers qui achetent en pieces, par grosse, & à la livre, & qui revendent à l’aulne, à la douzaine, à l’once : les Cabaretiers & autres marchands de liqueurs qui achetent en muid, à la pipe, à la queue, &c. & qui revendent au pot, à la pinte, & à la bouteille : & les regratiers de sel, de grains, de légumes, qui achetent au muid, au septier & au minot, & qui débitent au boisseau & au litron, &c. Dictionn. de Comm. & de Trév. (G)

DÉTAILLER, v. act. (Comm.) les marchands appellent détailler lorsqu’ils ne vendent pas les balles entieres & sous corde, ou les pieces d’étoffes avec cap & queue, mais qu’ils les coupent ou les divisent pour en donner, soit à l’aulne, soit au poids, soit à quelqu’autre mesure ce que chacun de leurs chalands peuvent en demander & en avoir besoin.

Les marchands Bouchers appellent aussi détailler leur viande, la dépecer, la couper pour la vendre ensuite, ou à la livre, ou à la main. Dictionn. de Comm. & de Trév. (G)

DÉTAILLEUR, s. m. (Comm.) marchand qui vend en détail.

On appelle ordinairement marchands détailleurs ceux qui vendent en boutique, & marchands grossiers ceux qui vendent en magasin, quoiqu’il y ait des grossiers qui font leur commerce en boutique, & des détailleurs qui ont des magasins.

A Amsterdam il n’y a point de différence entre ces deux especes de marchands, chacun pouvant vendre sa marchandise en gros ou en détail, comme bon lui semble, excepté pourtant ceux qui font commerce d’eau-de-vie & de vins étrangers, & qui ne peuvent pas vendre moins de deux tonneaux de vin ou d’une piece d’eau-de-vie à la fois, à moins qu’ils ne se soient fait recevoir marchands de vin, n’y ayant que ceux qui ont cette qualité qui puissent faire le détail, & qui ont d’ailleurs la liberté de vendre en gros. Dictionn. de Comm. & de Trév. (G)

DÉTALER, (Comm.) serrer la marchandise que l’on avoit mise en étalage, fermer sa boutique.

Détaler, se dit aussi des marchands qui cou-