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Les voiles de l’arriere dérobent le vent à celles de l’avent. (Z)

Dérober (se) sous l’homme, (Manége.) se dit lorsqu’un cheval en galopant fait tout-à-coup & de lui-même pendant quelque tems des galops plus vifs & plus précipités pour desarçonner le cavalier & le jetter par terre. Voyez Galop, Desarçonner. (V)

Dérober, v. act. (Fauconnerie.) dérober les sonnettes se dit de l’oiseau qui emporte les sonnettes, c’est-à-dire qui s’en va sans être congédié.

DÉROCHER, v. act. terme de Doreur sur métal, c’est décrasser avec de l’eau-forte ou de l’eau seconde, le métal qu’on veut dorer d’or moulu. Voyez Dorure.

Dérocher, v. act. (Orfévr.) c’est faire manger le borax vitrifié le long des parties soudées, en les mettant pour quelque tems dans le blanchiment.

Dérocher, (Vénerie) se dit des grands oiseaux qui poursuivant les bêtes à quatre piés, les contraignent à se précipiter de la pointe des rochers en bas, pour éviter de tomber dans leurs serres.

On voit quelquefois les gros oiseaux dérocher les fans & les biches.

DÉROGATION, s. f. (Jurisprudence.) est un fait ou un acte contraire à quelque acte précédent.

La maxime générale en fait de dérogation, est que posteriora derogant prioribus.

Déroger à ses droits, à son privilége, c’est y renoncer.

Déroger à un acte précédent ou à une clause particuliere d’un acte, c’est lorsqu’on revoque ce qui a été fait, ou que l’on y contrevient tacitement en faisant ou stipulant quelque chose de contraire, ainsi il y a dérogation expresse & dérogation tacite.

Il est libre aux particuliers de déroger par leurs conventions aux dispositions des coûtumes & des ordonnances dans les points qui ne sont pas de droit public, & qui ne contiennent point de dispositions prohibitives & irritantes.

Il n’y a au surplus que le prince qui puisse déroger aux lois anciennes, c’est-à-dire les révoquer, soit expressément ou tacitement, en faisant une loi nouvelle & dérogeant à toutes lois contraires. (A)

DÉROGATOIRE, adj. (Jurisprud.) est ce qui déroge à quelque droit ou acte précédent.

On appelle clause dérogatoire celle qui contient une dérogation.

L’usage des clauses dérogatoires dans les testamens a été abrogé par la nouvelle ordonnance des testamens. Voyez Clause dérogatoire & Dérogation. (A)

DÉROGEANCE, s. f. (Jurisprud.) est un acte contraire à quelque dignité ou privilége, par lequel on est censé y renoncer, dont & en tout cas on est déchû.

Les ecclésiastiques qui font quelque trafic ou négoce à eux défendu par les canons, dérogent à leurs priviléges de cléricature.

Les personnes constituées en dignité qui font quelque chose d’indigne de leur état, dérogent, & peuvent être destituées de leur place.

La noblesse se perd aussi par des actes de dérogeance, comme quand les nobles font quelque trafic ou négoce en détail, ou autre acte indigne de la noblesse, ils sont alors déchûs des priviléges, & les enfans qui naissent depuis les actes de dérogeance ne sont point nobles ; mais ceux qui sont nés auparavant & qui n’ont point dérogé personnellement, conservent la noblesse, à la différence de ce qui arrive dans le cas de la dégradation de noblesse prononcée contre le pere qui en prive aussi les enfans, quoique nés avant la condamnation. Voyez Dégradation, Noblesse, Taille. (A)

DÉROMPOIR, s. m. terme de Papeterie, c’est une espece de table de bois O, garnie de rebords de tous côtés, au milieu de laquelle est enfoncée perpendiculairement un instrument tranchant ou morceau de faux E, pour couper le drapeau en petits morceaux au sortir du pourrissoir & avant que de le mettre dans les piles du moulin. Voyez Planche I. de Papeterie, fig. 2.

DÉROMPRE, v. act. (Fauconnerie.) se dit d’un oiseau de proie qui fond sur un autre, & qui de ses cuisses & de ses serres lui donne un coup si furieux qu’il rompt son vol, l’étourdit & le meurtrit en le faisant tomber à terre tout rompu & tout brisé. On dit le faucon vient de dérompre sa proie.

DÉROQUER, v. adj. (Fauconnerie.) c’est faire sauter quelque chose de la pointe d’un rocher en bas, c’est la même chose que dérocher.

DÉROTE ou DÉRONTE, (Géog. mod.) ville d’Egypte, située dans une île qui forme le canal qui va du Caire à Rosette. Longit. 49, lat. 30, 40.

DÉROUTE, s. f. (Art. Milit.) se dit de la défaite & de la fuite d’une armée. Les officiers tâchent de rallier les soldats dans une déroute. Voyez Ralliement & Défaite.

Les armées sont souvent battues sans être mises en déroute. Lorsqu’une armée conserve en se retirant son ordre de bataille, que les bataillons & les escadrons marchent en bon ordre, l’abandon que l’armée fait alors du champ de bataille s’appelle retraite. Voyez Retraite. Mais elle est en déroute lorsque les troupes ne sont plus ensemble, & que chacun s’en va sans ordre & sans arrangement. (Q)

Déroute, en terme de Commerce, signifie le desordre qui se met dans les affaires d’un marchand, négociant, ou banquier. Dictionn. de commerce & de Trév. (G)

DERP, (Géog. mod.) ville de Livonie : elle est située proche la riviere d’Ambeck. Long. 45. 10. lat. 58. 10.

DERRIERE, s. m. (Maréch.) en parlant du cheval, s’entend de la croupe. Train de derriere, voyez Croupe. Train de derriere ouvert, serré du derriere, Voyez Train ouvert, Serré, Haut du derriere. (V)

Derriere, (Vénerie.) c’est le terme dont on doit se servir quand on veut arrêter un chien & le faire demeurer derriere soi. On dit derriere, derriere.

DERVIS, s. m. (Hist. orient.) sorte de religieux mahométans que nous allons faire connoître d’après M. de Tournefort, un de ces rares voyageurs aux rapports duquel on peut donner croyance.

Ce sont, dit-il, de maîtres moines qui vivent en communauté dans des monasteres sous la conduite d’un supérieur, lequel s’applique particulierement à la prédication. Ces dervis font vœu de pauvreté, de chasteté, & d’obéissance ; mais ils se dispensent aisément des deux premiers, & même ils sortent de leur ordre sans scandale pour se marier quand l’envie leur en prend. Les Turcs tiennent pour maxime que la tête de l’homme est trop légere pour être longtems dans la même disposition ; & c’est une maxime incontestable. Le général de l’ordre des dervis réside à Cogna, qui est l’ancienne ville d’Iconium, capitale de la Lycaonie dans l’Asie mineure. Ottoman premier empereur des Turcs érigea le supérieur du couvent de cette ville en chef-d’ordre, & accorda de grands priviléges à cette maison. On assûre qu’elle entretient plus de cinq cents religieux, & que leur fondateur fut un sultan de la même ville appellé Meleleva, d’où vient qu’on les appelle les melelevis : ils ont le tombeau de ce sultan dans leur couvent. Quelques-uns ajoûtent au récit de M. de Tournefort, que lorsque le chapitre général se tient dans ce cou-