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pliquent indistinctement dans les pastorales greques, les hameaux des environs de Paris ; dans les tragédies romaines, nos décorations françoises ; dans leurs temples, des ornemens chimériques & hasardés : qui nous présentent des carrefours au lieu de places publiques, des colonades, des pérystiles, des portiques aussi peu relatifs à l’exécution, que peu vraissemblables ; & où on ne remarque enfin ni correction, ni effet, ni plan, ni ensemble ; déréglement dont on ne parviendra jamais à corriger l’abus, qu’en envoyant passer plusieurs années de suite en Italie, les sujets qu’on destine aux décorations théatrales, comme la seule école qui soit en Europe pour ce genre de talens, Paris manquant absolument d’artistes à cet égard. Voy. Decoration ci-dessus. (P)

Décoration, (Jardin.) Cette partie qui dépend entierement du génie, est pour ainsi dire la maniere d’inventer & de distribuer les beaux jardins. Voyez Distribution.

On pourroit entendre par décoration, les ornemens qui contribuent à embellir un jardin : il ne peut être mieux décoré que par de belles figures, des vases, des canaux, des fontaines, des cascades, des portiques, des treillages, des caisses d’orangers, & des théatres, gradins & pots de fleurs.

La décoration regarde encore les changemens de scenes occasionnés par les fleurs des saisons : il y en a trois.

Celle du printems dure pendant les mois de Mars, Avril & Mai, & présente en oignons, pattes, & griffes, les tulippes, les anemones, renoncules de Tripoli, les jonquilles, bassinets, jacinthes, iris, narcisses, ciclamen printanier, couronne impériale, crocus.

En plantes & racines, les oreilles d’ours, hépatiques, pensées, giroflées, primevers, violettes, marguerites, muguet.

La décoration de l’été regne dans les mois de Juin, Juillet & Août, & est moins abondante en oignons ; mais elle est très-riche en plantes & racines.

En oignons & pattes, les tulippes tardives, les lys, martagons, frittilaires, pivoines, hémerocales, tubéreuses.

En plantes & racines, les œillets, la véronique, les campanelles, les croix de Jérusalem, mignardise, sain-foin d’Espagne, coque lourde, jassée, giroflée, persicaire, fraxinelle, scabieuse, marjolaine, genêt d’Espagne, thlaspi, pavots, piés d’aloüette, balsamines, tournesols, julienne, aconit, matricaire, valérienne, coquelicot, camomille, muscipula, muffle de lion, immortelle, basilic, œil de bœuf, statissée.

L’automne qui comprend les mois de Septembre, d’Octobre & de Novembre, offre dans sa décoration en oignons ;

La tubéreuse, le crocus, & le ciclamen automnal.

En plantes & racines, les amarantes, les passe-velours, tricolor, oculus-christi, souci, belle-de-nuit, palma-christi, roses d’Inde, œillets d’Inde, valérienne, roses trenieres, reine-marguerite, œillets de la Chine, volubilis. (K)

DECORDER. Décorder les moules, terme de Perruquier qui signifie détacher & ôter les ficelles qu’on avoit mises sur les moules pour assujettir les cheveux qu’on y avoit roulés, & les empêcher de se défriser. Cette opération se fait lorsque les cheveux ont été cuits suffisamment dans le four, & qu’ils sont refroidis.

DECORTICATION, s. f. (Pharmac.) est l’action d’écorcer ou de peler des racines, des graines, des fruits, des branches d’arbres, &c. ou de les dégarnir de leur écorce, de leur peau, de leur cosse, &c. Voyez Ecorce.

DECOUDRE, v. act. c’est en général desassembler ce qui n’étoit uni que par une couture. Voyez Coudre.

Découdre, (Marine.) c’est décloüer quelques pieces du bordage ou du serrage ; ce qui se fait lorsqu’on a besoin de voir s’il n’y a pas quelque chose de défectueux sous ces pieces. (Z)

DECOUPÉ, adj. en Blason, est un mot qu’on applique à une piece de l’écusson, par exemple à une croix dont les lignes extérieures sont découpées.

Il porte de sable à la croix découpée.

Découpé est différent d’avec édenté, en ce que le dernier est régulier, mais le premier ne l’est pas. Voyez Édenté.

Ce blason est bien ancien : Jule César portoit pour symbole une tête de sanglier sur un bâton découpé.

Découpé se dit aussi au lieu de tronqué & coupé, & s’applique à une branche qui a été sciée à un arbre ou à une tige qui a été coupée & séparée de la racine. Chambers.

Ronqueroles, de gueules découpé d’argent. (V)

DECOUPER, en termes de Blondier, c’est l’action de diviser à la main les centaines qui composent une écale, en tournant la matiere autour de deux tournettes. Voyez cette opération décrite plus au long à l’article Blonde.

Découper, en terme de Boutonnier ; c’est l’action de retrancher d’un cerceau tout ce qui est superflu au dessein qu’on veut lui faire prendre. On a pour cela des emportes-piece gravés en creux de ces desseins, semblables à ceux du fleuriste artificiel ; on place le cerceau battu sur un billot, ou quelque chose de cette nature, & on frappe sur la tête de l’emporte-piece qui couvre le cerceau entierement, & par-là celui-ci se trouve découpé d’un seul coup.

Découper, en terme de Découpeur ; c’est former divers desseins dans une piece d’étoffe avec des fers faits à cet effet.

Découper, (Jardin.) On dit d’un parterre où l’on veut élever des fleurs, qu’il faut le découper en différentes pieces. (K)

DECOUPEUR, ouvrier qui fait des desseins sur des étoffes par le moyen de fers gravés qu’il y applique à chaud.

Cette espece d’ouvriers forme une communauté peu nombreuse à Paris. Ils ont été séparés de celle des Brodeurs dont ils étoient membres autrefois. La mode des découpures étant venue, cette communauté se vit composée de plus de soixante maîtres à leur aise ; mais le tems de la nouveauté étant passé, ces ouvrages sont fort déchûs, & le nombre des maîtres se réduit à huit, qui sont même encore peu occupés.

Découpeur, s. m. (Pêche de la baleine.) ceux des matelots qui débitent en petits morceaux les grandes pieces de lard qu’on enleve de dessus le poisson. Les découpeurs sont armés d’un couteau très-plat, & ils sont couverts de haillons pour se garantir de la graisse, dont l’effet sur les parties nues du corps passe pour fort dangereux.

DECOUPEUSE, s. f. (Gazier.) c’est une ouvriere occupée à couper les fils de la trame, qui quand sa gaze figurée est faite, remplissent les intervalles des fleurs entre elles. Voyez l’article Gaze. Cette matiere tantôt fil, tantôt fil & soie, est en quantité très-considérable, & pourroit être employée à quelqu’usage, comme à la fabrique du papier. La découpure de la gaze peut être de ressource à toutes les personnes du sexe qui manquent de fortune, & qui seroient bien-aises de trouver une occupation qui n’exigeât qu’un peu d’adresse, & qui fournît dequoi subsister.