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appuyant l’autre extrémité sur le coin qu’on a dessein de chasser de haut ou de bas.

DÉCOLLATION, s. f. (Hist. ecclés.) ce mot n’est guere d’usage en françois que pour exprimer le martyre de S. Jean-Baptiste, à qui Hérode, comme on sait, fit couper la tête. Il se dit même moins fréquemment du martyre de ce saint, que de la fête qu’on célebre en mémoire de ce martyre, ou des tableaux de S. Jean dans lesquels la tête est représentée séparée du tronc.

On dit qu’un ambassadeur de France à Constantinople, montroit un jour à Mahomet II. une décollation de S. Jean admirablement représentée ; le grand-seigneur n’y trouvoit d’autre défaut, sinon que le peintre n’avoit pas observé que quand un homme est décapité, la peau se retire un peu en arriere. Le prince voulant en convaincre l’ambassadeur, fit à l’instant décapiter un homme & apporter la tête, afin de servir de preuve de ce qu’il disoit. Tel est le récit de Catherinot, traité de la Peinture. Mais il est très-douteux que ce fait soit arrivé à un ambassadeur de France : on prétend que ce fut à Jacques Bellin, fameux peintre de Venise, que cette avanture arriva. Chambers. (G)

DÉCOLLÉ, adj. voyez Décapiter. (Jurispr.)

DÉCOLLEMENT, s. m. en terme de Charpenterie, est une entaille que l’on pratique du côté de l’épaulement, pour dérober la mortoise.

DÉCOLLER (se), Jard. se dit de la tige d’un arbre, qui par une altération de la seve se détache du pié, à l’endroit de la greffe. (K)

DÉCOMBRER, v. act. (Architect.) c’est enlever les gravois d’un attelier de bâtiment.

Décombrer une carriere, se dit pour en faire l’ouverture & la fouiller. (P)

DÉCOMBRES, s. f. plur. (Architect.) ce sont les moindres matériaux de la démolition d’un bâtiment qui ne sont de nulle valeur, comme les menus plâtras, gravois, recoupes, &c. qu’on envoye aux champs pour affermir les aires des chemins. (P)

Décombres & Vuidanges d’un attelier de construction. (Marine.) On appelle décombres, tous les copeaux, bouts de bois, & autres petites pieces qui sortent de la coupe & du travail des bois ; on permet aux ouvriers de les enlever du chantier, pour faire place nette, quoique l’ordonnance de la Marine de 1689 défende sous peine d’un écu d’amende aux ouvriers d’emporter aucun morceau de bois & copeaux. Voyez Débris. (Z)

DÉCOMPOSÉ, adj. (Chim.) decompositum, terme employé par Becher & par Stahl, pour désigner les corps formés par l’union chimique de deux ou de plusieurs composés. Voyez Mixtion. Nous nous servons plus communément dans le même sens du mot de surcomposé. (b)

DÉCOMPOSITION DES FORCES, (Méchan.) On a vû à l’article Composition, que deux ou plusieurs puissances qui agissent à la fois sur un corps, peuvent être réduites à une seule, & on a expliqué de quelle maniere se fait cette réduction : c’est ce qu’on appelle composition des forces. Réciproquement on peut transformer une puissance qui agit sur un corps en deux autres ; leurs directions & leurs valeurs seront représentées par les côtés d’un parallélogramme, dont la diagonale représentera la direction & la valeur de la puissance donnée ; il est visible que chacune de ces deux puissances, ou l’une des deux seulement, peut se changer de même en deux autres. Cette division, pour ainsi dire, d’une puissance en plusieurs autres s’appelle décomposition. Elle est d’un usage extrème dans la Statique & dans la Méchanique ; & M. Varignon entre autres en a fait beaucoup d’usage pour déterminer les forces des machines, dans son projet d’une nouvelle méchani-

que, & dans sa nouvelle méchanique imprimée depuis

sa mort. Voyez-en un exemple à l’article Coin. Quand une puissance A fait équilibre à plusieurs autres B, C, D, &c. il faut qu’en décomposant cette puissance en plusieurs autres que j’appellerai b, c, d, &c. & qui soient dans la direction de B, de C, & de D, les puissances b, c, d, soient égales aux puissances B, C, D, & agissent en sens contraire. Voyez Machine funiculaire. Quand une puissance ne peut exercer toute sa force à cause d’un obstacle qui l’arrête en partie, il faut la décomposer en deux autres, dont l’une soit entierement anéantie par l’obstacle, & dont l’autre ne soit nullement arrêtée par l’obstacle. Ainsi quand un corps pesant est posé sur un plan incliné, on décompose la pesanteur en deux forces, l’une perpendiculaire au plan, que le plan détruit entierement ; l’autre parallele au plan, que le plan n’empêche nullement d’agir. Quand plusieurs puissances agissent de quelque maniere que ce puisse être, & se nuisent en partie, il faut les décomposer en deux ou plusieurs autres, dont les unes se détruisent tout-à-fait, & les autres ne se nuisent nullement. C’est-là le grand principe de la Dynamique. Voyez ce mot.

On se sert aussi des mots décomposition & décomposer dans d’autres parties des Mathématiques, lorsqu’il est question en général de diviser un tout en plusieurs parties ; par exemple on décompose un polygone quelconque en triangles, pour en trouver la surface ; on décompose une équation en plusieurs membres ou en plusieurs équations partielles, afin de la résoudre ; en décompose un produit dans ses facteurs, &c.

Au reste, quand on décompose une puissance en Méchanique, il ne faut pas croire que les puissances composantes ne fassent qu’un tout égal à la composée ; la somme des puissances composantes est toûjours plus grande, par la raison que la somme des côtés d’un parallélogramme est toûjours plus grande que la diagonale. Cependant ces puissances n’équivalent qu’à la puissance simple, que la diagonale représente ; parce qu’elles se détruisent en partie, & sont en partie conspirantes. Voyez Conspirantes & Composition. (O)

Décomposition, s. f. se dit, en Medecine, en parlant des humeurs composées de globules ou molécules, dont les parties intégrantes se séparent les unes des autres, se résolvent en un fluide plus atténué : soit par l’action naturelle des organes qui constitue la vie ; ainsi les globules du sang étant décomposés, fournissent chacun six globules séreux, selon Lewenhoeck, &c. soit par l’action contre nature des solides sur les fluides, qui dissout ceux-ci en parties plus atténuées, qui sont plus susceptibles d’être portées hors du corps, & de s’échapper par la voie des humeurs excrémentitielles : ainsi la fievre par son activité & sa continuité, décompose le sang, le dissout, le dissipe par les sueurs, ou le dispose à fournir la matiere de l’hydropisie, quelquefois même celle de la jaunisse, lorsqu’il ne se porte presque dans les vaisseaux sanguins de la peau, que des globules jaunes, au lieu des rouges, qui ont été décomposés en sérosité du premier genre. Voyez Sang, Fievre, Hydropisie, Jaunisse. (d)

Décomposition, (Chim.) réduction d’un corps en ses principes. Nous exposerons la doctrine des Chimistes modernes sur cette partie essentielle de la Chimie pratique, & la maniere générale d’y procéder, au mot principe. Voyez Principe.

La décomposition chimique est plus connue dans l’art sous le nom d’analyse. Elle est encore désignée par divers chimistes sous les noms de dissolution, résolution, corruption. (b)

DÉCOMPTE, s. m. (Jurispr.) signifie ce qu’un