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ges, on trouve des chiffres expliqués, mais sans que la méthode y soit jointe : celle que nous donnons ici ; pourra servir dans plusieurs cas ; mais il y a toûjours bien des chiffres qui se refuseront à quelque méthode que ce puisse être. Voyez Chiffre.

On peut rapporter à l’art de déchiffrer, la découverte des notes de Tyron par M. l’abbé Carpentier (voyez Notes de Tyron) ; & celle des caracteres Palmyréniens, récemment faite par M. l’abbé Barthelemy de l’académie des Belles-Lettres. Voyez Palmyre. (O)

DÉCHIQUETER, v. act. en terme de Potier de terre, c’est l’action de faire plusieurs-trous à une piece avec la pointe de la palette (Voyez Palette), à l’endroit où l’on veut appliquer une oreille, un manche, &c.

DÉCHIRAGE (bois de), Comm. c’est ainsi que l’on appelle le bois qui provient de vieux bateaux que l’on dépece.

DÉCHIRÉ, adj. en Anatomie, se dit de quelques trous de la base du crane, ainsi nommés parce que leurs bords sont en partie dentelés. C’est dans ce sens que l’on dit : le trou déchiré antérieur, le postérieur de la base du crane, &c. (L)

DÉCHIREMENT, s. m. (Chir.) Le déchirement ou la dilacération est une solution de continuité faite en longueur dans des parties membraneuses du corps humain, soit extérieurement par accident, soit intérieurement par effort ou par maladie.

La différence est legere entre la solution de continuité produite par la contusion, ou le déchirement, parce que dans l’une & dans l’autre la séparation des fibres est inégale : cependant elle se fait dans le déchirement par allongement ou extension ; au lieu que dans la contusion, c’est par brisement, par compression. Le déchirement est moins dangereux que la contusion, parce qu’il porte rarement sur les parties subjacentes.

Il faut dans la cure tâcher d’éviter que les parties déchirées ne souffrent pas une trop grande distension, & qu’elles ne soient pas trop desséchées. Il faut encore éviter, s’il est possible, le dépôt sur la partie maltraitée par le déchirement des fibres, des muscles, & des membranes ; mais comme en général le diagnostic, le prognostic, & la méthode curative de la dilacération, sont presque les mêmes que dans la contusion, nous ne nous y arrêterons pas davantage. Voy. Contusion. Article de M. le Chev. de Jaucourt.

DÉCHIRER, (Hyd.) On dit qu’une nappe d’eau se déchire, quand l’eau se sépare avant que de tomber dans le bassin d’en-bas. Souvent quand on n’a pas assez d’eau pour fournir une nappe, on la déchire ; c’est-à-dire que pratiquant sur les bords de la coquille ou de la coupe des ressauts de pierre ou de plomb, l’eau ne tombe que par espaces : ce qui fait un assez bel effet, quand ces déchirures sont ménagées avec intelligence. (K)

DÉCHIREURS, s. m. pl. terme de riviere, officiers sur les ports, établis pour empêcher qu’on ne déchire aucun bateau propre à la navigation.

Déchireurs de bateaux, terme de riviere, ouvriers qui achetent des bateaux qui ne sont plus en état de servir, qui les déchirent, & en vendent les planches & débris.

DÉCHOUER, v. act. (Marine.) c’est relever un bâtiment qui a touché ou échoüé sur un fond où il n’y a pas assez d’eau pour lui, & le remettre à flot. (Z)

DÉCHÛ, part. (Jurispr.) signifie exclus. Etre déchû de ses droits, c’est les avoir perdu. On est déchû de son appel, lorsqu’il y a un jugement par défaut qui donne congé à l’intimé ; & pour le profit, déclare le défaillant déchû de son appel : cela s’appelle en style de palais, un congé déchû de l’appel. (A)

DÉCIDER, JUGER, syn. (Gram.) ces mots dé-

signent en général l’action de prendre son parti sur une opinion douteuse, ou réputée telle. Voici les

nuances qui les distinguent. On décide une contestation & une question ; on juge une personne & un ouvrage. Les particuliers & les arbitres décident ; les corps & les magistrats jugent. On décide quelqu’un à prendre un parti ; on juge qu’il en prendra un. Décider differe aussi de juger, en ce que ce dernier désigne simplement l’action de l’esprit, qui prend son parti sur une chose après l’avoir examinée, & qui prend ce parti pour lui seul, souvent même sans le communiquer aux autres ; au lieu que décider suppose un avis prononcé, souvent même sans examen. On peut dire en ce sens, que les Journalistes décident, & que les connoisseurs jugent. (O)

DÉCIL ou DEXTIL, adj. terme d’Astronomie ou plûtôt d’Astrologie, qui signifie l’aspect ou la position de deux planetes éloignées l’une de l’autre de la dixieme partie du zodiaque, ou de 36 degrés. Ce mot n’est plus en usage depuis que l’Astrologie est proscrite. Voyez Aspect & Astrologie. (O)

DÉCIMABLE, adj. (Jurispr.) signifie qui est sujet à la dixme. Il y a des fruits décimables, & d’autres qui ne le sont pas : ce qui dépend des titres & de l’usage de chaque pays. Voyez ci après Dixme. (A)

DÉCIMAL, adj. (Arithm.) L’arithmétique décimale est l’art de calculer par les fractions décimales. Cette arithmétique a été inventée par Regiomontanus, qui s’en est servi dans la construction des tables des sinus. Voyez Arithmétique & Fraction.

Les fractions décimales sont celles dont le dénominateur est 1, suivi d’un ou plusieurs zéros, comme 10, 100, 1000, 10000 ; ainsi , , , &c. sont des fractions décimales.

Quand on écrit des fractions décimales, on supprime ordinairement le dénominateur, & en sa place on met un point au-devant du numérateur ; ainsi  ;  ; de même .125 exprime cent vingt-cinq parties d’une chose quelconque divisée en mille parties.

Comme les zéros, que l’on écrit à la droite des nombres entiers, les font croître en raison décuple (puisque 2 devient 10 fois plus grand, ou 20, en lui mettant un zéro vers la droite) ; les fractions décimales décroissent pareillement en raison décuple, ou croissent en raison sous-décuple, c’est-à-dire deviennent dix fois plus petites, en leur mettant des zéros sur la gauche. Si vous voulez donc rendre la fraction décimale .5 dix fois plus petite, c’est-à-dire, si vous voulez qu’elle n’exprime que des centiemes, écrivez .05.

Les zéros que l’on met à la droite des décimales ne signifient rien ; ils ne servent qu’à remplir des places : ainsi .5000 ne vaut pas plus que .5 : c’est la même chose, dans un sens opposé, par rapport aux nombres entiers : 0005 ne vaut que 5.

Pour réduire une fraction ordinaire quelconque, telle que , à une fraction décimale dont le dénominateur soit 1000, sans changer sa valeur, faites cette regle de trois.

Le dénominateur 8 de la fraction proposée est à son numérateur 5, comme le dénominateur donné 1000 est à un quatrieme terme, qui sera le numérateur de la nouvelle fraction, dont le dénominateur est 1000. Après avoir fait le calcul, on trouvera que ce quatrieme terme est , ou, suivant l’expression décimale, .625 : ainsi la fraction décimale .

On opere sur les fractions décimales de la même maniere que sur les entiers. L’attention particuliere qu’elles demandent, a rapport uniquement au point qui doit séparer les décimales des entiers. Nous allons faire voir comment cela s’exécute.