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que le tour est ainsi fini, chacun étale sa carte sur la table, & celui ou ceux qui ont la plus basse carte, payent un jetton au jeu, qu’ils mettent dans un corbillon qui est exprès au milieu de la table. Il peut se faire que quatre joüeurs payent à la fois, & c’est toûjours la plus basse espece des cartes qui soit sur le jeu, qui paye. Les as payent toûjours, quand il y en a sur le jeu ; & au défaut des as, les deux ; au défaut des deux, les trois, & ainsi des autres. L’avantage de celui qui mêle, est qu’il a trois cartes sur lesquelles il peut choisir celle qu’il veut pour lui. Chacun mêle à son tour ; & quand quelqu’un des joüeurs a perdu tous ses jettons, il se retire du jeu, n’y ayant plus d’espérance pour lui. Celui au contraire qui conserve encore des jettons quand les autres n’en ont plus, gagne la partie, & prend tout ce qui a été déposé dans le corbillon.

COUCOUME, (Teint. Voyez Terra-merita, ou l’article Teinture.

COUCY, (Géogr. mod.) ville de France dans le Laonois, près de la riviere d’Oyse. Long. 20. 58. lat. 48. 30.

COUDE, s. m. en Anatomie ; c’est l’angle extérieur formé par la flexion du bras. Voyez Bras.

Cette éminence sur laquelle le bras pose, & que nous appellons coude, s’appelloit en latin cubitus, & en grec ανκών, ou par d’autres ὀλεκρανον. (L)

Coude, (l’os du) cubitus, en terme d’Anatomie ; est un des os du bras qui va depuis le coude jusqu’au poignet : on l’appelle aussi cubitus. Voyez Cubitus.

Coude, en Architecture, est un angle obtus dans la continuité d’un mur de face ou mitoyen, considéré par-dehors, & un pli par-dedans. On doit supprimer, autant qu’il est possible, les coudes des murs de faces des bâtimens sur la rue, pour rendre ces dernieres plus droites. Je trouve que cette partie essentielle pour l’agrément d’une capitale, est trop négligée à Paris. (P)

Coude, en terme de Chauderonnerie ; c’est l’extrémité d’une trompette, ainsi appellée parce qu’elle forme le coude. Voyez dans les Planches de Lutherie, la fig, & l’art. Trompette.

Coude ou Jarret, (Hydrauliq.) c’est dans le tournant d’une conduite de fer ou de grais, un bout de tuyau de plomb coudé pour raccorder ensemble les tuyaux de fer. (K)

Coude, (Jardin.) se dit d’une allée, d’un terrein, quand les alignemens ne sont pas droits. Un arbre peut aussi avoir un coude, quand la tige n’est pas bien droite sur le pié. (K)

Coude, (Manege.) jointure au train de devant du cheval, qui assemble le bout de l’épaule avec l’extrémité du bras. Voyez Bras & Épaule.

Coude, c’est aussi la partie de la branche qui prend naissance au bas de l’arc du banquet, vis-à-vis le milieu du fonceau ou du chaperon, & qui forme un arc au-dessous du banquet. Le coude d’une branche prend un tour plus ou moins grand, selon que l’on veut fortifier ou affoiblir la branche. Voyez Banquet, Fonceau, Branche& Pl. de l’Eperonnier, fig. 22. en C.

Un coude serré releve assez bien le cheval ; mais un trop grand coude tire la tête du cheval entre ses jambes.

COUDÉE, s. f. Histoire anc.) longue mesure qui étoit fort en usage chez les anciens, sur-tout chez les Hébreux ; elle étoit environ de la longueur du bras d’un homme, depuis le coude jusqu’au bout des doigts. Voyez Mesure, Bras & Main.

On trouve dans l’Ecriture des coudées de deux longueurs ; l’une égale, selon le docteur Arbuthnot, à un pié neuf pouces, de pouce, ce qui vaut la quatrieme partie d’une brasse, le double d’une palme, & six fois une paulme ; l’autre égale à un pié

de pié, ou à la 400e. partie d’une stade. Le P. Mersenne fait la coudée des Hébreux d’un pié quatre doigts cinq lignes par rapport au pié du Capitole. Selon Heron, la coudée géométrique est de vingt-quatre doigts ; & selon Vitruve, le pié est les deux tiers d’une coudée romaine, c’est-à-dire contient seize doigts ou largeurs du doigt. Voyez Pied, Mesure, &c. Chambers. (G)

* COUDELATTE, s. f. (Marine.) On appelle de ce nom des pieces de bois plus fortes aux extrémités qu’au milieu, qui entrent dans la construction d’une galere, où elles reçoivent une longue piece de bois de quatre pouces en quarré, qu’on nomme la tapiere.

* COUDER, v. act. (Œcon. rust.) se dit d’un sep de vigne qu’on plie ou couche en angle obtus. Ce terme est d’usage aux environs d’Auxerre.

COUDRAIE, s. f. (Œcon. rust.) lieu planté de coudriers. Ces arbres ne font point ornement, mais ils sont utiles ; on peut en couvrir les terreins éloignés dont on ne peut tirer meilleur parti.

* COUDRAN, s. m. terme de Riviere ; mélange de plusieurs ingrédiens, entre lesquels il y a des especes d’herbages & du goudron ; les bateliers en enduisent leurs cordes, pour les empêcher de se pourrir. On a fait de ce mot le verbe coudranner, tremper dans le coudran ; & le substantif coudranneur, celui qui trempe dans le coudran.

* COUDRE, v. act. c’est assembler deux substances qui peuvent se percer, soit avec une aiguille, soit avec une alène ou un poinçon, par le moyen d’un fil ou de quelqu’autre chose d’analogue au fil dont l’aiguille est enfilée, & qui suit l’aiguille à-travers les trous qu’elle fait aux substances qu’on veut assembler, ou qu’on passe dans les trous faits avec le poinçon ou quelqu’instrument semblable. Les Tailleurs cousent à l’aiguille enfilée de fil ou de soie ; les Tapissiers, à l’aiguille enfilée de soie ou de laine ; les Boyaudiers, à l’aiguille enfilée de filamens de boyaux ; les Cordonniers-bottiers, &c. au poinçon, à l’alène & au ligneul. Le ligneul est armé à son extrémité d’une soie de sanglier ou de cochon, qu’on passe facilement à-travers les trous que la pointe de l’instrument a faits, & que le ligneul est obligé de suivre quand on tire cette soie. On peut coudre encore avec le fil-d’archal.

Coudre, (Géogr. mod.) petite ville d’Italie en Savoie, dans le Chablais, près du lac de Geneve.

COUDREMENT, s. m. terme des Tanneurs. Mettre les cuirs en coudrement, c’est étendre les cuirs dans la cuve où il y a de l’eau chaude & du tan, pour leur donner le grain. Cette opération se nomme coudrer ou brasser les cuirs. Voyez Coudre & Brasser les cuirs. Voyez Tanner.

COUDRER, terme de Tanneurs ; c’est brasser les cuirs, ou les remuer.

COUDRIER, voyez Noisettier.

COUDRIER, s. m. (Hist. nat. bot. & Jardinage.) petit arbre qui est très-commun dans les bois, dans les haies, & dans la plûpart des terreins incultes. On l’appelle aussi noisettier, quoique ce nom convienne plus particulierement aux autres especes de cet arbre que l’on cultive pour leur fruit. Le coudrier est si connu, que l’on peut restraindre sa description à ce qu’il pousse du pié plusieurs tiges ordinairement fort droites ; que sa feuille plus ronde qu’ovale, est l’une des plus grandes des arbres forestiers ; & que ses chattons jaunes & apparens sont le premier objet qui annonce dans les bois le retour de la séve & les approches du printems. Cet arbre est très-robuste, croît promptement, se multiplie aisément, & vient par-tout.

En effet tous les terreins lui conviennent ; & fussent-ils sablonneux, stériles, froids & secs, ce sont