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modules ; la corniche composite deux modules sur deux modules.

Lorsque par quelques circonstances particulieres l’on ne peut donner à ces corniches les saillies qu’on vient de rapporter, on incline quelquefois en talud le devant des larmiers. Les anciens en ont usé ainsi en bien des occasions ; mais cette imitation produit des angles aigus, qui font toûjours un mauvais effet dans l’Architecture, principalement dans les retours des corniches ; de maniere qu’il ne faut employer ces taluts que lorsqu’elles se trouvent continues, comme dans l’intérieur d’un dôme, tel qu’on le remarque au Val-de-Grace ; ou contenues entre deux grands pilastres, ainsi qu’il s’en voit dans l’intérieur de l’Oratoire. Au reste cette obliquité autorise à donner réellement moins de saillie à toute la corniche, sans néanmoins nuire à celle des sophites & des larmiers. Voyez ces différentes corniches dans la Planche d’Architecture.

On appelle aussi corniches, tout membre saillant varié, & composé de moulures à l’usage de la décoration intérieure, quoique ces dernieres ne soient pas soûmises aux dimensions précedentes, & que l’on appelle, selon leurs dispositions, droites, circulaires, surbaissées, mutilées, interrompues, rempantes, inclinées, tournantes, &c.

Mais toutes doivent être d’un profil (voyez Profil) agréable, & conforme aux différens usages qui les fait employer dans l’art de bâtir. (P)

Corniche (Menuis.) est composée de plusieurs membres d’Architecture, & se met au haut des lambris : c’est ce qui couronne les ouvrages de menuiserie, & qu’on appelle ordinairement corniche volante, pour la distinguer des corniches en plâtre qui se font aux plafonds.

CORNICHON, s. m. (Jard. & Cuisin.) n’est autre chose qu’un petit concombre qu’on ne laisse point croître pour le pouvoir confire dans le vinaigre, & en faire des salades pendant l’hyver. (K)

Cornichon, (Diete.) voyez Concombre.

CORNICO, (Géog. mod.) ville de l’île de Candie dans le territoire de la Canée.

* CORNICULA, s. f. (Chirurg.) instrument de corne fait à-peu-près comme une ventouse, à l’extrémité la plus petite de laquelle on auroit pratiqué une ouverture. On appliquoit sa grande ouverture sur les parties exténuées, on suçoit l’air par la petite. Cette opération faisoit élever les chairs, & invitoit les sucs nourriciers à s’y porter. Hildan & Tulpius font mention de cures obtenues par cette voie. Voyez Hild. Tulp. & Ventouse.

CORNICULAIRE, s. m. (Hist. anc.) nom d’un officier de guerre chez les Romains, qui soulageoit le tribun dans l’exercice de sa charge, en qualité de lieutenant. Voyez Tribun.

Les corniculaires faisoient les rondes à la place des tribuns, visitoient les corps-de-garde, & étoient à-peu-près ce que sont les aides-majors dans nos troupes. Voyez Aide.

Le nom de corniculaires fut donné à ces officiers, parce qu’ils avoient un petit cor, corniculum, dont ils se servoient pour donner les ordres aux soldats. Ce nom pris au premier sens, vient, selon Saumaise, de corniculum, qui signifie le cimier d’un casque ; & en effet Pline nous apprend qu’on mettoit sur les casques des cornes de fer ou d’airain, qu’on appelloit cornicula.

On trouve dans les notices de l’Empire un huissier ou greffier nommé corniculaire ; son office étoit d’accompagner par-tout le juge, de le servir, & d’écrire les sentences qu’il prononçoit.

Dans le second sens, on prétend que ce mot est dérivé de corniculum, un cornet à mettre de l’encre. Voyez le dict. de Trév. & celui de Dish & Chamb. (G)

CORNIER, s. m. voyez Cornouillier.

Cornier, (Charp. & Menuis.) c’est ce qui fait le coin ou encoignure d’une armoire, buffet, commode : on le nomme pié-cornier. Voyez-en le plan, Pl. IV. fig. 11. du Menuisier. Les Selliers-Carrossiers donnent le même nom aux quatre piliers de bois ou montans qui soûtiennent l’impériale des carrosses, &c.

CORNIERS, (Eaux & For.) piés-corniers ; arbres que les officiers des eaux & forêts choisissent & marquent dans les forêts, taillis on hautes-futaies, où ils fixent la limite des ventes & des coupes.

CORNIERE, s. f. en termes de Blason, signifie une anse de pot, ainsi appellée parce qu’elle a succédé aux cornes ou anses qu’on mettoit anciennement aux angles des autels, des tables, des coffres & autres choses, pour pouvoir les porter plus aisément. (V)

Corniere, (Marine.) Voyez Cormiere & Allonge de poupe. (Z)

Corniere. Voyez Noue.

Cornieres d’une presse d’Imprimerie, &, selon quelques-uns, Cantonnieres. Ce sont quatre pieces de fer plat, dont chacune a un pié de long, deux ou trois lignes d’épaisseur, & sept à huit de hauteur ; coudée dans son milieu en angle droit, & allant un peu en diminuant de hauteur & d’épaisseur jusqu’à ses deux extrémités, à chacune desquelles est prise une patte percée de plusieurs trous, pour être attachée avec des clous. Au moyen de ces cornieres posées aux quatre coins du coffre, on arrête une forme sur la presse, en mettant un coin entre l’extrémité de chaque corniere & le chassis de la forme. Voyez les Pl. d’Impr.

CORNIGLIANO, (Géograph. mod.) petite ville d’Italie au duché de Milan, sur la riviere d’Adda.

CORNOUAILLE, ou CORNWALLIS, (Géog. mod.) province maritime d’Angleterre, dont la capitale est Launceston. Elle est environnée de la mer de toutes parts, hormis à l’orient, où elle est bornée par le Devonshire : elle a le titre de duché. Elle est sur-tout remarquable par ses mines d’étain, le meilleur qui soit en Europe.

Cornouailles, (Géog. mod.) contrée de France en Bretagne, qui s’avance dans la mer. Elle comprend tout le diocèse de Quimper.

CORNOUILLER, s. m. (Hist. nat. Bot.) cornus, genre de plante à fleur en rose : le calice devient dans la suite un fruit en forme d’olive, ou rond, mou, charnu, dans lequel il y a un noyau divisé en deux loges qui renferment chacune une amande. Tournef. inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Cornouiller, (Jardin.) Parmi les especes de cet arbre, qui sont assez nombreuses, on distingue deux ordres principaux, qui sont fort différens entre eux par le volume des arbres, la disposition des fleurs, la forme des fruits, la qualité du bois, mais que les Botanistes ont toûjours fait aller ensemble, sous le spécieux prétexte de leurs arrangemens méthodiques. Cette distinction se fait en cornouiller male & en cornouiller femelle ; cependant ces caracteres se trouvent-là faussement employés, & ne peuvent servir qu’à induire en erreur, attendu que chaque espece de ces arbres est mâle & femelle tout ensemble, & qu’ainsi les uns n’ont pas plus le droit d’être appellés males, que les autres d’être nommés femelles. Comme l’on peut donc raisonnablement se dispenser de conserver ces dénominations abusives, je traiterai les prétendus cornouillers mâles sous le simple nom de cornouiller ; & ceux qu’on fait tout aussi mal-à-propos passer pour femelles, sous celui de sanguin.

Le cornouiller est un petit arbre assez commun dans les bois & dans les haies, où quelquefois il s’éleve jusqu’à dix-huit ou vingt piés, sur un demi-pié de diametre environ, & où le plus souvent aussi il ne