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bénéfices exigent une administration personnelle, une résidence actuelle & un vœu particulier dans la personne du pourvû, qu’on appelle le vœu d’hospitalité, & qui est le quatrieme que les religieux de cet ordre sont obligés de professer. Ceux qui sont pourvûs de ces commanderies sont obligés de faire les fonctions curiales dans leurs hôpitaux, & d’administrer le spirituel comme le temporel : ils ne gagnent point tous les fruits comme les autres commandeurs & commendataires, mais ne prennent que victum & vestitum, & appliquent le surplus au soulagement des pauvres.

Il y a aussi des commanderies régulieres dans l’ordre de S. Antoine de Viennois, qui sont électives, confirmatives, & ne sont pas sujettes à la nomination du Roi. Arrêt du conseil du 9 Septembre 1585.

Les commanderies séculieres sont celles qui sont établies en faveur de certains ordres militaires, dont quelques-uns sont en même tems réguliers & hospitaliers, tels que celui de S. Lazare, celui de Malte, & autres ; ces commanderies ne sont point de vrais bénéfices, mais seulement le droit de jouir des revenus d’un bénéfice que l’on confere à des laïcs qui sont chevaliers profés du même ordre. Il y a des commanderies de rigueur que les plus anciens chevaliers obtiennent à leur rang ; & d’autres de grace, que le grand-maître confere. Dans l’ordre de Malte il y a plusieurs sortes de commanderies ; il y en a d’affectées à des religieux du même ordre, d’autres aux chapelains, d’autres aux chevaliers, d’autres aux freres servans.

Dans les ordres du S. Esprit & de S. Louis, les grands officiers appellés commandeurs ne le sont que de nom, n’y ayant aucune commanderie attachée à leur dignité, mais seulement des pensions. (A)

COMMANDEUR, s. m. (Hist. mod.) on donne ce nom à celui qui a été pourvû d’une commanderie.

Commandeur, (Comm.) nom que les Hollandois donnent ordinairement aux chefs des comptoirs qu’ils ont dans les Indes, en Perse, & autres lieux de l’Orient où ils ont porté leur commerce. Dictionn. de Comm. & de Trév.

Commandeur, (Comm.) est aussi le nom qu’on donne dans les îles Françoises de l’Amérique, à celui qui a inspection sur le détail d’une habitation en général, ou d’une sucrerie en particulier. Voyez Habitation & Sucre.

Quelques habitans veulent que leur commandeur soit un blanc, d’autres le choisissent parmi les noirs.

Les fonctions du commandeur sont d’être toûjours avec les negres sans les abandonner jamais ; de presser le travail & d’avoir l’œil à ce qu’il soit bien fait ; d’empêcher le desordre & les querelles très-fréquentes, sur-tout parmi les négresses ; de visiter ceux qui travaillent dans les bois ; d’éveiller les negres, de les faire assister à la priere soir & matin & au catéchisme qui s’y fait, de les conduire à la messe fêtes & Dimanches ; de voir si leurs maisons sont propres & leurs jardins bien entretenus ; d’appaiser les différends qui naissent dans les ménages ; de faire conduire les malades à l’infirmerie ; d’empêcher les negres étrangers de se retirer dans les cases de l’habitation ; enfin de donner avis au maître de tout ce qui se passe. Dict. de Comm.

COMMANDITE, s. f. (Comm.) c’est une société de commerce, dans laquelle une partie des intéressés n’étant point dénommés dans la raison ou signature, n’est engagée & solidaire avec les autres intéressés que jusqu’à la somme portée par l’acte de société. C’est proprement cette restriction qui forme la commandite ; car un particulier peut faire avec un autre une société générale de pertes & de profits, sans que son nom paroisse, voyez Société ; cela ne se pratique pas ordinairement, mais aucune loi ne le défend.

Il est du bon ordre que cette espece de société soit

enregistrée au greffe du consulat comme la société collective ; l’édit de 1673, art. jv. le prescrit ; cependant l’inexécution de cette formalité n’annulle point l’acte en lui-même, relativement aux associés ou à leurs ayans cause. Il seroit sans doute à souhaiter pour la confiance publique, que toutes les sociétés quelconques fussent enregistrées, mais le moyen de nullité seroit trop violent & rendroit les propriétés trop incertaines. Cette société, non plus que les autres, n’est point censée continuée si elle ne l’est par écrit.

Cette forme est fort usitée en Italie & dans les pays abondans en argent : c’est communément celle dont on se sert pour établir des facteurs dans un pays étranger.

Un négociant prudent s’informe exactement des changemens qui surviennent dans les associations de ses correspondans ; car il arrive souvent qu’un riche commanditaire retire ses fonds tout-à-coup, & qu’il est suivi d’un autre qui n’est pas en état de soutenir les mêmes entreprises. Voyez le parfait négotiant, & le dictionn. du Comm. Art. de M. V. D. F.

COMMANDO, (Comm.) terme originairement Italien, mais usité dans les provinces de France les plus voisines de l’Italie. On s’en sert dans les écritures mercantiles pour signifier ordre ou commande, c’est-à-dire la commission qu’un négociant donne à son commissionnaire. Voyez Ordre, Commande, &c. Dict. de Comm.

COMMANI, (Géog. mod.) petit royaume d’Afrique, sur la côte de Guinée.

COMMASSE, s. m. (Commerce.) petite monnoie qui se fabrique, & qui a cours à Mocha. Elle vaut environ trois sols deux deniers, argent de France.

* COMMEAT, s. m. (Hist. anc.) permission à un soldat de s’absenter de sa légion pendant un certain tems. Elle étoit accordée par le tribun ou son vice-gérent, ou par l’empereur. On donnoit aussi le même nom de comméat, commeatus ou de cataplus, aux vivres de l’armée, à la flote qui les portoit, sur-tout d’Egypte & d’Afrique ; il désignoit aussi une compagnie de voyageurs.

COMMELINA, (Hist. nat. Bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Jean Commelin sénateur d’Amsterdam, & de Gaspar Commelin médecin de la même ville. La fleur des plantes de ce genre est composée de deux pétales situés d’un même côté, & posés sur un calice à quatre feuilles ; il s’éleve du milieu de ce calice un pistil qui devient dans la faite un fruit membraneux à trois coques, ou divisé en trois loges qui renferment chacune une semence ronde. On peut ajoûter aux caracteres de ce genre, que plusieurs fleurs sont rassemblées dans un même endroit en forme de conque. Plumier, nova plant. Amer. gener. Voyez Plante. (I)

COMMEMORAISON, est le nom d’une fête que nous appellons le jour des morts, & qui se célebre le 2 Novembre en mémoire de tous les fideles trépassés. Elle fut instituée dans le onzieme siecle par saint Odilon abbé de Cluny. Voyez Fête. (G)

COMMEMORATIF, adj. signe. (Med.) Les signes commémoratifs ou anamnestiques nous apprennent ce qui s’est passé avant la maladie, & se tirent de tout ce qui l’a précédé : savoir, de la maniere de vivre du malade, du pays qu’il a habité, de la constitution de ses pere & mere, des maladies auxquelles il a été sujet, ou de celles qu’il a contractées ; & s’il s’agit d’une plaie, de la position du blessé au tems de sa blessure, de la situation de la personne ou de la chose qui l’a blessée, de la grosseur & de la figure de l’instrument qui a fait la plaie, qu’on a soin de comparer avec la plaie même, &c.

Ces signes conduisent à une connoissance plus sûre de la maladie, de ses causes, de l’issue qu’elle