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d’arracher les mauvaises herbes, s’il en poussoit assez pour étouffer.

Il n’y a que des évenemens extraordinaires qui puissent nuire au colsat dans toutes les saisons ; tous les tems lui sont propres, si l’on en excepte les gelées trop fortes & tardives, les grands orages, la grêle, & les grands brouillards, dans le tems de sa maturité.

On fait la récolte à la fin de Juin, quand la graine est prête à épiler ; & pour éviter cet accident, on se garde de la laisser trop mûrir pour recueillir.

On scie avec la faucille, & l’on couche les tiges sur terre comme le blé ; on les y laisse pendant deux beaux jours : si la pluie ne permet pas de les relever après ce tems, il faut attendre.

On les releve dans un drap, & on les porte au lieu préparé pour faire la meule sur la même piece de terre, afin de ne pas perdre la graine ; on y fait autant de meules que la dépouille en demande : celle de huit cents de terre doit suffire pour une meule ; & pour la faire, on forme une terrasse bien seche & bien battue, de vingt piés quarrés ; on y met un lit de paille, sur lequel on arrange les tiges la tête en-dedans ; on arrondit cette meule dès le pié jusqu’à la hauteur de trois toises plus ou moins, en terminant en pain de sucre, & l’on couvre le dessus pour être à l’abri de la pluie.

Quand les grands vents la mettent en danger de culbuter, on a soin de l’étayer.

Le colsat repose ainsi jusqu’après la moisson, à moins que l’on n’ait lieu de craindre l’échauffement de la graine ; ce qui pourroit arriver par des tems fort pluvieux, ou pour l’avoir recueillie trop verte.

Il est essentiel de choisir un beau jour pour défaire la meule ; mais avant tout on prépare au pié une plate-forme battue, aussi dure que les battines de grange ; & c’est là-dessus que l’on bat à mesure que la meule se défait, avec la précaution de n’enlever les tiges que dans un drap.

Dès qu’on en a battu une certaine quantité, il faut retirer avec un rateau la paille écrasée ; cela aide à bien battre le reste, & fait perdre moins de graine.

Quand tout est battu, on la nettoye par le moyen d’un puroir.

Il y en a de deux sortes. L’un est un grand tambour troüé en rond, pour y faire passer la graine : c’est le premier dont on se sert, & on rejette au rebut ce qui reste dans le tambour.

Le second est aussi un tambour dont les trous sont en long, pour y faire passer la poussiere, en y mettant ce qui a passé par le premier.

En tamisant, on a soin de retirer vers les bords ce qui peut rester de gros marc, & l’on fait toûjours la même chose jusqu’à la fin.

La graine ainsi purifiée, on la porte dans des sacs au grenier, & on l’y garde comme le blé, jusqu’à ce qu’on la vende. Si l’on y trouvoit un peu d’humidité, il faudroit la remuer.

Le plancher du grenier doit être d’autant moins ouvert, que la graine est petite. Bien des gens y étendent une grande toile pour l’y renverser.

Il est bon d’observer qu’elle ne profite pas dans le grenier ; c’est pourquoi l’on s’en défait le plûtôt que l’on en trouve un prix.

Tout ce qui reste de paille courte ou hachée, on le donne aux pauvres, ou bien on le brûle sur les lieux : c’est un engrais.

Les tiges battues servent à échauffer le four, ou pour le feu des pauvres. Les fermiers qui n’en font pas cet usage, les vendent assez ordinairement.

Il ne faut à la graine aucune façon, après qu’elle est recueillie : pour la porter au moulin, tous les tems sont propres quand il y a du vent, excepté par les gelées fortes.

Vingt rasieres de graine rendent année commune quatre tonnes d’huile, chaque tonne pesant 200 liv. poids de marc, sans y comprendre la futaille.

Il faut encore observer que le marc de l’huile se met à profit : on en fait des tourteaux, qui entretiennent le lait des vaches pendant l’hyver, en les délayant dans le boire.

On s’en sert aussi à fumer les terres, en les réduisant en poussiere. C’est un engrais un peu cher.

Ces tourteaux sont de la figure d’une gauffre de quatorze pouces de long & huit de large, sur demi-pouce d’épaisseur : ils doivent peser chacun huit livres & demie poids de marc, selon les ordonnances de la province.

Ils se font à la presse, que le vent fait agir dans le moulin.

Vingt rasieres de colsat rapportent ordinairement 550 tourteaux. Dans un pays où l’on ne feroit point cas des tourteaux, la diminution du profit seroit bien grande.

COLTIE d’un vaisseau, (Marine.) c’est un retranchement qui se fait au bout du château d’avant d’un vaisseau, & qui descend jusque sur la plate-forme. Voyez Planche IV. fig. 1. n°. 128 ; barrot du coltie, n°. 129 ; le marche-pié du coltie, n°. 130 ; montans du coltie, 131 ; lisse du coltie. (Z)

COLUGA, (Géog. mod.) ville de l’empire Russien aux confins du duché de Rezan, sur la riviere d’Occa.

* COLUMBARIA, (Hist. anc.) c’est ainsi qu’on appelloit des trous pratiqués aux flancs des vaisseaux vers leurs bords, par où passoient les rames : ce nom leur venoit de leur ressemblance avec l’entrée des boulins ronds des colombiers.

On donnoit encore le même nom à des mausolées de familles de distinction, où l’on avoit pratiqué des cellules, & dans ces cellules des rangées de niches, placées les unes sur les autres, comme les boulins dans un colombier. Ces niches renfermoient des urnes rondes, offæ ; il y en avoit aussi de quarrées. Un columbaria contenoit souvent plusieurs urnes. Voyez l’Ant. expliq.

COLUMNA, (Géog. mod.) ville de l’empire Russien sur la riviere d’Occa. Long. 58. 2. lat. 54. 50.

COLUMNEA, (Hist. nat. bot.) genre de plante, dont le nom a été dérivé de celui de Fabius Colonne. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, & faite en forme de masque, dont la levre supérieure est un peu voûtée & concave, & l’inférieure est divisée en trois parties. Il sort du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit globuleux mou & rempli de petites semences oblongues. Plumier, nova plant. Americ. gener. Voyez Plante. (I)

COLURE, s. m. se dit, en termes de Géographie & d’Astronomie, de deux grands cercles, que l’on suppose s’entrecouper à angles droits aux poles du monde. Voyez Cercle.

L’un passe par les points solsticiaux, c’est-à-dire par les points où l’écliptique touche les deux tropiques ; & l’autre par les points équinoctiaux, c’est-à-dire par les points où l’écliptique coupe l’équateur : ce qui a fait donner au premier le nom de colure des solstices, & au second celui de colure des équinoxes. Voyez Solstice & Equinoxe.

Les colures en coupant ainsi l’équateur, marquent les quatre saisons de l’année ; car ils divisent l’écliptique en quatre parties égales, à commencer par le point de l’équinoxe du printems. Comme ces cercles passent par les poles du monde, il est évident qu’ils sont l’un & l’autre au nombre des méridiens. Voyez Saisons.

Au reste, ces cercles étoient plus d’usage dans l’Astronomie ancienne qu’ils ne sont aujourd’hui. Ce