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aux animaux qui passent près des minerais de plomb. Les Potiers de terre, qui se servent de l’alquifoux, espece de plomb minéral difficile à fondre, ou de plomb en poudre, pour vernir leurs ouvrages, sont fort sujets à cette espece de colique. Les Peintres qui employent la céruse, n’y sont pas moins exposés, de même que les femmes qui mettent du blanc, composition pernicieuse par la céruse qui en fait la base, dont le moindre effet est celui de dessécher la peau, & d’avancer par les rides la vieillesse qu’elles se proposent d’éloigner.

On est encore convaincu par plusieurs expériences, que les medicamens dans la composition desquels il entre du plomb, comme la teinture antiphthisique, le suc, sel magistere ou vitriol de saturne, que les charlatans prescrivent intérieurement contre le crachement de sang, le pissement de sang, la gonorrhée, les fleurs blanches, & autres maladies semblables, produisent enfin cette malheureuse colique.

Mais l’usage que plusieurs marchands de vin sont aujourd’hui de la céruse ou de la litharge pour éclaircir, corriger, édulcorer leurs vins, a si fort répandu cette cruelle maladie dans toute l’Europe, que les souverains sont intéressés à chercher les moyens les plus convenables pour en arrêter le cours. Personne n’est à l’abri des tristes effets qui résultent de cette sophistication de vins, & particulierement des vins acides, comme, par exemple, des vins de Rhin, que l’on édulcore de cette maniere en Soüabe & ailleurs avant que de les envoyer en Hollande, & dans les autres pays où ces sortes de vins adoucis sont recherchés.

Il est donc certain que toutes les parties du plomb, ses exhalaisons, sa poudre & ses préparations, produisent principalement la colique de Poitou, dont voici les symptomes.

Le malade est attaqué de douleurs aiguës & insupportables dans le bas-ventre, qui sont vagues ou fixes : il ressent une douleur lancinante & poignante dans l’estomac, dans le nombril, dans les hypochondres, une constipation opiniâtre, qui cede à peine aux lavemens & aux laxatifs ; des agitations continuelles ; le dégoût, des nausées, la pâleur, la frigidité, des sueurs, des syncopes fréquentes, l’abattement de toutes les forces, le trouble dans toutes les secrétions, le tremblement, la paralysie qui en est une suite, ou un asthme spasmodique incurable ; symptomes qui ne se manifestent dans toute leur étendue que lorsqu’il n’y a plus de remede.

Pour guérir cette maladie, quand elle n’est pas parvenue à son dernier excès, il faut employer les apéritifs, les fondans, les savonneux, les desobstruans, les lénitifs doux & détersifs en forme liquide, médiocrement chauds & en petite dose. Dans le tems des convulsions spasmodiques, on donnera les calmans, les opiates avec le savon tartareux, ou l’opium mêlé avec le castoreum, les clysteres avec le baume de Copahu. On appliquera sur le bas-ventre des flanelles trempées dans une décoction de fleurs de camomille, de baies de genievre, & de semences carminatives ; des demi-bains faits avec les plantes chaudes & nervines. On frottera tout le corps, & en particulier les vertebres & le bas-ventre, avec les spiritueux, les huiles de romarin & autres de cette espece. Si la paralysie commence à se former, il faut recourir à l’usage des eaux minérales sulphureuses.

Un medecin François a donné il y a plus d’un siecle un traité Latin in-4°. de colicâ Pictonum, qui est inutile aujourd’hui ; mais on trouvera de bonnes observations sur cette maladie dans la bibliotheque raisonnée. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Colique, adj. en Anatomie, se dit de quelques vaisseaux qui se distribuent au colon. Voyez Colon.

COLIR, s. m. (Hist. mod.) officier de l’empire de la Chine, dont la fonction est d’avoir l’inspection sur ce qui se passe dans chaque cour ou tribunal, & qui sans être membre de ces tribunaux, assiste à toutes les assemblées, & reçoit la communication de toutes les procédures. C’est proprement ce que nous appellons un inspecteur ou contrôleur.

Il a des intelligences secretes avec la cour ; & dans l’occasion il attaque ouvertement les mandarins, & cela non-seulement sur les fautes qu’ils peuvent commettre dans leurs fonctions, mais même dans leur vie particuliere & privée.

Pour qu’il soit impartial, on le rend entierement indépendant, & sa charge est perpétuelle. Les colirs sont redoutables, même aux princes du sang. (G)

COLIS, s. m. terme de Négoce en usagé à Lyon : il est synonyme à ballet, balle, caisse, &c. Voyez le dictionn. du Comm.

COLISÉE, s. m. (Hist. anc.) On sait que chez les Romains c’étoit un amphithéatre ovale que bâtit l’empereur Vespasien, près du bassin de la maison dorée de Néron.

On y voyoit des statues qui représentoient toutes les provinces de l’empire, & dans le milieu étoit celle de Rome tenant une pomme d’or dans sa main. On donnoit encore le nom de colisée à un autre amphithéatre bâti par l’empereur Sévere.

On représentoit dans le colisée des jeux & des combats de gladiateurs & de bêtes sauvages. Ce qui reste aujourd’hui de ces édifices est très-peu de chose, le tems & la guerre les ayant réduits en ruines. Voyez Amphithéatre. Dict. de Trév. & de Morery. (G)

* COLISSE, s. m. (Manuf. en soie.) sorte de mailles entre lesquelles on prend les fils de la chaîne ou du poil, pour les faire lever & baisser à discrétion. Il y a les mailles à grand colisse, & les mailles à colisse simple. Voyez l’article Velours.

COLLAGE, (Jurispr.) voyez Colage.

Collage, terme de Papeterie ; c’est la derniere préparation que l’on donne au papier, & qui le met en état de recevoir l’écriture. Cette préparation consiste à l’enduire feuille par feuille d’une colle faite avec des rognures de parchemin & de peaux de mouton, & quelques autres ingrédiens qu’on y ajoûte. Pour la maniere de coller le papier, voy. l’article Papier, & Pl. VII. de Papeterie, qui contient les deux manieres de coller : la premiere marquée B, consiste à étendre la feuille de papier sur un chassis I qui porte sur les bords de la cuve K, & à verser dessus de la colle avec l’écuelle H, en sorte que la feuille en soit entierement imbibée ; c’est ainsi qu’on colle les cartons : l’autre maniere représentée en C, se fait en prenant plusieurs feuilles de papier ensemble avec les reglettes D, plongeant le tout dans la chaudiere E, d’abord de la main droite, & ensuite de la gauche, que l’on ne met dans la chaudiere que lorsque la droite en est sortie : après cela l’ouvrier pose le papier sur la table de la presse D, qui a une rigole à l’entour pour retenir la colle qui s’écoule lorsqu’on l’exprime, par une ouverture E dans le seau F, d’où on la remet dans la chaudiere : cette chaudiere pose sur un trepié Æ, sous lequel on met un réchaud G pour entretenir la chaleur de la colle.

La cuve ou chaudiere dans laquelle se fait la colle est posée sur un fourneau de maçonnerie C : à-plomb du centre de la chaudiere est une poulie H, dessus laquelle passe une corde que l’ouvrier A devide autour d’un treuil scellé à la muraille ; au bout qui pend dans la chaudiere est attaché un panier de laiton B, dont les chaînes garnies de crochets peuvent s’attacher à l’anneau qui est au bout de la corde ; c’est dans cette espece de panier qu’on met les rognures de parchemins ou de peaux de mouton dont