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ligamenteuses adhérentes à cette tunique, & qui se réunissent sur l’appendice vermiforme, dont elles couvrent la convexité. La tunique interne du cœcum porte une espece de velouté ras, parsemé d’espace en espace de follicules glanduleuses ou glandes solitaires, plus larges que celles des intestins grêles. L’usage du cœcum est de contenir pour un tems les excrémens, jusqu’à ce qu’ils entrent dans le colon.

Sur le côté du fond du cœcum, se trouve un appendice comme un petit intestin, presque de la même longueur que le cœcum, mais extrèmement grêle : on l’appelle appendice vermiculaire ou vermiforme, à cause qu’il a quelques entortillemens à-peu-près comme ceux d’un ver quand on le touche. Il ressemble aussi en quelque façon à la pendeloque charnue de la tête d’un coq-d’Inde. Son diametre n’excede guere trois lignes pour l’ordinaire. Il s’ouvre par une de ses extrémités latéralement dans le fond du cœcum ; l’autre extrémité qui est fermée, est quelquefois plus étroite, & quelquefois plus ample que le reste de sa longueur. Cette extrémité fermée n’est point attachée au mésentere, mais au rein droit, par le moyen du péritoine. L’appendice vermiculaire est tout parsemé de follicules qui répandent continuellement dans sa cavité une espece de liqueur onctueuse, lubrifiante.

On ne connoît point encore l’usage de cette partie ; mais entre plusieurs sentimens qu’il seroit inutile de rapporter, le plus vraissemblable semble être celui des Physiciens, qui prétendent qu’elle sert à fournir une certaine quantité de liqueur mucilagineuse, propre à lubrifier la surface interne du sac du colon, & à ramollir les excrémens qui y sont contenus. Le grand nombre de follicules glanduleuses qu’on trouve dans cet appendice, & la conformité de structure du cœcum dans les brutes, semble justifier cet usage, non-seulement dans les adultes, mais encore dans les fœtus humains.

On objectera sans doute que cet appendice étant à proportion beaucoup plus grand dans l’enfant nouveau-né que dans l’adulte, il paroît qu’il doit avoir dans le premier quelqu’autre usage qui nous est inconnu : mais il est vraissemblable que la petitesse de cet intestin dans l’adulte, dépend de la compression qu’il souffre, & de ce qu’il se décharge souvent des matieres qu’il contient ; au lieu que dans le fœtus il n’y a point de respiration, ni par conséquent de compression qui puisse en exprimer les matieres qui y sont contenues : d’ailleurs le meconium qui se trouve dans le sac du colon, l’empêche de se vuider, de sorte que les liqueurs séparées par ses glandes en relâchent les fibres, & les distendent par le long séjour que les matieres y font.

Pour connoître la structure de l’appendice vermiculaire & de son embouchure dans le cœcum, il faut s’en instruire sur le cadavre ; les planches Anatomiques ne suffisent point, & les préparations seches en donnent une fausse idée. Cette partie n’est pas exempte des jeux de la nature ; car Riolan dit avoir vû trois appendices fort éloignés les uns des autres, & attachés à l’ileum. Job Vanmekeeren rapporte qu’il a une fois trouvé une balle de plomb dans ce petit intestin. Quelquefois aussi des noyaux de cerise restent des mois entiers dans le cœcum, sans causer d’incommodité ; & il y en a divers exemples dans les auteurs. Mais pour finir par une observation plus singuliere, Riolan assûre avoir trouvé le cœcum placé dans le pli de l’aîne à l’ouverture du corps d’un apothicaire. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

COEFFE, s. f. terme de Marchand de mode, ajustement de femme ; c’est un morceau de taffetas noir taillé quarrément par-devant, & en biais par-dessous, & dont le derriere, qui forme le derriere de la tête,

est plissé. Les femmes se servent de cet ajustement pour se couvrir la tête ; elles placent la coëffe sur la coëffure, & la nouent ou l’attachent sous le menton avec un ruban noir. Celles qu’elles portent en été sont de gase ou de dentelle.

Autrefois les coëffes étoient composées de deux aulnes de taffetas, & pendoient sur l’estomac ; elles ont été diminuées petit-à-petit, & sont devenues ce qu’elles sont aujourd’hui. Elles ont une infinité de noms différens. Il n’y a rien qui ressemble tant à l’abus de la nomenclature en Histoire naturelle, que celle des Marchandes de modes ; la moindre petite différence de formes dans un individu, fait imaginer aux Naturalistes un nouveau nom ou une nouvelle phrase ; la moindre petite différence dans un ajustement, altere ou change, chez les Marchandes de mode, la dénomination d’un ajustement : une coëffe est-elle grande & prise dans toute la largeur du taffetas, a-t-elle les pans à peine échancrés, se noue-t-elle sous le menton, & se termine-t-elle en bavoir étendu sur la poitrine ; c’est une coëffe à la bonne femme : differe-t-elle des autres coëffes par ses pans, ces pans sont-ils assez longs, se nouent-ils d’un nœud à quatre devant ou derriere, & sont-ils terminés par un gland ; c’est une coëffe à la duchesse : est-elle prise dans la moitié de la largeur du taffetas, n’a-t-elle que des pans fort courts, est-elle bordée d’une dentelle tout-au-tour devant & derriere, & se noue-t-elle sous le menton avec deux rubans passés en sens contraire dans une coulisse faite sur le derriere ; c’est une coëffe à la miramione : n’a-t-elle pas plus de profondeur que le premier bonnet, & est-elle bordée devant & derriere d’un ruban bouchonné, n’a-t-elle que des pans fort courts, & s’attache-t-elle en-devant par une agraffe couverte d’un nœud de dentelle à quatre ; c’est une coëffe au rhinoceros, &c. &c. &c.

Coeffe à perruque, est une sorte de reseau tissu de façon qu’il s’ajuste exactement à la grosseur d’une tête : on applique sur ce reseau les tresses de cheveux pour en fabriquer une perruque. Il y a de ces coëffes qui sont de soie ou de filoselle, & d’autres de fil.

Coeffe, en Anatomie, est une petite membrane qu’on trouve à quelques enfans, qui enveloppe leur tête quand ils naissent.

Drelincourt pense que ce n’est qu’un lambeau des tuniques du fœtus, qui ordinairement se creve à la naissance de l’enfant. Voyez Fœtus.

Lampridius dit que de son tems des sages-femmes vendoient ces coëffes à des avocats, qui les payoient bien cher, persuadés qu’en les portant ils auroient une vertu persuasive de laquelle leurs juges ne pourroient pas se défendre. Les canons en or défendu l’usage, parce qu’il y a eu, dit-on, des magiciens & des sorciers qui en ont abusé pour faire des maléfices. Diction. de Trév. (L)

COEFFÉ, bien coëffé, (Chasse.) se dit d’un chien courant qui est bien avalé, & à qui les oreilles passent le nez de quatre doigts. Diction. de Trév.

Coeffé, adj. (Drap.) il se dit en bien & en mal, selon que la lisiere est bien ou mal faite : si cette partie est bien travaillée relativement à la largeur, à l’ourdissage, à la couleur, & à la matiere, on dit que le drap est bien coëffé ; si elle peche par le défaut de quelqu’une de ces qualités, on dit qu’il est mal coëffé.

Coeffé bien ou mal. (Maréch. & Man.) Bien se dit d’un cheval qui a les oreilles petites & bien placées au haut de la tête ; & mal, de celui qui les a placées trop à côté de la tête, & longues & pendantes. Voyez Oreille & Cheval.

COEFFER, (se) Marine. se dit des voiles, lorsqu’abandonnées à elles-mêmes & denuées de bras,