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garenne, & autres. Quand cet enclos passe l’étendue de vingt à trente arpens, il s’appelle parc. (K)

CLOSERIE, s. f. (Jurisprud.) en quelques provinces, signifie un petit bien de campagne composé d’une maison & autres bâtimens, & de quelques terres adjacentes qui en dépendent. On appelle ces sortes d’héritages closeries, parce qu’ils sont ordinairement clos de fossés & de haies. Ces closeries sont quelquefois loüées, & forment de petites fermes. (A)

Closerie, en terme de Vannier, signifie cette espece d’ouvrage qu’ils font en plein sur des pés de lattes, de cerceaux, ou d’autres choses semblables.

CLOSETS, s. m. pl. terme de Pêche : les closets ou cuhaussets sont des especes de hauts parcs, qui ne different de ceux dont on donnera la description à l’article Parcs, qu’en ce que la crosse ou extrémité recourbée est quarrée, au lieu que celle des parcs est arrondie : ces rets dont la maille a dix-huit lignes en quarré, sont tendus sur des fonds, des roches : ces pêcheries n’ont souvent que dix ou douze perches pour les former ; ainsi elles ne different presque de celles des hauts parcs, qu’en ce que les closets sont beaucoup plus petits. On ne prend dans les closets que le poisson qui se maille, puisque le fond en est ouvert, c’est-à-dire que le filet n’est point ensablé, ni le bas du parc fermé d’un clayonnage.

CLOTHO, voyez Parques.

CLOTURE ou ENCLOS, s. f. terme d’Architecture, mur de maçonnerie ou grille de fer qui enferme un espace tel que l’enceinte d’un monastere, l’étendue d’un parc, d’un jardin de propreté, fruitier, potager, &c. (P)

Clôture, (Jurisp.) dans les monasteres de filles, a deux significations différentes.

L’une a rapport au vœu que les religieuses font d’observer la clôture perpétuelle, c’est-à-dire de ne point sortir du monastere.

L’autre est pour exprimer les murs, portes, & grilles, qu’il n’est pas permis aux religieuses de passer, & dans l’intérieur desquels les étrangers, soit hommes ou femmes, ne peuvent, suivant l’art. 31. de l’ordonnance de Blois, entrer sans permission du supérieur ecclésiastique ; permission qui ne s’accorde point sans nécessité, comme aux medecins, chirurgiens, &c. Suivant le droit commun, c’est à l’évêque diocésain a donner ces permissions.

Il en faut excepter les monasteres exempts de la jurisdiction de l’évêque, où ces permissions peuvent être données par leur supérieur ecclésiastique, suivant l’art. 19. de l’édit de 1695.

Ce même article suppose qu’il y a des cas où on peut permettre aux religieuses de sortir, comme pour aller aux eaux, lorsque cela est nécessaire pour leur santé ; mais c’est à l’évêque seul à donner ces permissions, même dans les monasteres exempts : c’est ce que décide l’art. 2. de la déclaration du 10 Février 1742.

Toutes ces permissions pour sortir du monastere, ou à des laïques pour y entrer, doivent être données par écrit.

Le Roi & la Reine ont seuls le droit d’entrer dans les maisons cloîtrées, sans permission du supérieur ecclésiastique.

Les évêques & autres supérieurs ecclésiastiques, en faisant leur visite dans les monasteres, examinent si la clôture y est bien observée ; & si elle ne l’est pas, que les murs ne soient pas assez hauts, que les portes & les grilles ne soient pas bien clauses ni sûres, ils peuvent ordonner ce qui est nécessaire pour faire observer la clôture. (A)

Clôture d’un compte, d’un inventaire, c’est l’arrêté & l’état final d’un inventaire ou d’un compte fait par des associés en quelque commerce, ou par

un négociant qui se rend compte à lui-même de ses affaires. Voyez Compte, Inventaire. (G)

Clôture, en terme de Vannier, voyez Closerie.

* CLOU, s. m. (Art méch.) petit ouvrage en or, ou argent, ou fer, ou cuivre, à pointe par un bout & à tête par l’autre, dont le corps est rond ou à face, mais va en diminuant de la tête à la pointe, & dont la tête est d’un grand nombre de formes différentes, selon les usages auxquels on le destine. Les clous en fer se forgent ; les autres se fondent : la fabrication de ces derniers n’a rien de particulier ; c’est un ouvrage de Fondeur très-commun. Nous allons expliquer comment on fabrique les clous en fer : nous observerons d’abord qu’il y en a de deux sortes, les clous ordinaires, & les clous d’épingles.

Des clous ordinaires. On donne le nom de Cloutier tout court, aux ouvriers qui font ces clous. Les outils du Cloutier sont en petit nombre : ils consistent en une forge, autour de laquelle on pose des blocs ou billots qui servent de base au pié d’étape, à la cloüiere ou cloutiere, & au ciseau. Voy. la vignette.

Le pié d’étape, qu’on voit Planche du Cloutier, figure 21. en A, est une espece de tas ou d’enclume, dont un des côtés est quelquefois terminé en bigorne : cet instrument est ordinairement tout de fer ; mais pour être bon & durable, il vaut mieux que la tête en soit acérée & trempée. La place est une espece de coin émoussé, dont la partie supérieure est applatie & un peu inclinée. Voyez cet outil, même Pl. en B. La cloüiere est une espece de bille de fer, d’un pouce en quarré, & de la longueur de dix pouces ; à deux pouces ou environ d’un de ses bouts, est un trou quarré dont les bords excedent un peu sa surface : c’est dans ce trou qu’on fait entrer le bout de fer forgé & coupé qui doit former le clou, pour en façonner la tête au marteau. Il y a des cloüieres dont les trous sont plus ou moins grands, ronds ou quarrés, ou de toute autre figure, selon la différence des clous qu’on se propose de fabriquer. Les cloüieres pour clous à tête ronde, sont différentes des autres : les rebords du trou en sont un peu arrondis ; la cloüiere est plantée dans le pié d’étape ou d’étable de la longueur d’environ cinq pouces, & son autre bout porte d’environ un pouce sur la place. Voy. les fig. 22. 25. 26. La premiere montre la cloüiere montée d’un bout dans le pié d’étable ou d’étape, & de l’autre appuyée sur le bord de la place : en-dessous on voit un ressort dont l’usage est de repousser en en-haut le clou quand il est formé. Pour chasser le clou du trou de la cloüiere, on frappe en-dessous ce ressort avec le marteau. On voit fig. 25. le clou coupé, mais tenant encore à la verge ou baguette, & présenté par la pointe au trou de la cloüiere, où l’ouvrier le laisse enfoncé en rompant la partie par laquelle il tient à la baguette. Et la figure 26. représente le clou dans la cloüiere prêt à être frappé avec le marteau 23, pour en façonner la tête. La cloüiere est acerée & trempée. L’enclume est la même qui se voit chez tous les ouvriers en fer.

Voici la maniere dont les outils du Cloutier sont disposés : ils sont rassemblés sur un même billot, comme on voit fig. 22. en A, B, C, D. La cloüiere entre dans une mortaise pratiquée à la partie supérieure du pié d’étape ; elle est arrêtée dans cette mortaise par deux coins de fer, placés l’un en-dessus & l’autre en-dessous : le premier à la partie antérieure, le second à la partie postérieure. Son autre extrémité est posée sur la place à un des bouts ; le pié-d’étape & la place sont fermement établis dans le bloc, où on les raffermit à coups de masse quand ils sont dérangés. On applique, comme nous avons dit, aux petites cloüieres une espece de ressort fixe dans la mortaise du pié-d’étape ; on fixe quelquefois une petite