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Il n’en est pas de même des damaras, foulalis, landrins, daridas, & autres étoffes & taffetas legers de soie qui nous viennent pareillement des Indes, qui sont imprimés aussi avec des planches de bois ; ils ne peuvent se contrefaire en Europe, parce qu’on n’en tire point de ces pays qui ne soient imprimés. Le trait du dessein des broderies des mousselines ou toiles des Indes, est aussi frappé avec des planches de bois, à moins qu’elles ne soient blanches ; les blanches se travaillent avec la piece. Mais comme on a commodément des mousselines, sans être brodées, quantité sont brodées en Hollande, en France, & ailleurs, où on les fait passer pour originaires des Indes ou de la Perse. Voyez Perses, Seronge, Toiles peintes, Indiennes, & Furies. Cet article est de M. Papillon, dont il est parlé dans le Discours préliminaire.

* CHITONE, (Mythologie.) surnom de Diane. Elle fut ainsi appellée, du culte qu’on lui rendoit dans un petit bourg de l’Attique, ou peut-être du mot grec χίτων, habit, parce qu’on lui consacroit les premiers habits des enfans. On la nommoit aussi Chitonia.

CHITONIES, s. f. (Mythol.) fêtes célébrées en l’honneur de Diane de Chitone, village de l’Attique, d’où cette Diane fut appellée Chitonia.

CHITONISQUE, s. f. tunique de laine que les Grecs portoient sur la peau, & qui leur servoit de chemise. Les Romains, qui avoient le même vêtement, l’appelloient subucula.

CHITOR, (Géog.) grande ville d’Asie dans les états du grand Mogol, dans une province de même nom. Long. 94. lat. 23.

CHITPOUR, (Géog.) ville d’Asie dans l’Indostan, au royaume d’Agra, sur les frontieres de celui de Guzarate.

CHIT-SE, s. m. (Bot. exotiq.) arbre des plus estimé à la Chine pour la beauté & la bonté de son fruit. Je lui connois ces qualités par gens qui ont été dans le pays, & plus encore par une relation du P. Dentrecolles missionnaire, insérée dans les lettres édifiantes, tom. XXIV. dont voici le précis.

Les provinces de Chantong & de Homan ont les campagnes couvertes de chit-ses, qui sont presque aussi gros que des noyers. Ceux qui croissent dans la province de Tche-kiang, portent des fruits plus excellens qu’ailleurs. Ces fruits conservent leur fraîcheur pendant tout l’hyver. Leur figure n’est pas partout la même : les uns sont ronds ; les autres allongés & de forme ovale ; quelques-uns un peu plats, & en quelque sorte à deux étages semblables à deux pommes qui seroient accolées par le milieu. La grosseur des bons fruits égale celle des oranges ou des citrons : ils ont d’abord la couleur de citron, & ensuite celle d’orange. La peau en est tendre, mince, unie, & lissée. La chair du fruit est ferme, & un peu âpre au goût ; mais elle s’amollit en mûrissant : elle devient rougeâtre, & acquiert une saveur douce & agréable ; avant même l’entiere maturité, cette chair, lorsque la peau en est ôtée, a un certain mêlange de douceur & d’âpreté qui fait plaisir, & lui donne une vertu astringente & salutaire.

Ce fruit renferme trois ou quatre pepins pierreux, durs, & oblongs, qui contiennent la semence. Il y en a qui étant nés par artifice, sont destitués de pepins, & ils sont plus estimés. Du reste, il est rare que ces fruits mûrissent sur l’arbre : on les cueille en automne, lorsqu’ils sont parvenus à leur grosseur naturelle : on les met sur de la paille ou sur des claies où ils achevent de mûrir.

Ce détail ne convient qu’à l’arbre qu’on prend soin de cultiver. Pour ce qui est du chi sauvage, il a un tronc tortu, ses branches entrelacées & semées de petites épines : le fruit n’en est plus gros qu’u-

ne pomme-rose de la petite espece. La culture de

ces arbres consiste principalement dans l’art de les enter plusieurs fois ; alors les pepins du fruit deviennent plus petits, & même quelquefois le fruit n’a point de pepin.

Les arboristes Chinois font des éloges magnifiques de l’arbre chi ; les plus modérés lui reconnoissent sept avantages considérables ; 1o de vivre un grand nombre d’années produisant constamment des fruits ; 2o de répandre au loin une belle ombre ; 3o de n’avoir point d’oiseaux qui y fassent leurs nids ; 4o d’être exempt de vers & de tout autre insecte ; 5o d’avoir des feuilles qui prennent les couleurs les plus agréables, lorsqu’il a été couvert de gelée blanche ; 6o d’engraisser la terre avec ses mêmes feuilles tombées, comme feroit le meilleur fumier ; 7o de produire de beaux fruits d’un goût excellent.

Les Chinois ont coûtume de les sécher de la maniere à-peu-près qu’on seche les figues. Ils choisissent ceux qui sont de la plus grosse espece, & qui n’ont point de pepins ; ou s’ils en ont, ils les tirent proprement : ensuite ils pressent insensiblement ces fruits avec la main pour les applatir, & ils les tiennent exposés au soleil & à la rosée. Quand ils sont secs, ils les ramassent dans un grand vase jusqu’à ce qu’ils paroissent couverts d’une espece de gelée blanche qui est leur suc spiritueux, lequel a pénétré sur la surface. Ce suc rend l’usage de ce fruit salutaire aux pulmoniques. On prendroit ces fruits ainsi sechés pour des figues, & alors ils sont de garde. La meilleure provision qui s’en fasse, c’est dans le territoire de Kent-cheou de la province de Chantong. Sans doute que le fruit a dans ce lieu-là plus de corps & de consistance : en effet, quand il est frais cueilli & dans sa maturité, en ouvrant tant soit peu sa peau, on attire & on suce avec les levres toute sa pulpe, qui est très-agréable.

Sans examiner quelle confiance mérite le récit du P. Dentrecolles, & autres voyageurs, sur l’excellence du chit-se & de son fruit, il ne seroit peut-être pas difficile d’en juger par nous-mêmes en Europe. L’arbre y croîtroit aisément suivant les apparences, puisqu’il vient à merveille dans les parties méridionales & septentrionales de la Chine, dans un pays chaud comme dans un pays froid : il ne s’agiroit presque que d’avoir des pepins, & l’on ne manqueroit pas de moyens pour y parvenir. On n’est souvent privé des choses, que faute de s’être donné dans l’occasion quelques soins pour se les procurer. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CHIVAS ou CHIVASSO, (Géog.) ville forte d’Italie dans le Piémont, près du Pô. Long. 25. 30. lat. 45. 3.

Chivas, (Géog.) ville d’Espagne au royaume de Valence.

* CHIUS, s. m. (Hist. anc.) un des jets des dés. Quelques auteurs opinent que c’étoient les trois trois ; d’autres les trois unités.

CHIUSI, (Géog.) petite ville d’Italie au grand duché de Toscane, dans le Siennois. Long. 29. 30. lat. 43.

CHIUTAY, (Géog.) ville considérable de la Turquie en Asie, capitale de la Natolie, sur la riviere d’Ayala. Long. 47. 22. lat. 39. 42.

CHIZE, (Géog.) petite ville de France en Poitou.

C H L

CHLAMYDE, s. f. (Hist. anc.) vêtement militaire des anciens, qui se portoit sur la tunique. Voy. Tunique.

La chlamyde étoit en tems de guerre ce qu’étoit la toga en tems de paix, & l’une & l’autre ne convenoient qu’aux patriciens. Voyez Toga. Elle ne cou-