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trer Lorsque la bouche du port est grande, elles portent sur des piles placées d’espace en espace.

Chaîne de vergues, (Marine.) ce sont de certaines chaînes de fer qu’on tient dans la hune d’un vaisseau, & dont on se sert dans le combat pour tenir les vergues, lorsqu’il arrive que le canon en coupe les cordes ou manœuvres.

Chaînes de chaudiere, (Marine.) ce sont des chaînes de fer qui servent à tenir la chaudiere où cuisent les vivres de l’équipage lorsqu’elle est sur le feu. (Z)

* Chaîne, (Commerce.) mesure qui s’applique à différentes sortes de marchandises, telles que le bois, le grain en gerbes, le foin, & même aux chevaux dont on veut prendre la hauteur. Cette mesure est faite d’une petite chaîne de fer ou de laiton divisée en différentes parties égales par des petits fils de laiton ou de fer fixés sur sa longueur. Ces divisions sont ou par piés & par pouces, ou par palmes, selon l’usage des pays. La chaîne s’applique à Paris, particulierement à la mesure du bois de compte : l’étalon en est gardé au greffe du châtelet : il a quatre piés de longueur ; à l’un des bouts est un petit anneau dans lequel peut être reçû un crochet qui est à l’autre bout, & qu’on peut encore arrêter en d’autres points de la chaîne. Comme il y a trois sortes de bois de compte, dont la grosseur excede celle du bois qui se mesure dans la membrure, il y a sur la longueur de la chaîne, depuis le crochet, trois divisions différentes distinguées par des S de fer, & chacune de ces divisions marque la circonférence du bois qui doit être admis ou rejetté de la mesure de la chaîne. Pour savoir si une piece de bois doit être membrée, ou mesurée à la chaîne, on lui applique la portion de la chaîne comprise depuis le crochet jusqu’à l’S, qui termine la longueur qui doit lui servir de mesure : si cette portion est précisément la mesure de la circonférence de la piece de bois, cette piece est réputée de l’espece de bois de compte désignée par la portion de chaîne qui lui a été appliquée : si elle est lâche sur cette piece de bois, cette piece est renvoyée à l’espece de bois de compte qui est au-dessous de la mesure employée, ou même elle est entierement rejettée. Au contraire elle est réservée pour l’espece de bois de compte qui est au-dessus, si la portion de chaîne qui lui est appliquée étant trop petite pour l’embrasser, le crochet ne peut pas entrer dans la bouclette de fer de l’S qui termine cette portion de la chaîne. On a donné quatre piés à la longueur de la chaîne, parce qu’on peut l’appliquer par ce moyen à toute autre mesure de bois, soit neuf soit flotté ; ces mesures ou membrures devant porter quatre piés en quarré. Voyez Bois, Membrure.

* Chaîne, s. f. (Agricult.) c’est dans une charrue un gros anneau de fer qui tient le timon avec le paumillon. Le timon passe dans cet anneau, & y est arrêté par une cheville. On avance ou on recule la chaîne, en faisant monter ou descendre l’anneau sur le timon, & en le fixant avec la cheville qu’on place alors dans un trou plus haut ou plus bas, selon qu’on se propose de tracer des sillons plus ou moins profonds. Il est évident que selon qu’on descend l’anneau plus ou moins bas sur le timon, le timon se trouve plus ou moins parallele à l’horison ; & que formant avec le terrein un plus grand ou un plus petit angle, le soc poussé par le laboureur enfonce en terre plus ou moins facilement, plus ou moins profondement.

* Chaînes, mettre en chaînes, (Agricult.) se dit dans la récolte du chanvre ou du lin, de la maniere d’exposer à l’air & de faire sécher ces plantes. Ainsi les chaînes de chanvre ou de lin, sont de longues files de poignées assez grosses de ces plantes, dressées en

chevron les unes contre les autres, de maniere que les têtes se croisent, & que les tiges soient écartées en cone, & puissent recevoir de l’air par le bas. Voyez les articles Chanvre & Lin.

Chaînes. On dit de plusieurs tas ou meules de foin, des chaînes de foin. (K)

* Chaîne, (Pêche.) la pêche à la chaîne se fait de la maniere suivante. On cherche une greve un peu spatieuse, où il n’y ait que trois ou quatre piés d’eau : on prend une longue chaîne ; on y attache d’espace en espace des fagots d’épines avec des ficelles longues d’un demi-pié ou envíron, de maniere que ces fagots soient suspendus entre deux eaux : cela fait, on étend au bas de la greve deux filets tout proches l’un de l’autre ; puis sans faire de bruit on descend du haut de la greve en-bas, en entraînant la chaîne tendue avec les fagots qui lui sont attachés. Ces fagots chassent le poisson devant eux jusqu’à l’endroit où sont les filets. Lorsqu’on est parvenu à cet endroit, les tireurs de chaîne la levent de toute leur force : le poisson effrayé veut plonger ; mais ceux qui veillent aux filets venant à les lever en même tems, ils vont au-devant du poisson, qui se précipite & qui se prend.

* Chaînes, (Salines.) se dit des barres de fer dont le bout est rivé par-dessous la chaudiere avec une clavette de fer, & dont l’extrémité supérieure est rabattue de façon à entrer dans des anneaux attachés à de grosses pieces de bois de sapin, appellées traversiers. Voyez Traversiers.

* Chaîne, outil de Charron. Cet outil est composé de plusieurs gros chaînons quarrés, longs, & soudés ; à un de ses bouts est une grosse vis de fer retenue au dernier chaînon par un anneau ; à l’autre bout est un morceau de fer quarré, creusé en long, & fait en écrou, propre à recevoir la vis dont on vient de parler. Les Charrons s’en servent pour approcher les raies d’une roue, & pour les faire entrer dans les mortoises des jantes : ce qu’ils exécutent en entourant deux raies avec cette chaîne, & les forçant de s’approcher par le moyen de l’écrou & de la vis, qu’ils assemblent & qu’ils serrent avec une clé à vis. Voyez les fig. 16. & 16. n°. 2. Pl. du Charron. Voyez les articles Roue, Raie, Jante.

Chaîne de montre, (Horloger.) petite chaîne d’acier fort ingénieusement construite, qui sert à communiquer le mouvement du tambour ou barillet à la fusée. Elle est composée de petites pieces ou maillons tous semblables, & percés à leurs extrémités. On en voit le plan dans la fig. 54. Plan. X. de l’Horlogerie. Pour les assembler, on en prend deux, A & B ; entre eux on fait entrer par chaque bout les extrémités des deux autres D & E, en telle sorte que leurs trous se répondent ; ensuite on les fait tenir ensemble par des goupilles, qui passant à travers ces trous, sont rivées sur le maillon de dessus & sur celui de dessous ; ce qui forme l’assemblage L S, fig. 42. dont la répétition compose la chaîne entiere. Ces maillons se font avec un poinçon, qui les coupe & les perce d’un seul coup : à chaque bout de la chaîne il y a un crochet ; l’un, T, sert pour le barillet ; l’autre, F, pour la fusée.

On attribue communément l’invention de la chaîne à un nommé Gruet, Génevois, qui demeuroit à Londres : ce qu’il y a de certain, c’est que les premieres ont été faites en Angleterre, & que les meilleures viennent encore aujourd’hui de ce pays-là. Au reste, celui qui l’a imaginée, remédiant par-là aux inconvéniens de la corde de boyau, a rendu un très-grand service à l’horlogerie. Voyez là-dessus l’article Montre. Voyez Fusée, Barillet, &c. (T)

Chaîne, (Maréchall.) voyez Mesure.

* Chaînes d’étui de pieces, &c. en terme de Metteur en œuvre, est une chaîne couverte de diamans,