L’Encyclopédie/1re édition/TRAVERSIER

TRAVERSIER, s. m. (Marine.) petit bâtiment qui n’a qu’un mât, qui porte ordinairement trois voiles, l’une à son mât, l’autre à son étai, & la troisieme à un boute-hors, qui regne sur son gouvernail, & dont on se sert pour la pêche, & pour faire de petites traversées.

On appelle aussi traversier un ponton, parce qu’il est propre à de petites traversées.

Traversier de chaloupe, (Marine.) c’est une piece de bois qui lie les deux côtés d’une chaloupe par l’avant. On donne encore ce nom à deux pieces de bois qui traversent une chaloupe de l’avant & de l’arriere, & où sont passées les herses qui servent à l’embarquer.

Traversier de port, (Marine.) nom qu’on donne au vent qui vient en droiture dans un port, & qui en empêche la sortie.

On dit mettre la misaine au traversier. quand on met le point de la voile vis-à-vis du traversier ; ce qui a lieu dans un vent largue.

Traversiers ou Drague, une sorte de filet usité dans l’île de Ré dans le ressort de l’amirauté de la Rochelle.

Les bateaux traversiers de la flotte pêchent à la voile comme tous les autres semblables pêcheurs ; leur sac est de la même forme, quarré ; il a environ quatre brasses d’ouverture, & six de profondeur ; les pêcheurs chargent les coins de leur sac de drague à son ouverture, d’une pierre du poids d’environ vingt à vingt-cinq livres pesant ; les rouleaux ou plaques de plomb qui sont sur la traverse de grosse corde d’en-bas pesent en tout environ trente livres, en quoi ce fil et est plus chargé que celui des autres traversiers, qui sont aussi différemment établis.

Le haut de l’ouverture du sac est garni d’un plus leger cordage, qui est encore soutenu de huit ou dix grosses flottes de liege, pesant ensemble au plus deux ou trois livres.

Pour tenir ce sac de drague ouvert dans sa manœuvre, les pêcheurs de Ré n’amarrent point de perche sur l’ouverture du filet, comme font les pêcheurs du port de Bareque & de Lupin ; ils en ont une qu’ils nomment espars, de cinq à six brasses de long, dont chaque bout est amarré sur une des funes ou petits halins de 130 à 150 brasses de long chacune : la perche est placée à un pié & demi ou deux piés de l’ouverture du sac, qu’elle tient de cette maniere ouvert de toute la longueur de l’espars, au milieu de laquelle pour la rendre encore plus flottante, on frappe deux grosses bouées de liege, qui pesent chacune 5 à 6 livres ; ce qui fait que dans l’opération de la pêche le sac des traversieres roule encore plus facilement sur la surface des fonds que toutes les autres especes de dragues en sac.

Les tems les plus favorables pour faire cette pêche sont les vents d’Amont, ceux du Rumb de l’Aval lui sont les plus contraires.

Les mailles des sacs des traversiers sont plus serrées que celles qui forment les dreiges des autres traversiers ; les plus larges sont à l’ouverture du sac, & ont environ 14 lignes en quarré, les autres en ont 13 ; celles qui suivent ont 11 lignes, & les plus serrées qui sont au fond n’ont que 9 lignes en quarré.

Traversiers, terme de Tisserand ; ce sont des bâtons qui soutiennent plusieurs cordes, & qui opérent la communication des marches avec les lames.