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pose la quille du vaisseau qu’on veut construire, & les pieces de bois qui la soûtiennent, &c qu’on appelle tins. Voyez Pl. VIII. de Marine, un chantier sur lequel il y a un bâtiment M, & les tins K qui soûtiennent sa quille. Voyez Tins.

Pour bien mettre la quille sur le chantier, il faut que les tins soient placés à six piés les uns des autres, & avoir attention que le milieu de la quille porte bien sur le milieu de chaque tin : il faut prendre garde de tenir la quille plus haute à l’arriere, & que cette hauteur soit convenable pour la facilité la plus grande de lancer le navire à l’eau. Voyez cette position dans la figure citée.

Dans un arsenal, le chantier est dans une forme, bassin, ou chambre. Voyez Plan. VIII. le bassin ou la chambre, & son chantier EFGH. (Z)

Chantier, (Menuis. Charpent. & autres ouvr.) c’est le lieu où ces ouvriers ont disposé leurs planches & autres bois, soit en plein air, soit à l’abri sous des angars, & où ils font une partie de leurs ouvrages.

Chantier, (Marchand de bois) est un espace sur les quais ou autres endroits voisins de la riviere, où l’on met en pile le bois à brûler, & où les particuliers vont s’en pourvoir.

Chantier, (Marchand de vin) ce sont deux pieces de bois sur lesquelles les tonneaux sont élevés dans les caves, à environ un pié de terre, pour que l’humidité n’en attaque pas les cerceaux & les douves.

Chantier, (Constructeur de trains) bûches ou perches auxquelles on a pratiqué des hoches, dans lesquelles passent les roüettes qui lient ensemble un certain nombre d’autres bûches contenues entre elles, qu’on appelle chantiers. Les hoches sont pratiquées sur le bout des chantiers (Voyez Rouettes.), & elles empêchent les roüettes de s’échapper de dessus elles, & les différentes parties du train de se dissoudre. Voyez Train.

Chantier, (Charpent.) les Charpentiers donnent ce nom aux pieces de bois sur lesquelles ils ont placé leurs ouvrages, pour les travailler & les mettre de niveau ; d’où ils ont fait le verbe chantier. Voyez Chantier.

Chantier, (Marchand de blé) pieces de bois sur lesquelles les sacs sont placés sur les ports au blé.

Chantier à commettre, (Corderie.) est un bâti de deux grosses pieces de bois d’un pié & demi d’équarrissage, & de dix piés de long, maçonné en terre ; les deux pieces éloignées l’une de l’autre de six piés, supportent une forte traverse de bois percée de quatre à cinq trous, dans lesquels passent les manivelles. Voyez Manivelles & Corderie.

Ces différentes acceptions de chantier ont donné lieu à une façon de parler commune entre les Artistes ; c’est être sur le chantier, pour dire, se travailler actuellement ; & elle a passé des boutiques, des atteliers, &c. dans la société, où elle s’applique à d’autres ouvrages qui n’ont rien de méchanique.

CHANTIGNOLE, s. f. (Charpent.) est une piece de bois coupée quarrément par un bout & en angle par l’autre, mise en embrévement sur l’arbalétrier, au-dessous du tasseau qui soûtient les pannes. Voyez la fig. 17. Pl. du Charpent. n°. 22.

Chantignole, en Architect. Voyez Briques. (P)

CHANTOCÉ, (Géog.) petite ville de France en Anjou, sur la rive droite de la Loire.

* CHANTOURNER, v. act. terme d’Archit. de Menuis. & autres Artist. c’est couper en-dehors, ou évider en-dedans, une piece de bois, une plaque de métal, ou même une table de marbre, suivant un profil ou dessein donné. Le même terme a lieu en Peinture, & se dit & des objets représentés sur la toile, & des bordures auxquelles on a pratiqué

des éminences ou contours qui font rentrer & saillir quelques-unes de leurs parties.

CHANTRE, s. m. ecclésiastique, ou séculier qui porte alors l’habit ecclésiastique, appointé par les chapitres pour chanter dans les offices, les récits, ou les chœurs de musique, &c. On ne dit jamais chanteur, que lorsqu’il s’agit du chant profane ; (Voyez Chanteur. ) & on ne dit jamais chantre, que lorsqu’il s’agit du chant d’église. Les chantres de la musique des chapitres sont soûmis au grand-chantre, qui est une dignité ecclésiastique : ils exécutent les motets, & chantent le pleinchant, &c. On donnoit autrefois le nom de chantres aux musiciens de la chapelle du roi : ils s’en offenseroient aujourd’hui ; on les appelle musiciens de la chapelle.

Ceux mêmes des chapitres qui exécutent la musique, ne veulent point qu’on leur donne ce nom ; ils prétendent qu’il ne convient qu’à ceux qui sont pour le pleinchant, & ils se qualifient musiciens de l’église dans laquelle ils servent : ainsi on dit les musiciens de Notre-Dame, de la sainte-Chapelle ; &c.

Pendant le séjour de l’empereur Charlemagne à Rome en l’an 789, les chantres de sa chapelle qui le suivoient ayant entendu les chantres Romains, trouverent leur façon de chanter risible, parce qu’elle différoit de la leur, & ils s’en moquerent tout haut sans ménagement : ils chanterent à leur tour ; & les chantres Romains, aussi adroits qu’eux pour le moins à saisir & à peindre le ridicule, leur rendirent avec usure toutes les plaisanteries qu’ils en avoient reçues.

L’empereur qui voyoit les objets en citoyen du monde, & qui étoit fort loin de croire que tout ce qui étoit bon sur la terre fut à sa cour, les engagea les uns & les autres à une espece de combat de chant, dont il voulut être le juge ; & il prononça en faveur des Romains. Le P. Daniel, hist. de Fr. tome I. p. 472.

On voit par-là combien les François datent de loin en fait de préventions & d’erreurs sur certains chapitres : mais un roi tel que Charlemagne n’étoit pas fait pour adopter de pareilles puérilités ; il semble que cette espece de feu divin qui anime les grands hommes, épure aussi leur sentiment, & le rend plus fin, plus délicat, plus sûr que celui des autres hommes. Personne dans le royaume ne l’avoit plus exquis que Louis XIV. le tems a confirmé presque tous les jugemens qu’il a portés en matiere de goût.

On dit chantre, en Poésie, pour dire poëte : ainsi on désigne Orphée sous la qualification de chantre de la Thrace, &c. On ne s’en sert que rarement dans le style figuré, & jamais dans le simple. (B)

Chantre, s. m. (Jurispr.) en tant que ce terme signifie un office ou bénéfice, est ordinairement une des premieres dignités d’un chapitre. Le chantre a été ainsi nommé par excellence, parce qu’il est le maître du chœur.

Dans les actes latins il est nommé cantor, præcentor, choraules. Le neuvieme canon du concile de Cologne, tenu en 1620, leur donne le titre de chorévêques, comme étant proprement les evêques ou intendans du chœur. Voyez tome XI. des conciles, p. 789. Le concile tenu en la même ville en 1536, canon iij. leur donne le même tire : cantores qui & chorepiscopi, tome XIV. des conciles, p. 510. Dans la plûpart des cathédrales & collégiales, le chantre en dignité est surnommé grand-chantre, pour le distinguer des simples chantres ou choristes à gages.

Le concile de Mexique tenu en 1585, ch. v. regle les fonctions du chantre, & dit qu’il doit faire mettre toutes les semaines dans le chœur un tableau où l’ordre du service divin soit marqué.

Le chantre porte la chape & le bâton cantoral dans les fêtes solennelles, & donne le ton aux au-