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pire, jusqu’au tems d’Alexis Comnene, qui en investit Nicéphore de Melise en conséquence de la convention faite entre eux ; & comme il falloit nécessairement qu’il conférât une dignité supérieure à son frere Isaac, il le créa sebastocrator, lui donnant en cette qualité la presséance sur Nicéphore, & ordonna que dans toutes les acclamations Isaac seroit nommé le second, & Nicéphore le troisieme.

L’origine de ce titre fut le surnom du premier empereur, C. Julius César, que le sénat ordonna par un decret exprès que tous les empereurs porteroient dans la suite : mais sous ses successeurs le nom d’Auguste étant devenu propre aux empereurs, celui de césar fut communiqué à la seconde personne de l’empire, sans que l’empereur cessât pour cela de le porter. On voit par-là quelle est la différence entre césar purement & simplement, & césar avec l’addition d’empereur auguste.

Les auteurs sont partagés sur l’origine du mot césar, surnom de la maison Julia. Quelques-uns d’après Servius le font venir de cæsaries, cheveux, chevelure, prétendant que celui qui le porta le premier étoit remarquable par la beauté de sa chevelure ; & que ce fut pour cela qu’on lui donna ce surnom. L’opinion la plus commune est que le mot césar vient à cæso matris utero ; de ce qu’on ouvrit le flanc de sa mere pour lui procurer la naissance. V. Césarienne.

D’autres font venir ce nom de ce que celui qui le porta le premier avoit tué à la guerre un éléphant, animal qui se nomme césar dans la Mauritanie. Bircherodius consume cette opinion par l’autorité d’une ancienne medaille sur laquelle est représenté un éléphant avec le mot césar.

Depuis Philippe le fils, les césars ajoûtoient à leur titre de césar, celui de nobilissime, comme il paroît par plusieurs médailles anciennes ; & les femmes des césars partageoient avec eux ce dernier titre, comme celles des empereurs portoient le nom d’augustes. (G)

CESARÉE, s. f. (Géog. anc. & mod.) ville de Palestine, d’une situation très-avantageuse le long de la mer, auparavant appellée la tour de Straton ; dans la suite Flavie Auguste Césarée. Long. 66. 15. lat. 32. 20.

Césarée, ville de Cappadoce, anciennement Mazaca, & antérieurement Edesse la Parthienne ; selon quelques-uns Apamia ; selon d’autres ou l’Erseron, ou le Tissaria, ou le Caisaire d’aujourd’hui.

Césarée de Philippe, auparavant Paneas, au pié du mont Liban, vers les sources du Jourdain, & les confins de la Cœlesyrie, aujourd’hui Beline, ou Bolbec.

Césarée sur la mer, ancienne capitale de Mauritanie ; il en reste des ruines fort étendues : on croit que c’est la Jol de Pline, de Ptolomée, & de Pomponius Mela.

CÉSARIENNE (Opération) ou SECTION, est une opération de Chirurgie, qui consiste à tirer le fœtus de la matrice par une ouverture faite à l’abdomen de la mere, morte ou vivante. Voyez Accouchement. Les Grecs appellent cette opération ὑστεροτομοτοία ou ὑστεροτομία. Voyez Naissance, Uterus, &c.

Il est constaté par l’expérience que les plaies des muscles de l’épigastre du péritoine, & celles de la matrice, ne sont pas mortelles ; ensorte qu’il y a des cas où l’on peut hasarder d’ouvrir l’abdomen de la mere, pour donner passage à l’enfant. Ceux qui naissent de cette maniere sont appellés cæsares ou cæsones, à cæso matris utero, tels qu’ont été C. Julius César, Scipion l’Africain, Manlius, & Edouard VI. roi d’Angleterre. Voyez César.

Cette opération se pratique dans deux circonstances différentes : 1°. lorsqu’une femme meurt par quelqu’accident dans le cours de sa grossesse ; il n’y a point

alors d’inconvénient à la mettre en usage, puisque c’est la seule voie de sauver l’enfant. Il n’y a point de contestation sur ce point ; tous les auteurs en en convenant, assûrent qu’il ne faut pas perdre de tems, & que l’on ne peut trop se hâter de faire l’opération césarienne.

2°. Lorsque la femme est vivante, on ne doit dans ce cas se déterminer à lui faire cette opération, que lorsqu’on est sûr de l’impossibilité absolue de l’accouchement par les voies ordinaires avec les secours auxiliaires qu’on peut employer dans différens cas. Voyez Accouchement.

Les causes de cette impossibilité viennent de la mauvaise conformation des os du bassin de la mere, qui rend le passage trop étroit ; les tumeurs skirrheuses du vagin, & les exostoses des ischions peuvent produire le même effet. Quelques auteurs y joignent la grosseur extraordinaire du fœtus & sa conformation monstrueuse. Quand l’impossibilité de l’accouchement vient du défaut naturel ou contre nature des organes de la mere, il faut nécessairement, pour lui sauver la vie & à son enfant, faire une incision à la matrice pour tirer celui-ci. Les mauvaises raisons de quelques auteurs contre une opération si utile, tombent par les faits qui en assûrent la possibilité. On trouve dans le premier volume des Mémoires de l’académie royale de Chirurgie, des recherches de M. Simon sur l’origine de l’opération césarienne, il rapporte les différentes disputes qu’elle a occasionnées, & les autorités & les faits qui font juger du succès qu’on peut en attendre. Il n’oublie pas de faire usage d’une observation de M. Soumain qui a fait cette opération en 1740, en présence des plus habiles accoucheurs de Paris, à une femme âgée de trente-sept ans, qui n’a que trois piés & un pouce de hauteur. L’étroitesse du bassin & sa conformation irréguliere ont déterminé tous les consultans à proposer l’opération qui a eu tout le succès possible.

L’opération césarienne est nécessaire dans un cas particulier dont on a quelques exemples ; c’est la chûte de l’enfant dans le ventre par la rupture de la matrice. Un Chirurgien certain de la grossesse d’une femme, se décidera fort aisément sur ce cas lorsqu’il se sera assûré que l’enfant n’est plus dans la matrice. Saviard, Chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu de Paris, donne un exemple de cet accident ; voyez son observation vingt-cinquieme. On en trouve de pareilles dans les Mémoires de l’académie royale des Sciences.

Les succès démontrés de l’opération césarienne, ont fait croire qu’il falloit la mettre en usage dans toutes les circonstances où l’enfant ne pouvoit sortir ; cependant si la difficulté vient de son volume extraordinaire ou de sa conformation monstrueuse bien reconnue, il semble qu’il seroit plus à propos, lorsqu’on est assûré de sa mort, de faire usage des crochets, qui bien dirigés, mettent moins en danger la vie de la mere, que l’opération césarienne. C’est la pratique la plus suivie. Voyez Crochet.

Pour faire l’opération césarienne, il faut coucher la femme sur le dos, la tête & la poitrine plus élevées que le reste du corps ; elle sera sur le bord de son lit. On préferera d’opérer sur le côté qui paroîtra le plus éminent ; il faut faire l’incision longitudinalement le long du bord extérieur du muscle droit, ou ce qui est plus facile à fixer, entre l’ombilic & l’épine antérieure & supérieure de l’os des iles ; l’incision doit être d’environ six à sept pouces de longueur suivant les sujets. On recommande un bistouri droit ; je préfere un bistouri courbe tranchant sur sa convexité : nous en avons fait remarquer les avantages au mot Bistouri.

L’incision intéresse la peau, la graisse, les muscles obliques & transverses du bas-ventre, & le péritoine. Il faut inciser avec précaution lorsqu’on coupe le péritoine, de crainte de blesser les intestins, que les