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fond encore les celeres avec les soldats nommés trossuli, parce qu’ils emporterent d’emblée la ville de Trossulum en Etrurie.

Outre l’honneur de garder à Rome la personne du roi quand on étoit en campagne, les celeres faisoient l’avant-garde de l’armée, chargeoient les premiers, & formoient l’arriere-garde dans les retraites. Ils ressembloient à nos dragons, puisqu’ils combattoient quelquefois à pié, quoiqu’ils fussent d’ailleurs montés & compris dans la cavalerie. Ils étoient divisés en trois escadrons de cent maîtres chacun, sous un capitaine ou centurion ; & leur commandant en chef se nommoit tribunus ou præfectus celerum. On le regardoit comme la seconde personne de l’état.

Plutarque assûre que Numa supprima ce corps : mais il fut rétabli sous les rois ses successeurs ; puisqu’il est certain que le fameux Brutus qui chassa de Rome Tarquin le superbe, avoit été tribun des celeres. (G)

CÉLERI, s. m. apium dulce, (Jard.) est une espece d’ache, dont les feuilles sont déchiquetées, dentelées, & d’un verd luisant, mais dont les tiges sont d’un goût moins fort, & plus agréable que l’ache des marais. Ces tiges se blanchissent, & deviennent tendres en les buttant de terre & de fumier jusqu’au haut des feuilles, dont on coupe l’extrémité. Le céleri se mange en salade, & sert à plusieurs ragoûts. Cette plante se multiplie de graine qui est fort menue, & que l’on seme sur couche au mois d’Avril. On la replante ensuite en pleine terre au mois de Juin sur une planche terrotée de quatre piés de large, & à trois pouces l’une de l’autre sur cinq rayons, ayant soin de l’arroser souvent, & toûjours de la butter. Voyez Ache. (K)

CELERIN, s. m. membradas, (Hist. nat. Ichth.) poisson de mer du genre des aphyes. Il a le corps blanc & la tête de couleur d’or, & il ressemble aux sardines.

Célerin erica, poisson qui se trouve souvent dans les lacs de Savoie. On lui a donné le nom de célerin, parce qu’il ressemble beaucoup aux célerin ; de mer. Il est aussi fort ressemblant à la sardine : c’est pourquoi on l’appelle en Italie sardanella. Ses écailles sont fort menues & luisantes comme de l’argent : elles tombent aisément. La bouche est grande ; les ouvertures des ouies sont découpées. Ce poisson est fort gras. On en prend une grande quantité au printems. On sale les petits, parce qu’ils se gardent mieux que les grands. Rondelet. Voyez Poisson. (I)

CELERITÉ, s. f. (Méchanique.) est proprement la vîtesse d’un corps en mouvement, ou cette affection du corps en mouvement, par laquelle il est mis en état de parcourir un certain espace dans un certain tems. Voyez Vîtesse,  ; voyez aussi Mouvement.

Ce mot s’employe presque toûjours dans un sens figuré. On se sert rarement du mot de célérité pour exprimer la vîtesse d’un corps en mouvement : mais on s’en sert souvent dans l’usage ordinaire ; lorsqu’on dit, par exemple, qu’une telle affaire demande expédition & célérité, &c. Ce mot vient du latin celeritas, qui signifie la même chose. (O)

* CELESTE, s. f. (Myth.) déesse adorée à Carthage & dans toutes les contrées septentrionales de l’Afrique. Elle étoit représentée assise sur un lion, & surnommée la reine du ciel. Eliogabale qui avoit pris le titre de prêtre du soleil, enleva l’idole de Céleste de Carthage, avec toutes les richesses de son temple ; la maria avec son dieu, & contraignit les sujets de l’empire à célébrer ses noces, & à lui faire des présens. Constantin détruisit le temple que Céleste avoit à Carthage.

CELESTINS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) ordre religieux, ainsi nommés du pape Célestin V. qui avant

que d’être élevé sur la chaire de saint Pierre, & ne portant encore que le nom de Pierre de Moron ; établit une congrégation de religieux réformés de l’ordre de Saint-Bernard. Il commença en 1244 ; fut approuvé par Urbain IV. en 1264, & confirmé dix ans après par Grégoire X. au II. concile général de Lyon. D’Italie il passa en France l’an 1300, sous le regne de Philippe-le-Bel ; & en 1318, selon du Breuil dans ses Antiquités de Paris, fut fondée la maison qu’ont en cette capitale les Célestins. Elle est en France le chef de l’ordre, qui consiste en vingt-trois monasteres ; ils sont gouvernés par un provincial, qui a pouvoir de général en France, & qui est élû tous les trois ans. (G)

* CÉLEUSME, s. m. (Hist. anc.) c’est le nom du cri par lequel on exhortoit chez les Grecs les rameurs à redoubler leurs efforts. Ce cri étoit, selon Aristophane, rhippapé ou oop. Voyez Cri. Le celeusme étoit aussi à l’usage des gens de mer, chez les Romains. Les commandans avec leurs celeusmes, dit Arrien, ordonnoient aux rameurs de commencer ou de cesser ; & les rameurs répondant par un cri, plongeoient tous à la fois leurs rames dans le fleuve.

* CELEUSTE, s. f. (Hist. anc.) nom d’une des danses boufonnes des Grecs. On n’en sait rien de plus.

* CÉLIBAT, s. m. (Hist. anc. & mod. & Morale.) est l’état d’une personne qui vit sans s’engager dans le mariage. Cet état peut être considéré en lui-même sous trois aspects différens : 1°. eu égard à l’espece humaine ; 2°. à la société ; 3°. à la société chrétienne. Mais avant que de considérer le célibat en lui-même, nous allons exposer en peu de mots sa fortune, & ses révolutions parmi les hommes. M. Morin, de l’académie des Belles-lettres, en réduit l’histoire aux propositions suivantes. Le célibat est aussi ancien que le monde ; il est aussi étendu que le monde : il durera autant & infiniment plus que le monde.

Histoire abrégée du célibat. Le célibat est aussi ancien que le monde, s’il est vrai, ainsi que le prétendent quelques auteurs de l’ancienne & de la nouvelle loi, que nos premiers parens ne perdirent leur innocence qu’en cessant de garder le célibat ; & qu’ils n’auroient jamais été chassés du paradis, s’ils n’eussent mangé le fruit défendu ; action qui dans le style modeste & figuré de l’Ecriture, ne désigne autre chose, selon eux, que l’infraction du célibat. Ils tirent les preuves de cette interprétation grammaticale, du sentiment de nudité qui suivit immédiatement le péché d’Eve & d’Adam ; de l’idée d’irrégularité attachée presque par toute la terre à l’acte charnel ; de la honte qui l’accompagne ; du remors qu’il cause ; du péché originel qui se communique par cette voie : enfin de l’état où nous retournerons au sortir de cette vie, où il ne sera question ni de maris ni de femmes, & qui sera un célibat éternel.

Il ne m’appartient pas, dit M. Morin, de donner à cette opinion les qualifications qui lui conviennent ; elle est singuliere : elle paroît opposée à la lettre de l’Ecriture ; c’en est assez pour la rejetter. L’Ecriture nous apprend qu’Adam & Eve vécurent dans le paradis, comme frere & sœur ; comme les anges vivent dans le ciel ; comme nous y vivrons un jour : cela suffit ; & voilà le premier & le parfait célibat. Savoir combien il dura, c’est une question purement curieuse. Les uns disent quelques heures ; d’autres quelques jours : il y en a qui, fondés sur des raisons mystiques, sur je ne sai quelles traditions de l’église Greque, sur l’époque de la naissance de Caïn, poussent cet intervalle jusqu’à trente ans.

A ce premier célibat, les docteurs Juifs en font succéder un autre qui dura bien davantage ; car ils prétendent qu’Adam & Eve, confus de leur crime, en firent pénitence pendant cent ans, sans avoir aucun