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coopere avec quelque autre maladie dont elle est suivie. Ainsi lorsque la colere ou la chaleur du climat dans lequel on vit, donne aux humeurs une disposition qui produit la fievre, cette disposition est la cause immédiate de la fievre ; & la colere ou la chaleur en est la cause procatarctique.

Cause continente, en Medecine, se dit de celle dont la maladie dépend si immédiatement, qu’elle ne sauroit cesser tant qu’elle subsiste. Voyez Maladie.

Une cause continente de la suppression d’urine, est le calcul qui se trouve dans la vessie. Voy. Calcul.

Fievre continente ou continüe, est celle dont la crise se fait sans intermission ou rémission. V. Fievre. (N)

Cause, en terme de Pratique, est la contestation qui fait l’objet d’un plaidoyer ; & quelquefois le plaidoyer même. On dit plûtôt procès, quand il s’agit d’une affaire qui s’instruit par écritures.

On appelle causes d’appel, les moyens que l’appellant entend alléguer pour soûtenir la légitimité de son appel. (H)

Causes majeures, dans la discipline ecclésiastique, sont toutes les questions importantes qui concernent soit le dogme, soit la discipline, & particulierement les actions intentées contre les évêques, dans des cas où il peut y avoir lieu à la déposition.

Suivant l’ancien droit, ces causes étoient jugées dans le concile de la province, du jugement duquel le septieme canon du concile de Sardique, tenu en 347, permet d’appeller au pape, pour examiner de nouveau l’affaire : mais il en réserve toûjours le jugement aux évêques de la province voisine.

Suivant le droit nouveau, c’est-à-dire l’introduction des Decrétales, comprises dans le recueil d’Isidore, c’est-à-dire depuis le ix. siecle, le concile de la province peut bien instruire & examiner le procès : mais la décision doit être réservée au saint siége. Toutes les causes majeures depuis ce tems ont été censées appartenir au pape seul en premiere instance : & voici ce que les canonistes lui attribuent. Déclarer les articles de foi : convoquer le concile général : approuver les conciles, & les écrits des autres docteurs : diviser & unir les évêchés, ou en transfére : le siége : exempter les évêques & les abbés de la jurisdiction de leurs ordinaires : transférer les évêques : les déposer, les rétablir : juger souverainement, ensorte qu’il n’y ait point d’appel de ses jugemens.

Voilà ce qu’on entend communément par causes majeures. La pragmatique-sanction a reconnu que les causes majeures, dont l’énumération expresse se trouve dans le droit, doivent être portées immédiatement au saint-siége ; & qu’il y a des personnes dont la déposition appartient au pape : ensorte que s’ils sont trouvés mériter cette peine, ils doivent lui être renvoyés avec leur procès instruit.

Le concile de Trente, sess. XXIV. c. v. ordonne que les causes criminelles contre les évêques, si elles sont assez graves pour mériter déposition ou privation, ne seront examinées & terminées que par le pape ; que s’il est nécessaire de les commettre hors de la cour de Rome, ce sera aux évêques ou au métropolitain que le pape choisira par commission spéciale signée de sa main ; qu’il ne leur commettra que la seule connoissance du fait, & qu’ils seront obligés d’en envoyer l’instruction au pape, à qui le jugement définitif est réservé. On laisse au concile provincial les moindres causes.

Mais l’église Gallicane a conservé l’ancien droit, suivant lequel les évêques ne doivent être jugés que par les évêques de la province assemblés en concile, en y appellant ceux des provinces voisines jusqu’au nombre de douze, sauf l’appel au pape suivant le concile de Sardique. C’est ce que le clergé de France a arrêté, tant par sa protestation faite dans le tems

contre le decret du concile de Trente, que par celle qu’il fit en 1650, au sujet de ce qui s’étoit passé d’irrégulier & de contraire à ses droits dans l’instruction du procès de l’évêque de Léon, en 1632. Fleury, Instit. au Droit ecclés. tom. II. Part. III. ch. xviij. pag. 169. & suiv. (G)

CAUSSADE, (Géog.) petite ville de France dans le bas Quercy, près de l’Aveyrou.

CAUSTIQUE, adj. pris subst. (Chimie.) Ce nom a été donné a certains dissolvans, dont on a évalué l’action par leur effet sur le corps animal, qu’ils affectent à peu-près de la même façon que le feu, ou les corps actuellement ignés ou brûlans. Cette action est une vraie dissolution (Voyez Menstrue) ; car les caustiques proprement dits, sont de vrais dissolvans des substances animales. Les alkalis fixes, sur-tout animés par la chaux (Voyez Pierre à cautere), les alkalis volatils, la chaux vive, attaquent ces substances très-efficacement, & se combinent avec elles. Les acides minéraux concentrés, & les sels métalliques surchargés d’acide (comme le sublimé corrosif, le beurre d’antimoine, le vitriol, les crystaux de lune, &c.) les attaquent & les décomposent. Voyez Lymphe.

Quelques sucs résineux, comme ceux de quelques convolvulus, du toxicodendron, des tithymales, & quelques baumes très-visqueux, comme la poix de Bourgogne, les huiles essentielles vives, ne sont pas des caustiques proprement dits. Ces substances n’agissent sur l’animal vivant que par irritation ; elles peuvent enflammer les parties, les mortifier même assez rapidement : mais c’est comme sensibles que ces parties sont alors affectées, & non pas comme solubles.

C’est appliquer un cautere sur une jambe de bois, dit-on communément pour exprimer l’inutilité d’un secours dont on essaye. Un medecin diroit tout aussi volontiers, & plus savamment, sur la jambe d’un cadavre, puisque la bonne doctrine sur l’action des remedes est fondée sur le jeu des parties, sur leur mobilité, leur sensibilité, leur vie ; les remedes n’opéreroient rien sur le cadavre, disent la plûpart des auteurs de matiere médicale. Ces auteurs ont raison pour plusieurs remedes ; pour la plûpart même : mais ils se trompent pour les vrais caustiques. On feroit aussi-bien une escarre sur un cadavre que sur un corps vivant.

L’opération par laquelle on prépare ou tane les cuirs, n’est autre chose que l’application d’un caustique léger à une partie morte, dont il dissout & enleve les sucs lymphatiques, les humeurs, en épargnant les fibres ou parties solides ; mais qui détruiroit ces solides même à la longue, ou si on augmentoit la dose, ou l’intensité du dissolvant.

La préparation des mumies d’Egypte ne différoit de celle de nos cuirs, que par le dissolvant que les embaumeurs Egyptiens employoient. Nos Taneurs se servent de la chaux ; c’étoit le natron qui étoit en usage chez les Egyptiens. Voyez l’extrait du Mémoire de M. Rouelle sur les mumies, lû à l’assemblée publique de l’Académie des Sciences du mois de Novembre 1750. dans le Mercure de Janvier 1751. [Cet article est de M. Venel.]

L’usage des caustiques, en Medecine, est de manger les chairs fongueuses & baveuses ; ils penétrent même dans les corps durs & calleux, fondent les humeurs, & sont d’un usage particulier dans les abscès & les apostumes, pour consumer la matiere qui est en suppuration, & y donner une issue ; & servent aussi quelquefois à faire une ouverture aux parties, dans les cas ou l’incision seroit difficile à pratiquer ou dangereuse.

Les principaux médicamens de cette classe sont l’alun brûlé, l’éponge, les cantharides & autres vésicatoires, l’orpiment, la chaux-vive, le vitriol, les