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mer Caspienne. Strabon rapporte que ces barbares avoient coûtume de renfermer dans un lieu étroit, & d’y laisser mourir de faim leurs peres & meres, quand ils avoient atteint l’âge de soixante ou soixante-dix ans.

CASQUE ou HEAUME, s. m. (Art milit.) arme défensive pour couvrir la tête & le cou.

Le mot casque vient de cassicum ou cassicus, diminutif de cassis.

Le casque avoit une visiere faite de petites grilles ; elle se baissoit durant le combat, & se relevoit pour prendre l’air en rentrant sous le front du casque. Cette armure étoit pesante, & devoit être forte pour être à l’épreuve de la hache d’armes & de la massue. Le casque étoit assez profond, & s’étrécissoit en s’arrondissant par en-haut, ayant presque la figure d’un cone. Il avoit une mentoniere dans laquelle entroit la visiere quand elle étoit baissée, & au-dessus comme un collet de fer qui descendoit jusqu’au défaut des épaules. Il étoit séparé du casque, & s’y joignoit par le moyen d’un collier de métal.

Le Gendre a remarqué qu’autrefois en France les gendarmes portoient tous le casque. Le roi le portoit doré ; les ducs & les comtes argenté ; les gentilshommes d’ancienne race le portoient d’un acier poli, & les autres de fer simplement.

On trouve des casques sur les anciennes médailles, & l’on y reconnoît leurs différentes façons à la Greque & à la Romaine. C’est le plus ancien habillement de tête qui paroisse sur les médailles & le plus universel : c’est par-là que les rois & les dieux mêmes se distinguoient. Celui qui couvre la tête de la figure de Rome, est garni de deux ailes comme celui de Mercure : celui de quelques rois est paré des cornes de Jupiter Ammon, ou simplement de taureau & de bélier, pour marquer une force extraordinaire. V. le P. Jobert, science des médailles.

Le casque est un ornement & une marque de noblesse & de fiefs nobles ; il en fait voir les différens degrés selon sa nature & sa situation, à plus ou moins de vûes sur les écus. Les rois & les empereurs le portent tout d’or, broché, brodé & damasquiné, tarré de front, la visiere entierement ouverte, sans aucune grille ni barreaux.

Les princes, ducs & souverains, le portent d’or, & tarré de front, sans visiere, mais un peu moins ouvert, pour marquer une moindre dignité, & quand il y a des barreaux, ils en mettent onze, &c. (Q)

* Casque, (Myth.) on dit que les Cyclopes, en forgeant le foudre de Jupiter, firent en même tems un casque pour Pluton ; que ce casque rendoit invisible celui qui le portoit, & que Persée l’emprunta pour combatre Méduse.

Casque, en terme de Blason, signifie la même chose que heaulme. Voyez Heaulme & Blason

CASSA, terme usité parmi les Provençaux, pour signifier la caisse ou coffre fort, dans lequel les marchands, négocians, banquiers & gens d’affaires, ont coûtume d’enfermer leur argent comptant, pierreries, papiers de conséquence, & autres effets les plus précieux. Voyez Caisse. Dictionnaire du commerce, tom. II. pag. 123. (G)

CASSAGNETES, (Géog.) petite ville de France, dans le Rouergue.

* CASSAILLE, s. f. (Agriculture.) c’est ainsi qu’on appelle le premier labour qu’on donne aux terres, ou après la moisson aux environs de la S. Martin, ou après la semaille vers Pâques. Dans le premier cas on se propose d’ouvrir la terre, & de détruire les mauvaises herbes. On dit faire la cassaille. Voyez l’article Agriculture.

CASSAN ou CACHAN, (Géog.) grande & riche ville d’Asie du royaume de Perse, dans la province

d’Irac, fameuse par les étoffes de soie qui s’y fabriquent.

CASSANO, (Géog.) petite ville d’Italie, au duché de Milan, avec un château fort.

Cassano ou Cossano, (Géog.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, à deux lieues du golfe de Tarente. Long. 34. 5. lat. 39. 55.

CASSANT, adj. (Phys.) se dit d’un corps dont la dureté est accompagnée de fragilité, espece de dureté, qu’on suppose produite par l’engrenement mutuel & facile à détruire, des parties du corps. Voyez Dureté.

Cassant est opposé à ductile, malléable. Voyez Ductilité, &c. (O)

CASSATION, s. f. terme de Palais, est le jugement par lequel on annulle un acte ou une procédure.

Ce mot vient du Latin quassare, qui signifie secoüer quelque chose avec force.

On peut se pourvoir au conseil d’état & privé, en cassation, contre un jugement d’une cour souveraine, si ce jugement se trouve être en contrariété avec un autre rendu précédemment dans la même cause & contre la même partie ; s’il contient des dispositions directement contraires à celles des ordonnances ou des coûtumes ; s’il a été omis quelqu’une des formalités prescrites par les ordonnances à peine de nullité.

Celui qui veut se pourvoir en cassation, fait signifier sur les lieux à la partie ou à son procureur, ou au procureur général, si c’est en matiere criminelle, ou qui concerne les droits & domaines de sa Majesté, qu’il entend se pourvoir au conseil en cassation, & leur donne copie de sa requête, & des pieces sur lesquelles il entend fonder la cassation.

La requête en cassation doit être signifiée dans les six mois du jour de la signification de l’arrêt contre lequel on entend se pourvoir.

La voie de la cassation ne suspend point l’exécution du jugement contre lequel on se pourvoit.

Le demandeur en cassation doit consigner une amande de 450 livres, qu’il ne retire point s’il succombe à sa demande. (H)

CASSAVE, ou CASSAVI, ou MANIHOT, ou MANIHOC, est un genre de plante observée par le P. Plumier ; ses fleurs sont monopétales, en forme de cloche découpée, & le plus souvent ouverte. Le pistil devient dans la suite un fruit arrondi, qui renferme trois capsules oblongues, jointes ensemble, dans chacune desquelles il y a un noyau oblong. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

* Celle qui est désignée dans Gasp. Bauhin sous le nom de manihot Indorum, seu yucca foliis cannabinis, dont on trouvera une description assez exacte dans ceux qui ont écrit des Antilles, comme le P. du Tertre, le P. Labat & autres, fournit plusieurs produits dont la connoissance peut piquer la curiosité. Sa racine mangée sans aucune préparation, est un poison mortel : mais on parvient à en séparer la partie nuisible, & à conserver la portion nourrissante, dont on fait un pain d’un usage commun parmi les sauvages ; & que les Européens, & même les dames les plus délicates, préferent par goût au pain de froment.

Pour faire cette séparation, on s’y prend de la maniere suivante : lorsque la racine est cueillie, on la dépouille de sa peau ; il reste une substance blanche & pleine de suc, qu’on rape : pour cet effet, on a de grosses rapes de cuivre, & non des moulinets à bras, comme le dit le P. du Tertre. On met la rapure dans des sacs faits d’écorce d’arbre ; ces sacs sont portés sous une presse d’un méchanisme fort simple : c’est une branche d’arbre attachée au tronc, qui fait la fonction de levier, en vertu d’un gros poids dont on charge son extrémité fourchue. Voyez les pl. d’hist.