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donne en Allemagne dans les deux villes de Fridberg & de Gelnhausen, aux conseillers de ville : pour être admis parmi eux, il faut faire preuve de noblesse ; les princes & les comtes en sont néanmoins exclus ; ce sont ces conseillers qui élisent le burggrave, qui releve immédiatement de l’empereur. (—)

BURGO ou BURGOW, (Géog.) petite ville d’Allemagne, dans le comté de Tirol, sur la route de Trente à Venise.

BURGOS, (Géog.) ville d’Espagne, capitale de la Castille vieille, sur une montagne. Lon. 14. 20. lat. 42. 20.

BURGSTADTEL, (Géog.) petite ville d’Allemagne, en Misnie.

BURG-UMSTADT, (Géog.) petite ville d’Allemagne, en Franconie, dans l’évêché de Bamberg.

BURIA, (Hist. nat.) c’est le nom que les habitans de la Carinthie donnent à un vent d’est très-violent, aux ravages duquel ils sont quelquefois exposés. Ce vent, lorsqu’il se leve, est capable de renverser tout ce qu’il rencontre, & de mettre en danger de la vie les voyageurs qu’il surprend, en les emportant eux & leurs montures : lorsqu’il regne, personne ne peut aller de Senoseth à Trieste. (—)

BURICK, (Géog.) petite ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, dans le duché de Cleves, appartenant au roi de Prusse. Lon. 24. 20. lat. 51. 38.

BURIN, est un instrument d’acier, dont on se sert pour graver sur les métaux ; les burins doivent être faits avec l’acier le plus pur, & le meilleur d’Allemagne ou d’Angleterre : sa bonté consiste en ce que le grain en soit fin & de couleur de cendre ; elle dépend aussi beaucoup de la trempe. Quant à la forme du burin, il est comme inutile d’en parler, chacun les prenant à sa volonté. Les uns les veulent fort losanges, les autres tout-à-fait quarrés : il y en a qui les aiguisent extrèmement déliés, & d’autres gros & courts. Pour moi, je crois qu’il est bon qu’un burin soit d’une bonne longueur, comme à peu près de cinq à six pouces ; que sa forme soit entre le losange & le quarré ; qu’il soit assez délié par le bout, mais que cela ne vienne pas de loin, afin qu’il conserve du corps pour pouvoir résister suivant les nécessités de l’ouvrage ; car s’il est trop délié & affûté de loin, il ploye, ce qui le fait casser, à moins que ce ne soit pour de très-petits ouvrages. Le Graveur doit avoir soin que le ventre de son burin soit aiguisé fort à plat, & qu’il coupe parfaitement, le faisant lever un peu vers l’extrémité de sa pointe, pour le dégager plus facilement du cuivre ; il doit être aussi averti de ne graver jamais avec un burin dont la pointe soit émoussée, s’il veut que la gravure soit vive, autrement elle ne sera qu’égratignée. On l’emmanche dans un petit morceau de bois, de buis, d’os, &c. Voyez Pl. II. de Gravure, fig. 30.

Le burin est aussi d’un grand usage parmi les Orfevres, les Horlogers, les Armuriers, les Serruriers, &c. Voyez les Planches de ces arts.

On se sert du burin en le tenant avec la main, ensorte que la partie convexe A du manche soit dans le creux de la main, & la partie applatie vers la planche, le doigt indice sur le dos, qui est l’arrête opposée à la pointe, le burin presque couché sur la planche, ainsi qu’on peut le voir dans la fig. 14. Pl. I. de Gravure, où une main paroît travailler. Le chiffre 2. marque la planche ; le chiffre 3. le coussinet (voyez Coussinet) sur lequel elle est posée.

Burin, c’est en Serrurerie, une espece de ciseau à deux biseaux, qui sert à couper le fer à froid. Il y en a en bec d’âne, en grain d’orge, à gouge, &c.

BURITACA, (Géog.) contrée de l’Amérique méridionale, au gouvernement de Sainte-Marthe.

BURLESQUE, adj. qui se prend quelquefois substantivement, (Belles-lett.) sorte de poësie triviale &

plaisante, qu’on employe pour jetter du ridicule sur

les choses & sur les personnes. Voyez Travesti

La poësie burlesque paroît être moderne, aussi bien que le nom qu’on a donné à ce genre singulier. Le P. Vavasseur, Jésuite, dans un traité qu’il a donné sur cette matiere, intitulé de ludicrâ dictione, assure que le burlesque étoit entierement inconnu aux anciens. Cependant quelques auteurs parlent d’un certain Raintovius, qui du tems de Ptolémée Lagus travestit en burlesque quelques tragédies Greques : mais ce fait, s’il est constant, prouve plûtôt l’antiquité de la farce que celle du burlesque. D’autres, qui veulent qu’on trouve dans l’antiquité des traces de tous les genres, même les moins parfaits, font remonter l’origine du burlesque jusqu’à Homere, dont la batrachomyomachie, disent-ils, n’est composée que de lambeaux de l’Iliade & de l’Odyssée travestis & tournés en ridicule, par l’application qu’on y fait de ce qu’il a dit des combats des héros à la guerre des rats & des grenouilles. Voy. Batrachomyomachie.

On regarde pourtant les Italiens comme les vrais inventeurs du burlesque. Le premier d’entr’eux qui se signala en ce genre fut Bernia, imité par Lalli Caporali, &c. D’Italie, le burlesque passa en France, où il devint tellement à la mode, qu’il parut en 1649 un livre sous le titre de la Passion de Notre-Seigneur en vers burlesques. En vain a-t-on voulu l’introduire en Angleterre ; le flegme de la nation n’a jamais pû goûter cette extravagance, & à peine compte-t-on deux auteurs qui y ayent réussi.

Boileau, dans son Art poëtique, a frondé le burlesque, dont il avoit pû voir le regne, qu’il attribue à la nouveauté. « Il semble, dit à cette occasion un auteur qui a écrit depuis peu sur la poësie, que la premiere aurore du bon goût ne dût luire qu’à travers les nuages ténébreux que le mauvais goût s’efforçoit de lui opposer. En effet, rien étoit-il plus contraire au bon sens & à la nature, qu’un style qui choquoit directement l’un & l’autre, & dont les termes bas, les expressions triviales, les imaginations ridicules, formoient les prétendues graces, sans parler du mépris que ses partisans faisoient des bienséances ? On a peine à comprendre comment une nation qui les connoît & qui les observe si exactement aujourd’hui, les négligeoit & se faisoit en quelque sorte honneur de les violer, il n’y a pas cent ans. Quoique l’Académie Françoise eût été établie par le cardinal de Richelieu, pour ramener & fixer le bon goût, quelques membres de cette compagnie, tels que Voiture, Benserade, &c. étoient encore partisans du burlesque.

» Il est cependant croyable, ajoûte-t-il, & il faut le dire pour l’honneur de notre nation, que ce genre si justement méprisé doit son origine à une erreur par laquelle ceux qui ont donné dans le burlesque, ont été entraînés insensiblement & comme par degrès, ne distinguant pas assez le naïf du plat & du boufon, comme l’insinue M. Despreaux. En conséquence on a d’abord employé le burlesque à décrire des aventures ordinaires, comme ayant plus d’aisance & plus de simplicité que le style noble affecté aux grands sujets. On l’a donc confondu avec le style naïf qui embellit les plus simples bagatelles. La facilité apparente de celui-ci a séduit ceux qui s’y sont attachés les premiers : mais elle a bientôt dégénéré en négligence ; celle-ci a entraîné la bassesse, & la bassesse a produit la licence. Cette conjecture est fondée : 1o sur ce que la plus grande partie des vers burlesques de ce tems-là consiste en récits : 2o sur ce que des auteurs contemporains, tels que Balzac, ont confondu ces deux genres, néanmoins si différens. Abusés par la facilité d’un style bas, ils se sont persuadés faus-