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pour les laisser amortir. Voyez Chaudron & Amortir.

Après avoir laissé amortir les boyaux pendant un tems raisonnable, dont la durée n’a point d’autre regle que le plus ou moins de chaleur qu’il fait, & qui dépend de la prudence de l’ouvrier, on les remet dans un autre chaudron encore pendant un certain tems ; & ensuite on les en tire pour les dégraisser un à un, sur un instrument appellé dégraissoir. Voy. Dégraissoir.

Lorsque les boyaux sont suffisamment dégraissés, & qu’on en a ôté les filandres, que l’on jette dans une tinette qui est auprès du dégraissoir, on les remet encore dans une tinette pleine d’eau ; c’est ce qu’on appelle les mettre blanchir. Voyez Filandres & Blanchir.

Les boyaux ayant suffisamment blanchi, des femmes les retirent de la tinette pour les coudre les uns au bout des autres, afin de leur donner précisément la longueur qu’on veut donner à la corde. Voyez Coudre.

Tout cela fait, les boyaux sont en état d’être filés. On file un boyau seul ou plusieurs ensemble, selon la grosseur que doit avoir la corde. Quand il n’y en a qu’un, ou fait une petite boucle à l’extrémité, & on l’attache par-là au crochet ou émerillon qui est au-haut du roüet ; s’il y en a plusieurs, on les attache ensemble par un nœud, & on les accroche à l’émerillon : pour lors un homme tourne la manivelle du roüet, tandis que l’ouvrier file en reculant à peu près de même que les cordiers. Voyez Rouet.

Quand les cordes sont filées, on les étend à l’air sur des especes de rateaux garnis de chevilles, dont le manche est enfoncé en terre ; & au bout de quelques jours ils les dégrossissent, c’est-à-dire, les rendent plus douces & plus égales : cette opération se fait avec une corde de crin, imbibée de savon noir, avec laquelle ils les frottent rudement depuis un bout jusqu’à l’autre. Voyez Dégrossir.

On donne encore une autre préparation aux cordes à boyau, avant qu’elles soient en état d’être exposées en vente : mais les ouvriers en font un mystere, & prétendent que c’est en cela que consiste tout le secret de leur art. Il y a apparence que ce prétendu secret n’est autre chose que de les frotter d’huile pour les adoucir encore plus & les rendre plus souples ; cependant ils assurent qu’ils ne se servent point d’huile.

BOYER, BOIER, & BOUIER, s. m. (Marine.) c’est une espece de bateau ou de chaloupe Flamande. Le boyer est mâté en fourche & a deux semelles, au moyen desquelles il va bien à la bouline & dérive peu.

Le boyer est un petit bâtiment de charge, qui a un beaupre & de l’acastillage à l’avant & à l’arriere : il a du rapport dans beaucoup de parties avec le semaque : il est plat de varangues, & le mât en est fort haut & porte un perroquet. Cette sorte de bâtiment n’est pas si propre à naviger sur mer, que sur les rivieres & sur les autres eaux internes. Mais pour donner une idée plus claire de cette sorte de bâtiment, il faut en voir la figure, Planche XII. figure premiere ; & pour plus d’intelligence, nous allons donner le devis d’un boyer de 86 piés de long de l’étrave à l’étambord, de 20 piés de ban de dedans en dedans, & de 9 piés un quart de creux de dessus la quille au niveau des gouttieres.

La quille a 14 pouces en quarré ; l’étrave & l’étambord ont un pié d’épaisseur ; l’étrave a 8 piés de quête, & l’étambord un pié 3 pouces. Il a 6 piés à l’avant de relevement, & 7 piés à l’arriere : le fond de cale a 15 piés de large, & s’éleve de 2 pouces vers les fleurs : les varangues ont 9 pouces d’épaisseur, & 8 pouces dans les fleurs ou aux empatures. Les ge-

noux ont un demi-pié d’épais sur le franc bord, &

les allonges autant au même endroit, & 4 pouces par le haut. La carlingue a 9 pouces d’épais sous le mât, & 6 ou 7 pouces à l’arriere. Les vaigres d’empature ont 4 pouces d’épais, & les vaigres de fond 2 pouces, & les autres aussi jusqu’aux serrebauquieres qui ont 4 pouces d’épais, & chaque ban a deux courbes de haut en-bas, & deux par la longueur du bâtiment. Les serregouttieres ont 4 pouces d’épais, & les bordages qui couvrent le pont en ont 2 pouces  : les préceintes ont un demi-pié d’épais & un pié de large, c’est-à-dire les deux plus basses ; la troisieme a 4 pouces d’épais & 10 de large.

Les couples ou fermures ont 6 pouces de large ; ceux d’entre la plus haute préceinte & le carreau, ont 10 pouces de large & 5 pouces d’épais. Le carreau a vers les bouts un grand pié de largeur, & est plus large par son milieu. La chambre de proue a 10 piés de long, à prendre à l’étrave en-dedans ; c’est-là que sont les cabanes & la cuisine, dont le tuyau de cheminée sort sur le pont proche du virevaut. Le virevaut a 20 pouces d’épais. Le mât d’artimon, qui est fort petit, est tout proche de la planche qui sert d’appui vers l’arriere. Quelquefois on fait une petite dunette vers l’arriere, pour y serrer quelque chose, ou pour coucher des gens.

La grande écoutille a 10 piés de long & 7 piés de large ; l’écoutille qui s’emboîte a 4 piés. La chambre de poupe a 14 piés de long, & est élevée au-dessus du pont ; elle est séparée de deux ou trois fronteaux, & dans l’un des retranchemens on met les voiles & les agrès : les autres servent à coucher ou sont pour d’autres usages. La chambre du capitaine a 10 piés de long, à prendre du dedans de l’étambord ; son bas plancher descend 3 piés au-dessous du pont, & baisse un peu vers l’arriere : le tillac ou plancher qui la couvre, s’éleve 3 piés au-dessus du pont, & il y a une petite échelle pour descendre sur le pont.

La hauteur du mât est assez arbitraire ; on peut le mettre plus long ou plus court ; il penche un peu vers l’arriere. Le gouvernail a six pouces d’épais par le haut, & est par le bas de la même épaisseur que l’étambord. La barre passe entre le banc & la voute de la chambre du capitaine. Le timonnier se tient devant cette chambre. Le relevement du tillac à l’avant & à l’arriere sert à faire écouler les eaux, sur-tout celles que lancent les coups de mer. Les semelles, qui sont attachées avec des chevilles un peu au-dessous du carreau, enfoncent dans l’eau deux piés plus bas que la quille ; leur largeur se prend à discrétion ; & comme elles sont destinées à empêcher que le vaisseau ne dérive, il s’ensuit qu’il faut les faire grandes, & qu’elles pourroient être encore plus grandes qu’on ne les fait, si cette grandeur ne les rendoit pas trop difficiles à manœuvrer. L’étrave & la quille sont jointes ensemble par un lien de fer de chaque côté. (Z)

* Boyez, s. m. pl. (Hist. mod.) prêtres idolatres des Sauvages de la Floride. Chaque prêtre a son idole particuliere, & le Sauvage s’adresse au prêtre de l’idole à laquelle il a dévotion. L’idole est invoquée par des chants & la fumée du tabac est son offrande ordinaire.

BOYNE, (Géog.) riviere d’Irlande, dans le comté de Leinster, qui se jette dans la mer, au-dessous de Drogheda.

BOYNES, petite ville de France dans l’Orléanois, près de Pithiviers.

BOZA, (Géog.) petite ville du royaume de Hongrie.

* Boza, (Commerce) c’est une espece de bierre ou liqueur forte en usage chez les Turcs ; elle se fait avec de l’orge & du millet qu’on cuit ensemble, & qu’on laisse ensuite fermenter : on dit que cette bois-