L’Encyclopédie/1re édition/FILANDRE

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FILANDRE, s. f. (Manége, Maréchall.) terme qui dans l’art vétérinaire, a la même signification que celui de tourbillon dans la Chirurgie. C’est ainsi que l’on nomme par conséquent la matiere purulente, blanche & filamenteuse qui résulte communement de certains abcès. La membrane adipeuse, ce tissu de plusieurs feuillets extrèmement déliés, dont les entrelacemens variés & sans ordre composent des especes de cellules irrégulieres, forme, par exemple, des brides dans les javarts abcédés. Ces cellules ne se vuident pas d’abord, les feuillets ayant subi quelque tems l’impression des matieres purulentes, se pourrissent & tombent en forme de filamens, de-là le terme de filandre que les Maréchaux employent encore, lorsque dans les plaies des tendons une douce suppuration en a fait exfolier la membrane. Voyez Plaies, Javarts, &c. (e)

Filandres, en Fauconnerie, maladie des faucons, qui consiste en des filamens ou cordons de sang coagulé & séché ; occasionnés par une violente rupture de quelque veine, par laquelle le sang venant à s’extravaser, s’épaissit sous la figure de ces filamens, & cause à l’oiseau de grandes douleurs de reins & de hanches. Ce mot est dérivé du mot fil.

Filandres sont aussi une sorte de vers petits & déliés, qui incommodent fort les faucons, soit à la gorge, autour du cœur, au foie ou aux poumons, & qui quelquefois leur font du bien en ce qu’ils se nourrissent de ce qu’il y a de superflu dans ces parties.

Il y a quatre sortes de ces filandres ou vermicules. La premiere, dans la gorge ou le gosier ; la seconde, dans le ventre ; la troisieme, dans les reins, & la quatrieme sorte qu’on appelle aiguilles, à cause de leur extrème petitesse. Cette maladie se découvre par différens symptomes : comme quand l’oiseau bâille souvent, quand il serre le poing ou la perche avec ses ongles, quand il crie pendant la nuit, quand il grate sa queue, quand il frote ses yeux, ses ailes, ses narines, &c.

Comme ces vers sont fort remuans, l’oiseau fait des efforts fréquens pour s’en débarrasser ; & on peut les appercevoir bien facilement en lui ouvrant le bec : du gosier, &c. ils montent au larynx, au cerveau, &c. & se repandent par tout le corps.

C’est la mauvaise nourriture qui est la cause ordinaire de cette maladie ; on prétend que la façon de la guérir n’est pas de faire mourir ces vers, crainte des abcès que leur corruption pourroit former ; mais qu’il faut principalement les endormir, afin qu’ils n’offensent & ne se fassent sentir que rarement.

C’est ce dont on vient à-bout en faisant avaler à l’oiseau une gousse d’ail ; ce remede empêche les filandres de se faire sentir pendant quarante jours, d’autres employent la rue, la poudre-à-ver, l’aloës, la verveine, le safran, &c. Voyez l’article Fauconnerie, où l’on trouvera ce qu’il faut penser des filandres & de leur traitement. Chambers.

Filandres, terme de Boyaudier, ce sont des especes de lanieres qui se détachent des boyaux dans le tems qu’on les dégraisse, & qu’on jette dans des tonneaux ou tinettes pour les nettoyer, d’où des femmes les tirent & s’en servent comme de fil pour coudre les boyaux les uns au bout des autres, afin de leur donner la juste longueur que doit avoir la corde de boyau.