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* Bosses, dans les Salines ; c’est ainsi qu’on appelle des tonneaux pleins de sel en grain, ou de sel trié, destiné pour satisfaire aux engagemens de la France avec les cantons Catholiques de Suisse. Les bosses doivent contenir seize fierlins, mesure de Berne, qui sont évalués sur le pié de quatre charges deux tiers, & la charge à raison de cent trente livres : cependant les seize fierlins ne pesent environ que cinq cens cinquante à soixante livres. Quoique le sel trié soit le moins humide de celui qui se tire de la poêle, sur les bords de laquelle on le laisse assez long-tems en monceaux, pour que la plus grande partie de la muire s’en écoule ; cependant une des principales conditions du traité du Roi & du fermier avec les Suisses, c’est qu’il ait été déposé pendant six semaines sur les étuailles, avant que d’être mis dans les bosses. Les ouvriers qu’on appelle poulains, & qui emplissent les bosses, entrent dedans à la quatrieme mesure, c’est-à-dire au quatrieme gruau qu’on y verse, & foulent le sel avec les piés, & ainsi de quatre en quatre mesures. Elles restent ensuite huit jours sur leurs fonds ; après quoi on bat encore le sel de dix-huit coups de pilon ou demoiselle. On ajoûte la quantité nécessaire pour qu’elles soient bien pleines ; on les ferme, & on les marque d’une lettre. Chaque lettre a cent bosses. Les bosses rendues à Grandson & à Yverdun, y doivent encore rester trois semaines en dépôt. On les mesure encore de nouveau, & l’entrepreneur des voitures, à qui le fermier passe pour déchet 9 pour 100 en-dedans, ce qui fait cent bosses pour quatre-vingt-onze, est tenu de les remplir de maniere qu’il n’en revienne pas de plaintes.

Bosses (contrôleur à l’emplissage des) ; c’est un officier gagé dans des Salines, qui veille à ce que les poulains fassent bien leur devoir, & que les bosses soient bien pleines. Voyez Poulain.

Bosse, se dit, en Vénerie, de la premiere poussée d’un cerf qui a mis bas ; ce qui commence des les mois de Mars ou d’Avril. Il se prend en même sens pour le chevreuil. C’est dans l’une & l’autre l’éminence d’où sort le mairin, la perche, ou le fût du bois. Cette éminence se nomme meule dans le premier de ces animaux, & enflûre dans le second.

* Bosse, terme de Verrerie ; c’est la forme que l’ouvrier appellé bossier, donne à la matiere vitrifiée, en l’allongeant, polissant, tournant sur le marbre, & soufflant à plusieurs reprises. La bosse a la figure d’un globe d’environ deux piés de tour : elle tient à la felle par une espece de col. C’est ce globe qui deviendra par les opérations subséquentes, un plat de verre à vitre. Voyez Verrerie a vitre.

BOSSEMAN, s. m. (Marine angl.) second contremaître ; c’est un officier marinier qui est chargé du soin des cables & des ancres, des jas & des boüées. Il doit faire griffer & fourrer les cables aux endroits nécessaires, caponner & bosser les ancres, y mettre des ornis de longueur convenable au fond des mouillages, y tenir les boüées flotantes au-dessus de l’eau, & veiller sur les cables, pour voir s’ils ne rompent point, & si l’ancre ne chasse pas.

BOSSER & DEBOSSER un cable ; c’est, en Mar. amarrer & démarrer la bosse qui saisit le cable, lorsque l’ancre est à la mer.

Bosser l’ancre, c’est aussi tirer l’ancre pour la mettre sur les bossoirs. (Z)

BOSSETTE, s. s. en terme d’Eperonnier, s’entend d’un ornement en or, en argent, en cuivre, &c. embouti, dont on couvre le fonceau d’un mors. Voyez Fonceau ; voyez Mors ; voy. D. fig. 21. Planche de l’Eperonnier.

C’est aussi une piece de cuivre qu’on met sur les yeux des mulets.

* BOSSIER, s. m. c’est dans les Verreries, le nom d’un gentilhomme occupé à former la bosse. Voyez

Bosse ; voyez Verrerie en plate.

BOSSOIRS ou BOSSEURS, s. m. pl. en Marine : ce sont deux poutres ou pieces de bois mises en saillie à l’avant du vaisseau au-dessus de l’éperon, pour soûtenir l’ancre & la tenir prête à mouiller, ou bien l’y poser quand on l’a tirée hors de l’eau. La saillie que font les bossoirs, donne lieu à l’ancre de tomber à l’eau sans risque, quand il faut mouiller, & empêche qu’elle n’offense le franc bordage ou les ceintes. Voy. Planche I. le bossoir, cotté M. voyez aussi la Planch. IV. fig. 1. n°. 173, le bossoir ; & n°. 174, le porte-bossoir. L’inspection de ces deux figures fera connoître parfaitement la forme des bossoirs, & leur position dans le vaisseau. Il y a un ou deux roüets à la tête de chaque bossoir, par le moyen desquels on tire l’ancre lorsqu’elle est venue à pic.

Le bossoir doit avoir huit pouces d’épais & dix pouces de large par le bout qui est sur le château d’avant, & huit pouces de large & quatre pouces d’épais par l’autre bout.

On fait des ornemens de sculpture à la tête du bossoir : à côté il y a une grosse crampe qui tient au bossoir, dans laquelle on met une poulie qui sert à enlever les plus grosses ancres. La corde qui est dans cette poulie, va passer dans un roüet qui est sur le château d’avant, dans un traversin qui traverse le gaillard proche du fronteau, & qui sert à amarrer diverses manœuvres. (Z)

BOSSON, (Mar.) voyez Bouge & Besson. (Z)

BOSSU, adj. pris subst. en terme de Medecine, est celui qui a les vertebres, ou le sternum d’une convexité difforme. Voyez Vertebre & Bosse.

La partie du foie d’où sort la veine-cave est aussi appellée partie gibbeuse, c’est-à-dire Bossue. Voyez Foie. (L)

Bossu, (Astronomie.) on se sert quelquefois du terme de bossu pour désigner la partie éclairée de la lune, lorsqu’elle passe du plein au premier quartier, & du dernier quartier au plein ; car pendant tout ce tems, la partie qui est dans l’obscurité est cornue, & celle qui est éclairée est elevée en bosse convexe, ou bossue. Voyez Phase & Lune. Ce mot se dit plus en Latin qu’en François : luna gibbosa. (O)

Bossu, (Monnoie.) nom que l’on donne en Touraine aux sous marqués.

BOSSUT, (Géog.) bourg & château du comté de Hainaut, entre Valenciennes & Mons.

* BOSSY, s. m. (Hist. nat. bot.) arbre qui croît au royaume de Quoja en Afrique : il a l’écorce seche & le bois gras & huileux. Ses cendres sont bonnes pour le savon ; & son fruit est une prune jaune, aigre, qui se mange.

BOSTANGIS, s. m. (Hist. mod.) classe des azamoglans ou valets du serrail, occupés aux jardins du grand-seigneur. Quelques-uns cependant sont élevés à un degré plus haut, & occupés aux messages ou commissions du sultan ; c’est pourquoi on les nomme hassakis ou chassakis, c’est-à-dire messagers du roi.

Bostangi Bachi, chef des jardiniers ou surintendant des jardins du grand-seigneur. De simple bostangi ou jardinier, il parvient à cette dignité, qui est une des premieres de la porte, & qu’il ne quitte que pour être fait pacha à trois queues. Quoiqu’il soit inspecteur né des jardins du serrail & des maisons du sultan, son autorité ne se borne pas à cette fonction ; elle s’étend depuis le fond du port Kassumpacha, Galata, Top-Hana, & le détroit de Constantinople, jusqu’à la ville de Varne sur la mer Noire. Jour & nuit il fait la ronde dans tous ces lieux avec une gondole montée de trente bostangis pour veiller au feu, surprendre les ivrognes, & les femmes de mauvaise vie, qu’il coule quelquefois à fond, quand il les rencontre avec des hommes dans des bateaux. Il est encore grand maître des eaux & forêts, & capitaine