L’Encyclopédie/1re édition/POULAIN

POULAIN, s. m. (Maréchal.) On appelle ainsi le petit d’une jument. Les poulains hennissent après leur mere & la suivent. En France, on fait travailler les poulains à trois ans, mais c’est trop-tôt. La premiere allure des petits poulains c’est l’amble. Les poulains commencent à s’échauffer après les poutines à deux ans ou deux ans & demi. Le poulain quitte ce nom vers les quatre ans, quand on commence à le monter. Il n’est pas capable d’un grand travail avant que les crocs d’enhaut lui aient percé, ce qui arrive à quatre ans ou quatre ans & demi. C’est vouloir affoiblir les reins à un poulain, que de le mettre au manége avant cinq ans, c’est alors qu’il commence à avoir de la vigueur & de la mémoire.

Poulain, (Charpent.) On nomme poulain deux pieces de bois assemblées par des traversiers, qui font une espece de traîneau sans roues, sur lequel on voiture de gros fardeaux. Ce nom se donne encore à un pareil assemblage de bois, qui sert à descendre le vin dans les caves. (D. J.)

Poulains, étances, (Marine.) Les poulains tiennent l’étrave du vaisseau dans le tems qu’il est sur le chantier. On ôte ces poulains ou ces étances les dernieres, quand on veut le mettre à l’eau. On dit aussi poulains à l’égard de l’étambord. Étances & accores sont plus usitées. Les sous-barbes sont les étances du bas qui soutiennent l’étrave & tout l’avant vers le rinjot.

Poulain, instrument dont les Tonneliers se servent pour descendre les pieces de vin dans les caves, ou pour les en retirer. Il y en a de deux sortes, savoir le grand & le petit poulain.

Le grand poulain est composé de deux pieces de bois longues & grosses & rondes, qui sont jointes ensemble par quatre traverses de bois, deux en-haut & deux en-bas. Il a au-moins dix piés de long.

Le petit poulain est composé des mêmes pieces que le grand ; mais il n’a que quatre piés de longueur. C’est une espece de traîneau fait de bois quarré & un peu relevé par les bouts, afin qu’il puisse glisser aisément sur les marches des caves.

Poulain, (Hist. mod.) épithete grossiere qu’on donna vers le milieu du treizieme siecle aux chrétiens métifs, qui s’étoient cantonnés sur les côtes de Syrie, & qui n’étoient plus la race de ces premiers francs établis dans Antioche & dans Tyr. C’étoit une génération mêlée de syriens, d’arméniens & d’européens, soumis pour la plûpart au soudan d’Egypte. Ceux qui se retirerent à Ptolémais sur la fin du même siecle, furent exterminés ou réduits en esclavage. (D. J.)

Poulain, tumeur qui arrive aux aînes par une cause vénérienne. Voyez Bubon.