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Après avoir considéré le bon dans les êtres naturels, il est naturel de l’examiner dans ceux qu’on appelle artificiels : ils ont été inventés sur le modele de la nature ; d’où je conclus que leur perfection dépend plus ou moins de leur imitation de la nature. Mais de même que dans les ouvrages de la nature il y a un bon & un beau, qui ne dépendent ni du hasard ni du caprice, ainsi dans les productions des arts il y a des lois immuables qui nous guident dans nos connoissances & dans nos goûts ; & on ne peut en aucune façon violer ces lois tracées avec tant d’éclat dans les ouvrages de la nature, que l’esprit & le goût n’en soient révoltés.

Il se trouve, avons-nous dit, dans les ouvrages de la nature deux sortes de bontés, l’une, qui rentre dans la même signification que la beauté, & qui pour cette raison ne flatte que l’esprit ; & l’autre, qui retient le nom de bonté, & qui intéresse notre cœur. Quand un objet réunit en soi ces deux genres de bonté, c’est-à-dire qu’il étend & perfectionne nos idées d’une part, & que de l’autre il nous présente des intérêts qui nous sont chers, qui tiennent à la conservation ou à la perfection de notre être, qui nous font sentir agréablement notre propre existence, nous prononçons que cet objet est bon ; & il l’est d’autant plus, qu’il possede ces avantages dans un plus haut degré. Pareillement une production de l’art, où le bon se réunissant avec le beau, renfermera toutes les qualités dont elle a besoin pour exercer & perfectionner à la fois notre esprit & notre cœur, sera d’autant plus parfaite, qu’elle attachera plus agréablement notre esprit, & qu’elle intéressera plus vivement notre cœur.

Parmi les ouvrages de la nature, il y en a qui ne sont que beaux, & qui ne plaisent qu’à l’esprit. La même chose se trouve dans les productions des arts : ainsi un théoreme de Géométrie, difficile, mais sans usage, n’est qu’un beau théoreme. Voyez Beau. Mais de même qu’il y a des ouvrages de la nature qui sont bons & beaux en même tems, parce qu’ils contiennent en soi de quoi réveiller des idées qui nous attachent & nous intéressent, il y en a aussi parmi les productions des arts qui produisent en nous le même effet, mais toûjours d’une maniere subordonnée à la nature, parce que la nature en tout surpasse l’art : in omni re procul dubio vincit imitationem veritas. Le cœur n’est touché des objets que selon le rapport qu’ils ont avec son avantage propre ; c’est ce qui regle son amour ou sa haine : or le cœur a plus d’avantage à attendre des objets naturels que des objets artificiels. Ce que l’art présente au cœur n’est qu’un phantôme, qu’une apparence ; & ainsi il ne peut lui apporter rien de réel. Ce qu’il y a de plus touchant pour nous, c’est l’image des passions & des actions des hommes, parce qu’elles sont comme des miroirs où nous voyons les autres, avec des rapports de différence ou de conformité. Il y auroit ici un beau problème à résoudre, savoir qui de Corneille ou de Racine a mieux peint les passions ; le premier, en nous élevant au-dessus de l’homme ; le second, en nous rendant à nos foiblesses naturelles. Voyez Tragédie. (X)

Bon, (en terme de Pratique.) est un terme par lequel on ratifie une promesse, une cellule ; faire bon, c’est promettre de payer pour soi ou pour autrui. (H)

* Bon, (Hist. mod.) c’est le nom d’une fête que les Japonois célebrent tous les ans en l’honneur des morts ; on allume ce jour-là à chaque porte grand nombre de lumieres, & chacun s’empresse de courir aux tombeaux de ceux qui leur ont autrefois appartenu, avec des mets bien choisis qui sont destinés à la nourriture des morts.

Bon, terme d’honneur dont on se sert dans le commerce pour désigner un marchand riche & solvable.

Vous pouvez confier votre marchandise à M. N. je vous garantis qu’il est bon.

Bon d’aunage. Voyez Aunage, & Bénéfice d’aunage.

BONS, adj. (Hist. anc.) nom que les anciens Romains donnoient à plusieurs de leurs dieux, pour signifier des divinités favorables : ainsi ils disoient bona dea, bona fortuna, bona spes, bono genio, boni sati.

BONA, (Géog.) ville maritime d’Afrique, dans le royaume d’Alger, & peu loin de la frontiere de Tunis. Les vestiges de l’ancien Hyppo-regius en sont peu éloignés. Lat. 37 degrés, long. 27 & demi.

BONACE, s. f. (Marine) calme dans lequel le vent cesse, & les houles ou les lames de la mer s’applanissent. Quelquefois la bonace précede les plus grands orages, & les pilotes s’en méfient. V. Calme. (Z)

BONAIRE, (Géog. mod.) île vis-à vis du continent de l’Amérique méridionale, & de la province de Caracai, au levant de l’île de Curaçao, & occupée par les Hollandois. Lat. 12. long. 309.

BONAROTE, s. f. (Hist. nat. bot.) en Latin Bonarota, genre de plante à fleur monopétale irréguliere, faite en masque & tubulée ; elle est divisée en deux levres, dont la supérieure est entiere, ou un peu échancrée, & l’inférieure fendue en trois ou en quatre parties. Il s’éleve du fond du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit oblong, fourchu, un peu applati, composé de deux loges formées par une cloison qui s’étend depuis le fond jusqu’au milieu. Ce fruit s’ouvre jusqu’au centre en quatre parties torses ; il est rempli de semences qui ressemblent à des grains de froment, & qui sont attachées à un placenta. Voyez Micheli, Nova plantarum genera. Voyez Plante. (I)

BONASIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui parurent dans le iv. siecle, & qui soûtenoient que Jesus-Christ n’étoit fils de Dieu que par adoption. Baronius. Voyez Adoptiens. (G)

* BONASUS, (Hist. nat. Zoolog.) animal de la figure d’un bœuf, dont il ne differe que parce qu’il est plus grand & plus fort ; d’ailleurs il a des crins pendans au cou comme le cheval, & d’autres qui lui tombent du sommet de la tête jusque sur les yeux : ses cornes vont en se recourbant, & renferment ses oreilles dans un arc à peu près circulaire. La convolution de ses cornes les lui rend inutiles pour le combat. On dit que sa chair est douce, & bonne à manger. Il semble différent de ce qu’on appelle la vache des Indes. Bonasus n’est pas le seul nom qu’il ait dans les auteurs ; Aristote l’appelle monapos ; Ælien, monopse ; & les Grecs, tantôt bolinthos, tantôt bonasos ou bonassos. On trouve la raison qui le faisoit appeller bolinthos, dans ce que les anciens Naturalistes rapportent de la maniere dont cet animal se défend quand il est chassé : ne pouvant écarter les chiens avec ses cornes recourbées, qui ne les blesseroient point, il lâche contr’eux ses excrémens, & les en couvre à la distance de quatre orgyes ou vingt-quatre piés. Ces excrémens sont une espece de caustique, assez corrosif pour enlever tout d’un coup le poil de l’endroit où ils tombent sur le corps des chiens. Le bonasus habitoit autrefois une montagne qui couvroit la Pæonie, & qui la séparoit d’un pays voisin appellé Mœdica, qui Pœoniam mœdicamque regionem terminat.

* BONAVOGLIO, (Hist. mod.) on désigne par ce nom en Italie, ceux qui pour de l’argent & à certaines conditions s’engagent à servir sur les galeres, & qu’il faut distinguer des esclaves & des forçats qui sont condamnés à ramer.

* BONBANC, s. m. (Architecture.) c’est une espece de pierre fort blanche qui se tire des carrieres qui sont aux environs de la ville de Paris. Le bonbanc