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confluent du Nere & du Tibre, près du lac que les anciens appelloient lacus Vadimonii.

BASSAREUS, adj. pris subst. (Myth.) surnom donné à Bacchus ; soit du Grec βαύζειν, crier, parce que dans ses mysteres les Bacchantes jettoient de grands cris ; soit d’une sorte de chaussure Lydienne nommée bassareum. On donnoit aussi aux prêtresses de ce Dieu le titre de bassarides, que l’ancien scholiaste tire d’une robe ou vêtement qui alloit jusqu’aux talons, & que les Africains & les Thraces appelloient bassyris & bassara. Mais Bochart dans son Chanaana, liv. I. c. 18. dit que ce mot vient de l’Hébreu bassar, qui signifie la même chose que le τρυγᾶν des Grecs, qui veut dire vendanger ; étymologie qui vaut bien les deux précédentes. (G)

BASSE, ou BATURE, s. f. c’est (en Marine) un fond mêlé de sable de roche ou de cailloux, qui paroît à la surface de l’eau : quand on voit la mer briser dessus, alors on nomme cet endroit bature ou brisant. (Z)

Basse, adj. fém. Voyez Bas.

Basse, adj. pris subst. est celle des parties de la Musique qui est au-dessous des autres ; la plus basse de toutes, d’où vient son nom de basse. Voyez Partition.

La basse est la plus importante des parties ; parce que c’est sur elle que s’établit le corps de l’harmonie : aussi est-ce une espece d’axiome parmi les Musiciens, que quand la basse est bonne, rarement l’harmonie est mauvaise.

Il y a plusieurs especes de basses ; basse fondamentale, dont nous ferons un article particulier.

Basse continue, ainsi appellée parce qu’elle dure pendant toute la piece : son principal usage, outre celui de régler l’harmonie, est de soûtenir les voix, & de conserver le ton. On prétend que c’est un Ludovico-Viana, dont nous en avons un traité, qui au commencement du dernier siecle la mit le premier en usage.

Basse figurée, qui au lieu de s’arrêter sur une seule note, en partage la valeur en plusieurs autres notes sous un même accord. Voyez Harmonie figurée.

Basse contrainte, dont le sujet ou le chant, borné à un petit nombre de mesures, recommence sans cesse, tandis que les parties supérieures poursuivent leur chant & leur harmonie, & les varient de différentes manieres. Cette basse appartient originairement aux couplets de la chaconne : mais on ne s’y asservit plus aujourd’hui. La basse contrainte descendant diatoniquement ou chromatiquement, & avec lenteur, de la tonique à la dominante dans les tons mineurs, est admirable pour les morceaux pathétiques : ces retours périodiques affectent insensiblement l’ame, & la disposent à la tristesse & à la langueur. On en voit de fort beaux exemples dans plusieurs scenes des opera François.

Basse chantante, est l’espece de voix qui chante la partie de la basse. Il y a des basses récitantes & des basses de chœur ; des concordans ou basses-tailles, qui tiennent le milieu entre la taille & la basse ; des basses proprement dites que l’usage fait encore appeller aujourd’hui basse-tailles ; & enfin des basse-contres, les plus graves de toutes les voix, qui chantent la basse sous la basse même, & qu’il ne faut pas confondre avec les contre-basses qui sont des instrumens. Voyez Contre-basse.

Basse fondamentale, est celle qui n’est formée que des sons fondamentaux de l’harmonie ; desorte qu’au-dessous de chaque accord, elle fait entendre le vrai son fondamental de cet accord ; par où l’on voit qu’elle ne peut avoir d’autre contexture que celle de la succession fondamentale de l’harmonie.

Pour bien entendre ceci, il faut savoir que tout

accord, quoique composé de plusieurs sons, n’en a

qu’un qui soit fondamental : savoir celui qui a produit cet accord, & qui lui sert de base. Or la basse qui regne au-dessous de toutes les autres parties, n’exprime pas toûjours les sons fondamentaux des accords : car entre tous les sons d’un accord, on est maître de porter à la basse celui qu’on croit préférable, eu égard à la marche de cette basse, au beau chant, ou à l’expression. Alors le vrai son fondamental, au lieu d’être à sa place naturelle, qui est la basse, se transporte dans les autres parties, ou même ne s’exprime point du tout ; & un tel accord s’appelle accord renversé. Dans le fond, un accord renversé ne differe point de l’accord direct qui l’a produit ; car ce sont toûjours les mêmes sons : mais ces sons formant des combinaisons différentes, on a long-tems pris ces combinaisons pour autant d’accords fondamentaux, & on leur a donné différens noms, qu’on peut voir au mot accord, & qui ont achevé de les distinguer ; comme si la différence des noms en produisoit réellement dans les choses. M. Rameau a fait voir dans son traité de l’Harmonie, que plusieurs de ces prétendus accords n’étoient que des renversemens d’un seul. Ainsi l’accord de sixte n’est que l’accord parfait dont la tierce est transportée à la basse : en y portant la quinte, on aura l’accord de sixte quarte. Voilà donc trois combinaisons d’un accord qui n’a que trois sons ; ceux qui en ont quatre, sont susceptibles de quatre combinaisons ; car chacun des sons peut être porté à la basse : mais en portant au-dessous de celle-ci une autre basse, qui sous toutes les combinaisons d’un même accord, présente toûjours le son fondamental, il est évident qu’on réduit au tiers le nombre des accords consonans, & au quart le nombre des dissonans. Ajoûtez à cela tous les accords par supposition, qui se réduisent encore aux mêmes fondamentaux ; vous trouverez l’harmonie simplifiée à un point qu’on n’eût jamais espéré de l’état de confusion où étoient ses regles jusqu’au tems de M. Rameau. C’est certainement, comme l’observe cet auteur, une chose très-étonnante qu’on ait pû pousser la pratique de cet Art jusqu’au point où elle est parvenue, sans en connoître le fondement, & qu’on ait trouvé exactement toutes les regles, avant que de trouver le principe qui les produit.

La marche ou le mouvement de la basse fondamentale se regle sur les lois de la succession harmonique ; de sorte que si cette basse s’écarte de l’ordre prescrit, il y a faute dans l’harmonie.

Bien moduler & observer la liaison, sont les deux plus importantes regles de la basse fondamentale. Voyez Harmonie & Modulation. Et la principale regle méchanique qui en découle, est de ne faire marcher la basse fondamentale que par intervalles consonans, si ce n’est seulement dans un acte de cadence rompue, ou après un accord de septieme diminuée, qu’elle monte diatoniquement. Quant à la descente diatonique, c’est une marche interdite à la basse fondamentale, ou tout au plus tolérée dans le cas de deux accords parfaits séparés par un repos, exprimé ou sous-entendu ; cette regle n’a point d’autre exception. Il est vrai que M. Rameau a fait descendre diatoniquement la basse fondamentale sous des accords de septieme, mais nous en dirons la raison aux mots Cadence & Dissonance.

Qu’on retourne comme on voudra une basse fondamentale ; si elle est bien faite on n’y trouvera jamais que ces deux choses : ou des accords parfaits sur les mouvemens consonans, sans lesquels ces accords n’auroient point de liaison ; ou des accords dissonans dans des actes de cadence ; en tout autre cas, la dissonance ne sauroit être ni bien placée ni bien sauvée.

Il s’ensuit de-là que la basse fondamentale ne peut jamais marcher que d’une de ces trois manieres :