ce portrait tout semblable aux extravagances des bacchantes. Femina pellibus accinctæ assultabant, ut sacrificantes vel insanientes bacchæ. Ipsa crine fluxo, thyrsum quatiens, juxtaque Silius hedera cinctus, gerere cothurnos, jacere caput, strepente circum procaci choro. « Les femmes de Messaline revêtues de peaux bondissoient & folâtroient comme les bacchantes dans leurs sacrifices ; elle-même les cheveux épars agitoit un thyrse ; Silius (son amant) étoit à ses côtés, couronné de lierre, chaussé d’un cothurne, jettant la tête deçà & delà, tandis que cette troupe lascive dansoit autour de lui. » (G)
BACCHE, s. m. dans la Poësie Greque & Latine, espece de pié composé de trois syllabes ; la premiere breve, & les deux autres longues, comme dans ces mots, ĕgēstās, ăvārī.
Le bacche a pris son nom de ce qu’il entroit souvent dans les hymnes composées à l’honneur de Bacchus. Les Romains le nommoient encore œnotrius, tripodius, saltans, & les Grecs παρίαμϐος. Diom. III. pag. 475. Le bacche peut terminer un vers hexametre. Voyez Pié, &c. (G)
* BACCHIONITES, s. m. pl. (Hist. anc.) c’étoient, à ce qu’on dit, des philosophes qui avoient un mépris si universel pour les choses de ce bas monde, qu’ils ne se reservoient qu’un vaisseau pour boire ; encore ajoûte-t-on qu’un d’entre eux ayant apperçu dans les champs un berger qui puisoit dans un ruisseau de l’eau avec le creux de sa main, il jetta loin de lui sa tasse, comme un meuble incommode & superflu. C’est ce qu’on raconte aussi de Diogene. S’il y a jamais eu des hommes aussi desintéressés, il faut avoüer que leur métaphysique & leur morale mériteroient bien d’être un peu plus connues. Après avoir banni d’entre eux les distinctions funestes du tien & du mien, il leur restoit peu de chose à faire pour n’avoir plus aucun sujet de querelles, & se rendre aussi heureux qu’il est permis à l’homme de l’être.
* BACCHUS, (Myth.) dieu du Paganisme. On distingue particulierement deux Bacchus : celui d’Egypte, fils d’Ammon, & le même qu’Osiris ; celui de Thebes, fils de Jupiter & de Semelé, auquel on a fait honneur de toutes les actions des autres. L’Egyptien fut nourri à Nisa, ville de l’Arabie heureuse, & ce fut lui qui fit la conquête des Indes. Orphée apporta son culte dans la Grece, & attribua par adulation les merveilles qu’il en racontoit à un Prince de la famille de Cadmus. Voyez Osiris.
Le Thébain acheva dans la cuisse de son pere le reste du tems de la grossesse de sa mere, qui mourut sur son septieme mois. Euripide dans ses Bacchantes, dit que Jupiter déposa cet enfant dans un nuage pour le dérober à la jalousie de sa femme ; & Eustathe, qu’il fut nourri sur le mont Meros, qui signifie cuisse, equivoque qui aura vraissemblablement donné lieu à la premiere fable. Bacchus alla à la conquête des Indes à la tête d’une troupe de femmes & d’hommes armés de thyrses & de tambours. Les peuples effrayés de la multitude & du bruit, le reçûrent comme un dieu ; & pourquoi se seroient-ils défendus contre lui ? il n’alloit point les charger de chaînes, mais leur apprendre la culture de la vigne. On dit qu’il fit des prodiges dans l’affaire des Géans. On le représente sous la figure d’un jeune homme, sans barbe, joufflu, couronné de lierre ou de pampre, le thyrse dans une main, & des grappes de raisin ou une coupe dans l’autre. On lui immoloit le bouc & la pie ; le bouc qui mange les bourgeons, la pie que le vin fait parler. La panthere lui étoit consacrée, parce qu’il se couvroit de sa peau. Voyez Semelé, Bimater, Dionysius, Liber, Bromius, &c.
BACHA, PASCHA, ou PACHA, subst. m. (Hist. mod.) officier en Turquie. C’est le gouverneur d’une province, d’une ville, ou d’un autre département ;
nous disons le bacha de Babylone, le bacha de Natolie, le bacha de Bender, &c.
Dans les bachas sont compris les beglerbegs, & quelquefois les sangiacbegs, quoiqu’ils en soient quelquefois distingués, & que le nom de bacha se donne proprement à ceux du second ordre, c’est-à-dire à ceux devant qui l’on porte deux ou trois queues de cheval, qui sont les enseignes des Turcs ; d’où vient le titre de bacha à trois queues. Ceux-ci sont appellés beglerbegs, & les sangiacbegs ne font porter devant eux qu’une queue de cheval attachée au bout d’une lance. Voyez Beglerbeg & Sangiac.
Le titre de bacha se donne aussi par politesse aux courtisans qui environnent le grand-seigneur à Constantinople, aux officiers qui servent à l’armée, & pour ainsi dire, à tous ceux qui font quelque figure à la cour ou dans l’état.
Le grand-seigneur confie aux bachas la conduite des armées ; & pour lors on leur donne quelquefois le titre de seraskier ou de back-bog, c’est-à-dire général, parce qu’ils ont sous leurs ordres d’autres bachas. Comme on ne parvient communément au titre de bacha que par des intrigues, par la faveur du grand-visir ou des sultanes, qu’on achette par des présens considérables, il n’est point d’exactions que ces officiers ne commettent dans leurs gouvernemens, soit pour rembourser aux Juifs les sommes qu’ils en ont empruntées, soit pour amasser des trésors dont souvent ils ne joüissent pas long-tems, & qu’ils ne transmettent point à leur famille. Sur un léger mécontentement, un soupçon, ou pour s’approprier leurs biens, le grand-seigneur leur envoye demander leur tête, & leur unique réponse est d’accepter la mort. Leur titre n’étant pas plus héréditaire que leurs richesses, les enfans d’un bacha traînent quelquefois leur vie dans l’indigence & dans l’obscurité. On croit que ce nom de pascha vient du Persan pait schats, qui signifie pié de roi, comme pour marquer que le grand-seigneur a le pié dans les provinces où ses bachas le représentent. Cependant ce titre n’est en usage qu’en Turquie ; car en Perse on nommé émirs ou kams les grands seigneurs & les gouverneurs de province. (G)
* BACHARA, (Géog.) ville de la grande Tartarie en Asie, dans l’Usbech, sur une riviere qui va se jetter dans la mer Caspienne.
BACHE ou BACHOT, s. m. ce sont de petits bateaux dont on se sert sur les rivieres ; on nomme ainsi ceux dont on se sert à Lyon pour passer la Saone. (Z)
Bache, (Jardin. & Hydraul.) c’est un coffre ou une cuvette de bois qui reçoit l’eau d’une pompe aspirante à une certaine hauteur, où elle est reprise par d’autres corps de pompe foulante qui l’élevent davantage. (K)
* Bache, s. f. (Comm. & Roul.) grande couverture de grosse toile que les rouliers & voituriers étendent sur leurs voitures, pour garantir de la pluie & des autres intempéries de l’air les marchandises dont elles sont chargées. Cette couverture est bandée par des cordes qui partent de son milieu & de ses angles, & qui se rendent à différentes parties latérales de la voiture. Il y a entr’elle & les marchandises un lit de paille fort épais.
BACHELIER, s. m. (Hist. mod.) dans les écrivains du moyen âge, étoit un titre qui se donnoit, ou à ceux d’entre les chevaliers qui n’avoient pas assez de bien ou assez de vassaux pour faire porter devant eux leurs bannieres à une bataille, ou à ceux même de l’ordre des Bannerets, qui, n’ayant pas encore l’âge qu’il falloit pour déployer leur propre banniere, étoient obligés de marcher à la guerre sous la banniere d’un autre ; voyez Banneret. Camden & d’autres définissent le bachelier, une personne d’un rang moyen entre un chevalier & un écuyer, moins âgé & plus récent que celui-là, mais supérieur à ce-