L’Encyclopédie/1re édition/BANNERETS ou CHEVALIERS BANNERETS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 60).
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BANNERETS ou CHEVALIERS BANNERETS, s. m. pl. (Hist. mod. & Art. mil.) étoient autrefois des gentilshommes puissans en terre & en vassaux, avec lesquels ils formoient des especes de compagnies à la guerre. On les appelloit bannerets, parce qu’ils avoient le droit de porter banniere.

Il falloit pour avoir cette prérogative, être non-seulement gentilhomme de nom & d’armes, mais avoir pour vassaux des gentilshommes qui suivissent la banniere à l’armée sous le commandement du banneret. Ducange cite un ancien cérémonial manuscrit, qui marque la maniere dont se faisoit le chevalier banneret, & le nombre d’hommes qu’il devoit avoir à sa suite.

« Quand un bachelier, dit ce cérémonial, a grandement servi & suivi la guerre, & que il a terre assez, & qu’il puisse avoir gentilshommes ses hommes & pour accompagner sa banniere, il peut licitement lever banniere, & non autrement ; car nul homme ne doit lever banniere en bataille, s’il n’a du moins cinquante hommes d’armes, tous ses hommes & les archiers, & les arbelestriers qui y appartiennent ; & s’il les a, il doit à la premiere bataille où il se trouvera, apporter un pennon de ses armes, & doit venir au connétable ou aux maréchaux, ou à celui qui sera lieutenant de l’ost, pour le prince requérir qu’il porte banniere ; & s’ils lui octroyent, doit sommer les hérauts pour témoignage, & doivent couper la queue du pennon, &c. » Voyez Pennon. Lors des chevaliers bannerets, le nombre de la cavalerie dans les armées s’exprimoit par celui des bannieres, comme il s’exprime aujourd’hui par celui des escadrons.

Les chevaliers bannerets, suivant le P. Daniel, ne paroissent dans notre histoire que sous Philippe-Auguste. Ils subsisterent jusqu’à la création des compagnies d’ordonnance par Charles VII. alors il n’y eut plus de bannieres, ni de chevaliers bannerets : toute la gendarmerie fut mise en compagnies reglées. Voy. Compagnies d’ordonnance & Hommes d’armes ; voyez aussi Noblesse. (Q)