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aussitôt qu’on vient à l’air, elles commencent à enfler, & à fournir un peu de matiere dans les pustules.

Ces eaux n’ont pas en tout tems la même force, soit à brûler les levres, soit pour changer le fer ; moins les sources sont abondantes, plus elles sont fortes. Les cavernes où l’on a mis des bassins pour recevoir cette eau, n’ont point d’odeur offensive, & ce qui paroit un peu singulier, on n’y trouve point de vitriol, au-lieu qu’il abonde dans tous les autres endroits de la mine ; les pierres mêmes sont blanches dans les cavernes, & ont partout ailleurs un œil bleuâtre, qui ne vient que des particules de cuivre qui s’y sont attachées ; peut-être que l’humidité de l’air de ces endroits emporte avec elle les particules de ce sel dans les endroits où elles peuvent aisément se fixer.

Ceux qui travaillent aux mines, prennent de ces eaux pour se purger quand ils sont malades, & elles produisent cet effet très-promptement par haut & par bas. Ils s’en servent aussi pour les maux des yeux, en quoi elles sont quelquefois fort utiles, mais le plus souvent nuisibles.

Le cuivre qu’on tire de ces eaux est plus estimé par les gens du lieu qu’aucun autre, parce qu’ils prétendent qu’il est plus ductile & plus facile à fondre.

Une livre de cette eau la plus forte, étant évaporée sur un feu doux, devient d’abord trouble, & dépose ensuite un sédiment jaunâtre ; quand on la fait évaporer jusqu’à siccité, ce sédiment pese deux scrupules & demi ; si l’on verse dessus de l’eau chaude, & qu’on la filtre, elle laisse dans le filtre plus de six grains d’une terre jaunâtre ; la solution verdâtre étant de nouveau évaporée, & la même opération répétée plusieurs fois, il s’en sépare un peu plus de deux scrupules de vitriol, d’un verd bleuâtre, & en petits crystaux.

Présentement, si l’on ajoute un peu d’huile de tartre à une livre de cette eau vitriolique, le tout devient trouble, & laisse beaucoup de résidu dans le filtre ; ce résidu étant sec pese environ deux scrupules & demi, & se trouve être un vrai vitriol cuivreux avec un leger mélange de sel neutre. Si finalement, on met une pinte de cette eau dans une bouteille, & qu’on y jette un petit morceau de fer, on verra quelques bulles s’attacher immédiatement à ce morceau de fer, ensorte que par degrés il prend la couleur du cuivre ; le second jour l’eau est extrémement trouble ; elle s’éclaircit ensuite, & des fils blancs se ramassent au fond, aux côtés du verre, & du morceau de fer, qui pour lors se trouve avoir partout une couleur cuivreuse.

Toutes ces expériences justifient que cette eau contient une très-grande quantité de vitriol de cuivre, dont elle a fait la solution par le secours de l’acide ordinaire. Ce fait étant connu, on conçoit bien qu’il ne se fait point de changement réel de métal dans un autre, mais que les particules d’un métal ont pris leur place. Cette eau ainsi imprégnée, est un menstrue capable de dissoudre le fer, & s’affoiblit assez dans la solution de ce métal, pour laisser détacher en petites particules le cuivre qu’elle contenoit auparavant. Cela semble être ainsi en examinant le métal changé ; car tant qu’il reste dans l’eau, le cuivre ne paroît pas une masse douce & malléable, mais un assemblage de petits grains serrés les uns contre les autres, & pour lors le métal paroît friable & cassant.

La dissolution d’un métal, & la déposition des particules d’un autre à sa place, est une chose commune en chimie, mais elle ne donne guere le phénomene dont nous parlons, j’entends la dissolution du fer & du cuivre dans le même menstrue ; l’eau dont il s’agit ici ne peut jamais déposer qu’autant de cuivre qu’elle en contenoit, & il paroit par les expé-

riences, que cette quantité est peu considérable,

puisqu’elle ne monte qu’à deux scrupules de vitriol dans une livre d’eau ; c’est donc à tort que les habitans du lieu s’imaginent que si l’on mettoit une plus grande quantité de fer dans l’eau, il y auroit une plus grande quantité de cuivre qui se précipiteroit à sa place ; il est pourtant vrai qu’on en retire annuellement assez de cuivre, parce que les eaux qui le fournissent sont fort abondantes. Philos. transact. n°. 479. p. 355. 359. Voyez Cementatoire, eau. (Le chevalier de Jaucourt.)

ZIMIRI, (Géog. anc.) contrée sablonneuse de l’Ethiopie, selon Pline, l. XXXVI. c. xvj. il dit qu’on y trouve la pierre hæmatites. (D. J.)

ZIMMER, s. m. (Fourrure.) terme de commerce de fourrure, dont on se sert en quelques endroits de Moscovie, particulierement dans les parties les plus septentrionales ; un zimmer fait dix paires de peaux : ainsi un zimmer de marte est composé de vingt peaux de ces animaux. Savary.

ZINARA, ZINIRA ou ZENARA, (Géog. mod.) île de l’Archipel, peu éloignée de celle de Léro, à 6 lieues de celle d’Amorgos. Elle étoit autrefois très peuplée, mais elle est à présent deserte. (D. J.)

ZINC, s. m. (Hist. nat. Minéralog. Chimie & Metallurgie.) en latin zincum, speauter, marcasita aurea, spelter, cadmia metallica, &c.

C’est un demi-métal qui, à l’extérieur, est un peu plus blanc que le plomb, quand ce métal a été quelque tems exposé à l’air ; mais à l’intérieur il est rempli de facettes bleuâtres. Il a de la tenacité & souffre les coups de marteau jusqu’à un certain point, ce qui fait qu’on ne peut point le pulvériser. Il entre promptement en fusion & avant que de rougir, après quoi il s’allume, & fait une flamme d’un beau verd clair, ce qui prouve qu’il est très-chargé de parties inflammables ; par la déflagration il se réduit en une substance légere & volatile, que l’on nomme fleurs de zinc. Mais le caractere qui le distingue, c’est sur-tout la propriété qu’il a de jaunir le cuivre.

Ce n’est que depuis peu d’années que l’on connoît la nature du zinc ; rien de plus inexact que ce que les anciens auteurs en ont écrit. Le célebre Henckel a lui-même méconnu cette substance, il l’a regardée comme un avorton minéral. D’autres ont regardé le zinc comme une composition, & ont été jusqu’à donner des procédés pour le faire, Becher dit que c’est une substance minérale, qui tient le milieu entre l’antimoine, la marcassite & la cadmie. M. Lemery confond le zinc avec le bismuth ; d’autres ont dit que c’étoit une espece d’étain. Actuellement on est convaincu que le zinc est un demi-métal, qui a des propriétés qui lui sont particulieres, qui a des mines qui lui sont propres.

Il n’existe point dans la nature de zinc natif, c’est-à-dire, tout pur, & sous la forme métallique qui lui est propre ; c’est toujours par l’art qu’on le tire des mines qui le contiennent, & alors même ce n’est point par la fusion, c’est par la sublimation qu’on l’en retire.

La principale mine du zinc, & qui contient plus abondamment ce demi-métal, est la calamine ; c’est au zinc qu’elle renferme qu’est dûe la propriété de jaunir le cuivre, & de faire ce qu’on appelle le laiton, ou le cuivre jaune. Voyez Calamite & Laiton.

La calamine varie pour la couleur, il y en a de blanche, de jaune & de rougeâtre ou brune, suivant qu’elle est plus ou moins mêlée de parties ferrugineuses ou d’ochre.

La blende est aussi une vraie mine de zinc, que l’on peut en tirer par la sublimation, & qui peut être employée à faire du cuivre jaune. Le zinc n’est point seul dans la blende, il s’y trouve aussi des parties ferrugineuses, des parties sulfureuses & arsenicales, &