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pape Clément VIII. en fit une autre édition en 1592, qui a toujours été considérée depuis comme le modele de toutes celles qu’on a imprimées. C’est cette édition que l’église latine tient pour autentique, suivant la déclaration du concile de Trente, & selon la bulle de Clément VIII. Il ne faut pas toutefois s’imaginer que cette édition soit entierement exemte des plus légers défauts. Le cardinal Bellarmin, qui avoit travaillé avec d’autres théologiens à la corriger, reconnoît dans sa lettre à Luc de Bruges qu’il y a encore plusieurs fautes que les correcteurs n’ont pas jugé à-propos d’en ôter, pour de justes causes.

La vulgate du nouveau Testament est celle que S. Jérôme fit sur le grec, & que le concile de Trente a aussi déclaré autentique, sans cependant défendre d’avoir recours aux originaux ; car plusieurs auteurs catholiques, & en particulier le pere Bouhours, qui a employé les dernieres années de sa vie à nous donner une traduction françoise du nouveau Testament, conformément à la vulgate, conviennent que dans le nombre des différences qui se trouvent entre le texte grec & la vulgate, il y en a où les expressions greques paroissent plus claires & plus naturelles que les expressions latines, de sorte que l’on pourroit corriger la vulgate sur le texte grec, au cas que le saint siége l’approuvât. Cependant ces différences ne consistent en général que dans un petit nombre de mots & de syllabes, qui n’influent que rarement sur le sens, outre que dans quelques-unes de ces différences la vulgate est autorisée par un grand nombre d’anciens manuscrits. Ainsi quelque déchaînement que les Protestans aient d’abord marqué contre la vulgate, on peut dire que les plus modérés & quelques-uns des plus habiles d’entre eux, tels que Grotius, Louis de Dieu, Fagius, &c. ont reconnu qu’elle étoit préférable aux autres éditions latines.

En 1675, l’université d’Oxford publia une nouvelle édition du nouveau Testament grec, & elle prit un soin particulier de comparer le texte grec commun avec tous les manuscrits les plus anciens qui se trouvent en France, en Angleterre, en Espagne & en Italie, & de marquer toutes les différences des uns aux autres.

Dans la préface de cet ouvrage, les éditeurs, en parlant des diverses traductions de la bible en langues vulgaires, observent qu’il n’y en a point qui puisse entrer en comparaison avec la vulgate ; ce qu’ils justifient en comparant les passages des manuscrits grecs les plus célebres avec les mêmes passages de la vulgate où il se trouve quelque différence entre elle & la commune copie greque imprimée. En effet, il est probable que dans le tems que S. Jérôme traduisit le nouveau Testament, il avoit des copies greques plus exactes & mieux conservées que toutes celles dont on s’est servi depuis l’établissement des imprimeries, c’est-à-dire depuis deux siecles. D’où il s’ensuit que cette vulgate est infiniment préférable à toutes les autres versions latines, & à juste titre déclarée autentique.

M. Simon appelle ancienne vulgate greque la version des septante, avant qu’elle eût été revue & réformée par Origene. La révision d’Origene l’emporta sur cette ancienne version des septante dont on cessa de faire usage ; de sorte qu’à-présent à peine en reste-t-il quelques copies. Voyez Septante.

VULGIENTES, (Géog. anc.) peuples de la Gaule narbonnoise : Pline, l. III. c. iv. leur donne pour ville Apta Julia, qui est aujourd’hui la ville d’Apt. Les Vulgientes faisoient partie des Tricorii. (D. J.)

VULNERABLE, adj. (Gramm.) qui peut être blessé. Les poëtes ont dit qu’Achille n’étoit vulnérable qu’au talon. Achille est ici le symbole de tous les hommes extraordinaires. Quelque parfaits qu’ils aient été, quelque effort qu’ils aient fait pour s’élever au-

dessus de la condition humaine, il leur est toujours

resté un endroit vulnérable & mortel ; & c’est toujours un Pâris, quelque ame vile, basse & lâche qui le découvre.

VULNÉRAIRE, s. f. (Hist. nai. Bot.) vulneraria, genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice qui a la forme d’un tuyau renflé ; il devient dans la suite une silique courte qui contient une semence arrondie. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que la silique est renfermée dans une vessie membraneuse qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

La vulnéraire sauvage, vulneraria rustica, I. R. H. 391. est des quatre especes de Tournefort la seule qu’on doit ici décrire.

Sa racine est simple, longue, droite, noirâtre, & d’un goût légumineux ; elle pousse des tiges à la hauteur d’environ un pié, grêles, rondes, un peu rougeâtres & couchées par terre ; ses feuilles sont rangées par paires sur une côte, terminée par une seule feuille ; elles sont semblables à celles du galenga, mais un peu plus moëlleuses, velues en-dessous & tirant sur le blanc, d’un verd jaunâtre en-dessus, d’un goût douçâtre accompagné de quelque âcreté ; celles qui soutiennent les fleurs aux sommités des rameaux sont oblongues & plus larges que les autres.

Les fleurs naissent aux sommets des branches disposées en bouquets, légumineuses, jaunes, soutenues chacune par un calice fait en tuyau renflé, lanugineux, argentin & sans odeur ; lorsque la fleur est passée, ce calice s’enfle davantage, & devient une vessie qui renferme une capsule membraneuse remplie pour l’ordinaire d’une ou de deux petites semences jaunâtres.

Cette plante croît aux lieux montagneux, secs, sablonneux, sur des coteaux exposés au soleil, en terrein maigre, & sur les bords des champs. On la cultive quelquefois dans les jardins, à cause de sa fleur qui donne des variétés & qui paroît en Juin. Sa graine mûrit au mois d’Août. (D. J.)

Vulnéraire plante, (Médec.) les Médecins appellent plantes vulnéraires celles qui guérissent les plaies & les ulceres tant internes qu’externes. Or les plaies sont quelquefois accompagnées d’hémorrhagies, ou bien elles dégénerent en ulceres lorsqu’elles sont vieilles ; ou même il survient des inflammations autour des plaies ; enfin il se fait encore un amas d’humeurs qui venant à s’épaissir dans les vaisseaux forment des obstructions. Toutes ces circonstances sont fort contraires à la guérison des plaies. C’est pourquoi selon que ces plantes peuvent remédier à ces différens obstacles, on les divise en plusieurs classes, & sur-tout en trois principales.

La premiere classe contient les plantes vulnéraires astringentes, lesquelles en fronçant l’extrémité des vaisseaux ou épaississant le sang, arrêtent les hémorrhagies, & procurent une prompte réunion des parties. La seconde classe contient les plantes vulnéraires détersives qui dissolvent la mucosité âcre attachée aux bords des plaies ; & la troisieme classe renferme les plantes vulnéraires résolutives, qui calment l’inflammation des plaies & résolvent les tumeurs en adoucissant l’acrimonie des humeurs, & en relâchant les fibres qui sont en crispation. (D. J.)

Vulnéraires de Suisse, (Mat. médic.) Voyez Faltranck.

VULPINALES, s. f. pl. (Antiq. rom.) les vulpinales étoient chez les Romains une fête publique où l’on brûloit des renards ; cette fête se célebroit le 19 Avril. On a imprimé dans les Mémoires de littérature & d’histoire, sur cette fête une dissertation que l’on peut consulter. (D. J.)

VULSI, (Géog. mod.) petite ville de la Turquie européenne dans la Morée, vers le nord de la Tsa-