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par une voix articulée qui émanoit du propitiatoire, lequel étoit en-dedans au-delà du voile. Nous voyons que dans presque tous les endroits de l’Ecriture où Dieu se trouve consulté, la réponse porte, l’Eternel dit : lorsque les Israélites firent la paix avec les Gabaonites, ils furent blâmés de n’avoir point consulté la bouche de l’Eternel (Josué, ix. 4.) ces expressions l’Eternel dit & la bouche de l’Eternel, semblent marquer une réponse vocale. C’est aussi pour cette raison que le saint des saints où étoit placé l’arche & le propitiatoire d’où les réponses sortoient, est si souvent appellé l’oracle, Ps. xxxviij. 2. 1. Rois, ch. vj. v. 5. 16. 19. 20. 23. 31. ch. vij. 49. ch. viij. v. 6. 8. 2. Chron. chap. iij. 16. ch. iv. 20. ch. v. vers. 7. 9.

Une autre question, car on ne cesse d’en faire, c’est sur la maniere dont on consultoit Dieu dans le camp. En effet, il paroît par l’Ecriture, que le souverain sacrificateur, ou quelque autre en sa place, accompagnoit toujours les armées d’Israël dans leurs guerres, & portoit avec eux l’éphod & le pectoral, pour consulter Dieu par urim & thummim, sur tous les cas difficiles qui pouvoient arriver. On mettoit l’éphod & le pectoral dans l’arche ou le coffre que le sacrificateur qui étoit envoyé à la guerre, portoit toujours avec lui.

Ce sacrificateur, pour être autorisé à agir en la place du souverain pontife, lorsque l’occasion de consulter Dieu par urim & thummim se présentoit, étoit consacré à cet office par l’onction de l’huile sainte, de la même maniere que le grand-prêtre l’étoit ; c’est pour cela qu’il s’appelloit l’oint pour la guerre ; mais la difficulté est de savoir comment il recevoit la réponse. Car dans le camp il n’y avoit point de propitiatoire devant lequel il pût se présenter, & d’où il pût recevoir la réponse comme dans le tabernacle : cependant il paroît, par plusieurs exemples rapportés dans l’Ecriture, que des oracles de cette espece étoient rendus dans le camp. David seul consulta Dieu par l’éphod & le pectoral jusqu’à trois fois, dans le cas de Kehila, I. Sam. xxiij. & deux fois à Ziglad, I. Sam. xxx. 8. & II. Sam. ij. 1. Et dans chacune de ces occasions, il reçut réponse, quoiqu’il soit certain qu’il n’avoit point avec lui l’arche de l’alliance. Je trouve donc fort apparent que puisque Dieu permettoit qu’on le consultât dans le camp sans l’arche, aussi-bien que dans le tabernacle où l’arche étoit, la réponse parvenoit de la même maniere par une voix articulée.

Au reste l’usage de consulter Dieu par urim & thummim fut souvent pratiqué, tant que le tabernacle subsista, & selon les apparences il continua dans la suite jusqu’à la destruction du temple par les Chaldéens. Nous n’en avons cependant aucun exemple dans l’Ecriture, pendant toute la durée du premier temple ; & il est très-certain que cet usage cessa dans le second. Esdras, ij. 63. & Néhémie, vij. 65. l’insinuent assez clairement. Delà vient cette maxime des Juifs : « que le S. Esprit a parlé aux enfans d’Israël sous le tabernacle, par urim & thummim, sous le premier temple par les prophetes, & sous le second par bath-kol ». Les Juits entendent par bat-kol une voix qui sortoit d’une nuée, voix semblable à celle qui partit d’une nuée au sujet de Jésus-Christ. Matt. ch. iij. 7. chap. xvij. v. II. Pierre, j. 17. (D. J.)

URINAIRE, conduit urinaire, (Anatom.) est la même chose que l’uretre, & il est ainsi nommé parce qu’il sert à conduire l’urine. Voy. Uretre.

Meat urinaire, Voyez Meat.

Vessie urinaire, Voyez Vessie.

URINAL, s. m. (Gram.) vaisseau d’étain, ou de porcelaine, ou de fayance, ou de verre, dont le manche est un canal ouvert, par lequel les urines descendent dans sa capacité. Il est à l’usage des malades.

URINAUX, (Chimie.) vaisseaux distillatoires, employés par les chimistes pour distiller les mixtes, dont les parties étant aisées à mettre en mouvement par leur volatilité, ont besoin d’être retenues aux parois & au fond du vaisseau, pour ne pas s’échapper. Les anciens alchimistes, comme Raimond Lulle, ont nommé ces sortes de vaisseaux urinaux ; les Allemands & les Hollandois les ont appellés kolven, & les François cucurbites à long col. On donne à ces vaisseaux une figure conique, ou bien une figure sphérique, diminuant insensiblement de grosseur, & se terminant par un long tube.

On conçoit facilement que les parties élevées par l’action du feu, heurtent contre les parois inclinées de ces vaisseaux, en sont arrêtées & repoussées, & retombent vers le fond : ainsi celles qui se meuvent avec le plus de difficulté, montent rarement tout-à-fait au haut, & par conséquent ne s’échappent pas avec les autres. A l’égard de ces vaisseaux, il faut encore observer que plus leur fond est large, & l’ouverture supérieure par où les parties sont arrêtées & repoussées, & plus la séparation des parties les plus volatiles d’avec celles qui le sont moins, s’operera facilement. En troisieme lieu, il faut aussi faire attention à la hauteur de ces vaisseaux, plus ils seront hauts, plus les parties les moins volatiles auront de peine à se sublimer. (D. J.)

URINE, urina, est un excrément liquide, qui est séparé du sang dans les reins, & qui étant porté delà dans la vessie, est évacué par l’uretre. Voyez Excrément. Ce mot est formé du grec οὖρον, qui signifie la même chose.

Les organes du corps animal destinés à la secrétion des liqueurs, sont ceux dont il est plus difficile de découvrir la structure & le jeu ; ce sont aussi ceux dont les anciens anatomistes nous ont donné des descriptions les plus imparfaites ; selon eux, la veine émulgente ayant apporté le sang dans le rein, s’abouchoit avec l’uretere, & le résidu de ce sang qui ne servoit point à la secretion de l’urine, formoit la substance propre du rein, qu’ils nommoient en conséquence parenchyme ou suc épaissi : ce qui ne donnoit qu’une idée très-fausse de la structure admirable de cette partie.

Des travaux plus suivis ont conduit les anatomistes modernes à des notions plus claires. Carpi observa le premier que l’eau injectée par la veine émulgente, sortoit par une incision peu profonde, faite à la convexité d’un rein, & par la cavité du bassinet ; il en conclut avec raison, qu’il y avoit une communication établie entre la veine émulgente & toutes les parties du rein, & que par conséquent il s’en falloit beaucoup que la substance de cette partie fût un parenchime, comme on l’avoit pensé jusque là.

Cette découverte l’anima à la recherche de la structure du rein ; il découvrit que les vaisseaux du rein se distribuoient par des ramifications presque infinies, dans toute la substance de ce viscere, & que de plusieurs de ces ramifications, partoient des tuyaux urinaires qui alloient porter l’urine dans le bassin.

On croiroit peut-être qu’une découverte aussi intéressante auroit été-adoptée de tous les anatomistes, cependant un petit nombre furent pendant un tems considérable, les seuls dépositaires de la découverte de Carpi, pendant que tous les autres s’occupoient des idées de cribles & de réseaux, qu’ils supposoient placés dans la substance du rein.

Pour entendre plus facilement ce que les anatomistes ont dit de cet organe, voyez son article particulier au mot Rein.

Ruisch & Vieussens ont cru pouvoir conclure de cette structure, que tout le rein étoit vasculeux, en prenant cette expression dans le sens le plus étroit ;